Citer :
C'est aussi pour cela que ce sont Maréchal et Rosenthal qui réussissent leur évasion : c'est l'avenir du pays, par rapport à une noblesse péréclitante.
Oui, en effet, et bien sûr je ne fais pas mienne l'interprétation prévychiste, qui est un anachronisme. Ledit critique voyait aussi de la collaboration dans la relation entre Maréchal et la femme allemande...
Point intéressant, il y a un personnage juif, toujours joué par Dalio, dans les deux films de Renoir cités.
L'assimilation des Juifs et leur place dans la société française était quelque chose qui préoccupait beaucoup l'opinion publique de l'entre deux-guerres, on le voit en consultant la presse de l'époque, et Renoir reflète cette prèoccupation.
Et, bien que théoriquement de gauche,il n'évite pas les clichés sur ce point--certains l'ont accusé de faire dans le ''un coup à droite, un coup à gauche'', cad de mêler les traits positifs et négatifs chez Rosenthal et La Chesnaye pour faire plaisir aux deux camps.
Rosentahl est sympathique, généreux, il se bat pour son pays, alors que la droite reprochait aux Juifs d'être apatrides et de payer physiquement de leur personne. Mais à la fin de l'évasion, il se décompose physiquement et moralement, il n'a pas la solidité morale et physique de l'ouvrier français Marechal. Renoir semble suggérer que c'est de la classe ouvrière, la seule restée saine et vitale, dont viendra le salut?
Dans La règle du jeu, le personnage de La Chesnaye est séduisant, généreux, humain mais léger, inconséquent, inconstant, irresponsable, enfant gâté.
Voilà ce qu'en disait la critique de droite:
''Un Dalio étonnant, [plus Juif que jamais], à la fois attirant et sordide, domine tout cela comme un ibis bossu au milieu des marécages : lui est un homme d'une autre planète, non seulement étrange, mais étranger, à cette règle du jeu qui, en vérité, n'est pas la sienne. [Une autre odeur monte en lui du fond des âges, une autre race qui ne chasse pas, qui n'a pas de château, pour qui la Sologne n'est rien ] et qui regarde. [Jamais peut-être l'étrangeté du Juif n'avait été aussi fortement, aussi brutalement montrée.] C'est cette présence qui donne son relief au film, qui donne les événements un peu confus et fixe leur sens." ( Maurice Bardèche & Robert Brasillach )''
Dans les deux cas, le Juif ne peut être que 'typé'', riche, physiquement dégénéré, sans force morale, un parvenu qui rachète les demeures de la noblesse pour y mener une existence décadente.
Et comme le souligne von Rauffenstein, le règne des Rosenthal signifie la fin de celui des Boieldieu.
Enfin, si l'on peut dire, vu le nombre de rejetons de la haute noblesse qui ont épousé de riches héritières juives; cf Boni de Castellane.
''Il faut que tout change pour que rien ne change'', disait le prince Fabrizio, dans le Guépard, de Visconti.