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 Sujet du message : Du Vedisme a l'hindouisme
Message Publié : 07 Août 2006 7:44 
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Hérodote
Hérodote
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Inscription : 05 Août 2006 11:13
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Bonjour.
Pourait-on m'expliquer les differences entre le vedisme et l'hindouisme ?
:?: :?:


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Message Publié : 08 Août 2006 23:04 
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Plutarque
Plutarque

Inscription : 28 Juil 2006 18:07
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Le terme hindouisme, d'origine arabe, n'est réellement utilisé en Occident qu'à la fin du 18° siècle. Il regroupe aujourd'hui un ensemble complexe de courants spiritualistes que l'on définit comme "tout ce qui n'est pas musulman, jaïniste, bouddhiste, sikh et chrétien", c'est-à-dire tout le reste. C'est dire la difficulté d'y trouver une unité structurale et institutionnelle.

1- Le védisme est la religion des rishis, les sages anciens, qui ont transcrit et reçu le "veda", mot qui signifie "le savoir" ou encore "la doctrine sacrée". Ces Véda remonteraient selon la tradition, à une période antérieure aux envahisseurs aryens et contiennent quatre ensembles :
* Le Rigveda ou savoir des vers;
* le Sâmaveda ou savoir des chants;
* le yajurveda ou savoir des formules sacrificielles;
* l'Atharvaveda ou veda d'Atharvan, du nom d'un légendaire prêtre du feu.
Ces textes sont eux-mêmes subdivisés en deux parties, le karmakânda (enseignement des actions) et le jnânakânda (enseignement de la théorie ou connaissance). Enfin, chaque veda contient des sous-ensembles physiques : samhita (recueils), brahmâna (explication des rites), sûtra (fils conducteurs), les upanishads (récits poétiques), parmi les mieux connus. Mais chacun de ces véda est desservi par une catégorie de prêtre : le Hotar (récitant - rig veda), l'Udgâtar (le chanteur - Sâmaveda), l'Adhvaryu (qui exécutait les formules (yaju) et enfin un grand-prêtre mythique, non humain, qui surveillait l'intégralité des cérémonies et qui est Atharvan proprement dit.

Le védisme se traduit par un nombre important d'écoles (plus de 100), chacune se spécialisant dans une des subdivisions nombreuses des védas. Ce n'est que dans le courant du 3° millénaire avant JC, que l'atharvan fut remplacé progressivement par le brahmane, un grand-prêtre humain. Ces brahmanes disposent de textes constituant la Smriti, à laquelle appartiennent les Puranas, aujourd'hui intégrés au veda. Ils ont également en propre les védânga, non rattachées aux véda, divisés en 6 groupes de connaissance rituelle, sur la pratique religieuse, la prononciation, la métrique et la poêtique, les étymologies, les grammaires, l'astronomie.

Bien que ces textes soient datés du 8° siècle avant JC, ils sont vus comme bien plus anciens, transmis par la voie orale au sein des écoles. Le védisme apparaît comme essentiellement religieux, sans que les brahmanes aient un rôle de caste prépondérante. Chacun participe de l'ordre cosmique qui est un reflet de l'ordre divin. C'est pourquoi, la société védique est difficile à connaître, car ses traditions ne nous sont connues que par des textes qui n'ont été écrits que sous la période brahmanique.

2- Le brahmanisme. La mise de la tradition sous forme écrite témoigne d'un état progressif de désagrégation du système ancien. On écrit pour protéger une connaissance menacée de disparition ou de modification. Il semble que le brahmanisme soit lié à une évolution vers un système institutionnel de quatre castes majeures, avec comme caste prépondérante les brahmanes, mais eux-mêmes se divisant progressivement selon les différentes écoles. Certaines des nombreuses divinités védiques vont acquérir une valeur dépendante des écoles. Viendront s'y ajouter des divinités provenant des peuples autochtones, comme Shiva, qui n'est pas d'origine védique. De même, le védisme, bien que polythéiste, constituait un enseignement global. Avec le brahmanisme, on assiste à l'émergence de cultes populaires et de tendances dissociantes, à caractère monothéiste ou philosophique, faisant apparaître des divinités personnelles, des cultes d'images, la notion de "don de soi" (bakhti), et surtout des spéculations nouvelles sur la relation entre l'homme et la divinité, séparant les deux, là où le védisme les liait inexorablement.

Le brahmanisme apparaît comme le développement progressif d'une religion à caractère sentimental et émotionnel, multiforme, alors que les anciens n'y voyaient que l'intelligence appliquée de l'esprit et la conformité à l'ordre divin. Cette individualisation progressive du comportement religieux, s'accompagne de querelles entre brahmanes, mais également entre castes, et notamment entre brahmanes et kshatriyas (princes et guerriers). L'une des premières querelles entre brahmanes a entraîné l'exil vers l'ouest d'un courant monothéiste hors de l'Inde, vraisemblablement vers le 18° siècle avant JC. De même, le courant spéculatif fait naître de nouvelles doctrines dont celle de Jîna au 8° siècle av JC, qui donnera naissance au Jaïnisme, culte centré sur l'homme et qui influencera considérablement le bouddhisme en matière d'ascétisme.

L'influence grandissante des brahmanes et de leur pouvoir, que je situe du début du 2° millénaire avant JC jusqu'au 1° siècle de notre ère, se traduit au niveau populaire par une réaction progressive, la nécessité de disposer d'incarnations du divin, et la doctrine des avatarâs prend forme peu à peu. Vers le 7° siècle av JC, Patanjali réforme les yogas, qui avaient déjà fait l'objet d'une adaptation avant le second millénaire. C'est également à cette époque qu'émerge le bouddhisme, combattant le rôle des autorités tant temporelles que spirituelles. La transition de la période brahmanique vers l'hindouisme n'est pas franchement marquée, mais on reconnaît qu'elle débute vers le 7° siècle av JC.

3- L'hindouisme n'est que le résultat de la multiplicité croissante de ces courants religieux. Aujourd'hui, l'Inde recense plus de 85000 castes qui s'organisent autour du sanatanadharma, "la loi éternelle", qui qualifie ce que l'on appelle en occident l'hindouisme. On voit apparaître deux grandes épopées dès le 2° siècle, le Râmâyana et le Mahâbhârata qui sont les textes propres aux avataras et que l'on classe dans la Shruti. Mais la réalité est bien plus complexe. Plusieurs textes tentent de défendre certains courants de pensée au détriment des autres, et ce, jusqu'au 20° siècle. Que l'on regarde tous les textes qui ont fixé les querelles propres au christianisme et l'on comprendra la situation laissée par le brahmanisme. On trouve même des textes qui subordonnent Brahmâ à Shiva et qui sont très hétérodoxes par rapport au védisme, qui voit Brahmâ comme le dieu concepteur de l'existence et Agni comme l'esprit ou l'agent de feu de Brahmâ.

Face à cette situation, se dégage dès le 6° siècle avant JC, la notion de Vedanta, la "fin du Veda" ou "le but du Veda", et qui constitue l'un des 6 darshanas ou "points de vue logiques" qui se sont constitués pour mettre de l'ordre à cette situation confuse. Le védanta est proprement la non-dualité et correspond à la doctrine de base de l'hindouisme moderne. Il articule autour la notion d'un Brahmâ unique, un certain nombre de divinités secondaires, qui sont impliquées dans les diverses pratiques quotidiennes et périodiques. Les cinq autres darshanas ne sont que des compléments d'études et de pratiques. A partir de ce fonds doctrinal, existent aujourd'hui de nouveaux courants, certains marquant l'influence du soufisme dès le 12° siècle. Mais dès le début de notre ère, on note l'existence bien affirmée du shaktisme, dévotion à Khrisna, avatara de Vishnu, qui se serait incarné au 6° siècle avant JC, et dont les modalités ont influencé le christianisme. Le Shivaïsme va aussi émerger au début du 1° millénaire de notre ère, comme une résurgence du monothéisme. Les Châlukya vouent leur culte à Vishnu (5° siècle), le tantrisme apparaît à l'ouest (avant le 6° siècle). C'est au 8° siècle que des courants propres à chaque darshana vont se constituer de façon autonome sans pour autant détrôner le Vedanta de son rôle prépondérant. Au 19° et 20° siècle, certains maîtres, formés en Occident, vont réactualiser certains courants de pensée, par un retour aux textes védiques, à travers les traductions (essentiellement en anglais) des ces écrits et l'engouement de l'Occident vers l'Inde, mère des spiritualités.

Pour conclure cette brève esquisse, trois périodes se succèdent, l'une védique assez mythique, la seconde brahmanique qui correspond à l'institution des castes et du rôle des brahmanes, en opposition aux autres castes et qui aboutit à une grande confusion. La troisième qui correspond à l'émergence des pouvoirs temporels, et qui tente d'absorber la diversité à travers un fonds commun, maintenant une sorte de cohésion relative, qui a permis à l'Inde d'accueillir d'autres religions, comme l'Islam, sans trop de heurts.


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