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 Sujet du message : L'invasion mongole au Vietnam
Message Publié : 30 Août 2006 20:00 
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Plutarque
Plutarque

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Localisation : Chaville
La guerre du Vetnam...avant les Americains et les Francais d autres ont dérouillé, la campagne mongole a été le ciment de la nation vietnamienne:

Sous le règne du Grand Khan Monka, la dynastie des Yuan envoie une délégation extraordinaire pour exhorter le Vietnam à la soumission. L’empereur Trin Thai Tôn rejette l’ultimatum mongol et capture les trois envoyés de Qoubilai. En 1257, les Mongols lancent leur première invasion mongole au Vietnam.

"Bientôt les Mongols, accablés par le climat, montrent des signes de lassitude. Thai tông prend l’offensive et les bat à Dông Bô Dâu. Ils refluent vers le Yunnan après une attaque des montagnards".

Ce succès ne procure qu’un répit. Vingt-cinq ans après commence la deuxième invasion mongole.

"A l’automne de 1282, Sogètu avait mis sur pied un important corps expéditionnaire destiné à établir au Champa le siège d’un grand gouvernement pour les pays d’outre-mer. Il demanda le passage en territoire vietnamien pour aller combattre le Champa. Nhân Tông réunit sa cour et adopta l’avis des généraux Quôc Tuân et Khanh Du de défendre à tout prix la frontière. Le souverain se rendait compte en effet que du jour où les Mongols auraient occupé le Champa, le Dai Viêt, pris entre les deux tranches de leur étau, ne tarderait pas à subir le sort de son voisin".

"Sogètü embarqua donc ses troupes à Canton. Il se rendit maître de Vijaya et des principales citadelles du Champa (1283).

"En 1284 Qoubilaï décida de confier à son fils Toghan une puissante armée capable de réduire définitivement le Champa et au besoin le Dai Viêt. (...)

"Dès le quatrième mois, la situation se retourna. Les fièvres d’un été torride et les combats incessants affaiblissaient le camp mongol. Nhân Tông dit à sa cour : "L’ennemi mène la guerre loin de son sol depuis longtemps, sa force est sur la pente du déclin. Il nous faut maintenant combattre sa fatigue avec notre temporisation. Son premier élan arrêté, il sera ensuite plus facile à détruire".

Hung Dao lance la foudroyante contre-offensive qu’il préparait. Deux victoires navales, à Hàm tu et Chuong duon, couvrent la route de Thang long, que Toghan doit abandonner pour passer sur la rive nord du fleuve. Les troupes vietnamiennes l’y poursuivent. A Van kiêp, le massacre de l’ennemi est tel que le sông Thuong charrie pendant des jours des flots de sang. Le prince mongol lui-même ne doit son salut qu’à la fuite. Un autre corps mongol s’enfuit vers le Yunnan, harcelé par les montagnards.

Ignorant la défaite de Toghan, Sögètü remonte le fleuve Rouge pour le rejoindre. A Tây kêt, il se fait battre et tuer. Lorsqu’on vient lui offrir la tête du général, Nhân tông, ému par sa bravoure, soupire : "C’est ainsi que doit se conduire tout sujet loyal !" Il revêt le corps de sa propre tunique de brocart et le fait ensevelir avec tous les honneurs".

Comme dit le proverbe vietnamien : Qùa tam ba bân (Et de trois !). Après les deux défaites de 1282 et de 1283, la dynastie des Yuan lance une troisième invasion au Vietnam.

La menace d’invasion crée l’unité nationale. L’empereur Trân Nhân tôn convoque, pour la première fois dans l’histoire du Vietnam, une sorte de parlement : la "chambre haute", comprenant tous les nobles, se déroula à Binh Than et "la chambre basse" réunit à Diên hông tous les doyens de villages du pays. En répondant à la question posée par l’empereur : "Hoà (paix) ou chiên (guerre), l’unanimité dans ces deux assemblées dit "oui" à la guerre.

Ce conflit entre la Chine et le Vietnam était surtout un combat d’esprit entre l’empereur Koubilaï et son fils Toghan, commandant en chef de l’expédition chinoise et l’empereur Trân Nhân tôn et son lieutenant Trân Hung Dao du côté vietnamien.

Pour assurer la victoire du fort sur le faible, les Mongols pratiquent la tactique des "vagues d’hommes". Un document intitulé "Nos traditions militaires" explique la raison de cette tactique ainsi que la répartition des troupes chinoises.

"Battu à deux reprises, Khoubilaï, furieux, abandonna son projet d’invasion du Japon pour concentrer ses troupes en vue d’une troisième invasion du Vietnam.

"Cette fois, les Yuan, outre l’infanterie et la cavalerie, mirent sur pied une flotte assez puissante et une intendance très fournie. Un demi-million d’hommes étaient répartis en trois groupes :

" - le gros de l’armée d’invasion commandé par Thoat Hoan suivait la route de Lang son ;

" - un autre groupe commandé par Ai lo partant du Yunnan longeait le cours du fleuve Rouge ;

" - la flotte sous les ordres de O Ma Nhi (Omar) Phan Tiep avec plus de 600 jonques de combat, partant de Canton, devait remonter le fleuve dang pour se regrouper à Van Kiêp (Chi linh, Hai Hung).

" - en plus, un convoi des jonques commandé par Truong van Hô transportait 700 000 quintaux de vivres".

trois des quatre avances mongoles étaient faites par la voie maritime ou fluviale. Autrement dit, la marine jouait un rôle déterminant dans cette guerre. Or, les Yuan avaient hérité de la marine des Song. L’époque des Song est considérée comme l’âge d’or de la technique et de la marine chinoises. Non seulement les techniques maritimes, mais aussi ceux de la fabrication des armes à feu ont marqué cette époque :"Sous les Song et les Mongols la Chine est la première puissance mondiale dans le domaine des armes à feu". Le rapport des forces favorise carrément les Mongols.

C’est dans ces conditions défavorables que le Vietnam entre dans la guerre. Il va appliquer l’adage "Khoe dùng suc, yêu dùng muu" (on fait force si on a des muscles. Sinon on utilise des stratagèmes). les envahisseurs mongols gagnent peut-être sur la carte, mais perdent "en détail sur les coteaux" comme a écrit Valéry.

Trân Hung Dao met en pratique le principe : "Co thuc moi vuc duoc dao" (Il faut être calé pour bien supporter sa responsabilité). Dans le même sens, il fait détruire toutes les réserves alimentaires ennemies pour que l’armée occupante s’épuise à combattre.

"Dans cette guerre, la région côtière du nord-est par où passaient la flotte et les jonques de vivres ennemies, jouait un rôle important. Le général Trân Khanh Du recevait la mission d’intercepter et d’anéantir les convois de ravitaillement pour faire échec au plan d’approvisionnement de l’ennemi".


Parallèlement à ces actions militaires, toute la population rurale laisse les terres en friche, selon la plan impérial "Thanh da", et s’engage directement ou indirectement dans l’armée. "Des habitants du village de Tràng kênh se faisaient agents de liaison pour les troupes. Parmi eux se distinguaient les époux Lui, ainsi baptisés car c’étaient d’excellents agents de liaison et de renseignement (Lui = se faufiler habilement à travers les obstacles"). La mobilisation des ressources humaines est un principe de l’art militaire vietnamien : Toàn dân là linh (Le pays tout entier doit conjuguer ses forces). Il faut affaiblir le fort, pour équilibrer la balance des forces entre les deux.

Dans la conception vietnamienne, un combat sur l’eau doit répondre au "trinôme" de la victoire : thiên thoi + dia loi + nhân hoà (le temps favorable + le terrain favorable + les gens en harmonie).

Après avoir anéanti les jonques de ravitaillement ennemies et fait échouer la stratégie chinoise de guerre-éclair, la flotte vietnamienne lance la bataille décisive à Bach dang. "le combat fluvial restait le mode de combat préféré des Vietnamiens et aussi le point faible des troupes Yuan" . La flotte de Trân Hung Dao utilisait des jonques de combat, légères, maniables, très mobiles. Un ambassadeur Yuan l’avait décrit en ces termes : "Des jonques légères, longues, aux flancs minces, la poupe effilée en aile de canard marin, aux bords rehaussés, manœuvrées chacune par une trentaine ou parfois par une centaine de rameurs et filant rapidement comme si elles volaient".

"A l’aube du 9 avril 1288, la flotte de 0 Ma Nhi descendit le Da Bac pour pénétrer dans le Bach dang, l’avant-garde de reconnaissance commandée par le général Phan Tiep lui-même. C’était la marée haute, avec un maximum de 3,20 mètres à minuit, au lendemain à midi, le niveau n’était plus qu’à 0,90 mètre. Le retrait des eaux s’effectuait vers midi, le niveau baissant de 0,30 mètre par heure.

"Sur les chaînes des alentours, sur les bras des fleuves, nos combattants se tenaient prêts à l’affrontement.

"La marée descendit en vitesse, le combat commença. Une petite escadre alla provoquer l’ennemi, puis feignit de battre en retraite (Annales du Dai viêt).

"L’ennemi se lança à sa poursuite, l’unité d’avant-garde de Phan Tiêp en tête.

"La marée descendait de plus en plus. Des bras du fleuve, nos légères jonques de combat s’élancèrent pour attaquer de flanc les formations adversaires qui, prises au dépourvu, ne purent plus progresser (..) L’ennemi entra dans le champ d’embuscade. Au son des tambours, fanions claquant au vent, nos troupes embusquées à Tràng Kênh surgirent de leurs cachettes et foncèrent sur les envahisseurs qui tentèrent en vain d’occuper les cîmes. Du haut des sommets, elles les bousculèrent, vague après vague, et les rejetèrent dans les flots.

"A ce moment, la grande armée fluviale commandée par O Ma Nhi pénétra dans le Bach dang. Ces grandes jonques cantonnaises, faites de bon bois et lourdement chargées, se dirigèrent lentement en direction de Gênh Côc. Celles d’en tête essayèrent d’éviter les récifs pour passer dans des passes plus profondes (...)

"Attaquées de toute part et assaillies par des rafales de flèches, les jonques de O Ma Nhi, acculées vers la rive gauche, s’enfuirent vers les embouchures des fleuves Chanh, Kênh et Rut.

"C’était presque midi, la marée descendait très vite, atteignait le niveau le plus bas. Les pieux émergèrent brusquement. Entraînées par la marée, attaquées par derrière, les jonques mongoles vinrent se briser sur les pieux. Nombre d’elles sombrèrent, furent éventrées ou échouèrent sans pouvoir s’avancer".

Les flèches empoisonnées pleuvaient sur les Chinois, tandis que les navires vietnamiens passaient à l’abordage.

"Juste à ce moment, des radeaux et des barques chargés de bûches en feu, largués par les forces populaires et entraînés par le courant, se précipitèrent vers les jonques ennemies, immobilisées devant les rangées de pieux. Plusieurs jonques prirent feu, brûlant leurs occupants, puis disparurent dans les flots.

"Du côté du mont Tràng Kênh, nos hommes usèrent d’abord des flèches, puis des combats rapprochés, pour jeter les soldats de Phan Tiêp dans l’eau, faisant de nombreux morts et blessés. Phan Tiêp lui-même, touché par une flèche, sauta dans l’eau mais un de nos harpons l’attrapa vivant.

"Pendant que la bataille faisait rage, l’armée royale, comme prévu, arriva à temps pour attaquer l’arrière-garde ennemie. Cette attaque de revers causa de lourdes pertes à la flotte d’O Ma Nhi.

"L’ennemi était attaqué sur ses flancs, de front et de revers, sur une grande étendue. On estime que les 600 jonques mongoles en action, rangées en ligne de 5 à 6 unités, chaque ligne distante l’une de l’autre de 30 mètres, devaient s’étirer sur 5 kilomètres au moins (...).
"Outre les deux généraux O Ma Nhi et Phan Tiêp, le prince mongol Tich Co et sa suite furent faits prisonniers, 400 jonques détruites, les troupes qui se repliaient par la voie fluviale complètement anéanties. (...)

"La victoire vietnamienne sauva aussi le Japon et d’autres Etats de l’Asie du Sud-est de l’invasion mongole".

Après cette victoire, Hô Quy Ly devient lieutenant de l’empereur, avec le titre de Nhâp nôi phu chinh thai su binh chunq quân guôc trong su, i.e. l’homme fort de l’Etat. Avant d’assumer cette fonction, il avait été commandant en chef des forces navales, puis de l’armée (Dô Thông chê dao hai tây) en 1380. En 1400, il réforme la marine, en modernisant la technique de construction des navires de guerre et, en même temps, renforce les système de pieux pointus dans le lit de l’embouchure des rivières. Il fait construire des navires "cô lâu", à coque en fer et a deux ponts : pont principal et pont inférieur réservé aux rameurs. Hô Quy Ly fonde quatre arsenaux pour construire des navires de guerre.

_________________
L'ennemi est bête, il croit que c'est nous l'ennemi, alors que c'est lui...


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Message Publié : 30 Août 2006 21:48 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
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Inscription : 23 Mars 2005 10:34
Message(s) : 2297
Localisation : Nanterre
Bonjour,

Le sujet a été (brièvement) abordé ici.
.
Cette histoire est très détaillée et intéressante. Pourriez-vous en citer la source ?

_________________
Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
George Orwell


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Message Publié : 31 Août 2006 8:12 
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Plutarque
Plutarque

Inscription : 22 Fév 2006 12:01
Message(s) : 149
Localisation : Chaville
l auteur est "LÉ DINH THONG".
sur cette page:
http://www.stratisc.org/pub_mo3_LEDINHTHON.html
de ce site:
http://www.stratisc.org/index.html

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