Emprunté au blog d'une cinéphile et passionnée d'histoire dont je partage les goûts cinématographiques:
"Après quelques mois d'attente, un film élégant et un échec commercial, "Lettres d'Iwo Jima" succède à "Mémoires de nos pères", et renouvelle son expérience.
Nous sommes toujours sur les pentes du Mont Suribashi, mais cette fois, c'est le point de vue de l'ennemi du film précédent que l'on adopte.
Cependant, cette fois, l'action se concentre presque exclusivement sur la bataille d'Iwo Jima et le calvaire des troupes du général Kuribayashi, jeunes soldats désabusés, conscients, sans trop y croire, du désastre prochain.
On troque ici les héros malgré eux, préfabriqués par l'Amérique, pour les grouillots perdus dans la masse d'une armée et d'une culture qui ne comprend pas l'individualisme, une culture qui ne veut pas s'admettre dépassée et sclérosée par son vieux code de l'honneur (la scène, aberrante, du suicide à la grenade, alors que ces soldats sont encore nombreux et en bonne forme et pourraient renforcer les rangs des autres points de contrôle).
Peu à peu cependant, le film privilégie l'individu, s'attardant sur les personnages du soldat Saigo et de ses camarades, ainsi que du général Kuribayashi. A l'inverse de "Mémoires de nos pères", où les flash back replongeaient les soldats dans la bataille, l'armée et l'anonymat, ceux de "Lettres d'Iwo Jima" renvoient à l'avant guerre, lorsqu'ils étaient encore quelqu'un.
En toute objectivité, il me parait difficile d'affirmer que "Lettres d'Iwo Jima" soit meilleur que "Mémoires de nos pères". Sa dimension tragique et l'originalité du point du vue, ainsi que la perfection de l'interprétation (Ken Watanabe est décidement un excellent acteur) donnent sans doute cette impression d'un film plus fort que le précédent.
Cependant, on y trouve la même maturité de réflexion, la même finesse, le même coup de patte résolument génial d'Eastwood qui s'impose là encore comme un des meilleurs réalisateurs du moment (voir comme un des meilleurs réalisateurs tout court).
Du coup l'absence de nomination de "Mémoires de nos pères" aux Oscars me donne une fois de plus l'impression que la glorieuse académie n'a rien compris et aura privilégié "Lettres..." pour complaire au politiquement correct.
Pourtant, l'un ne va pas sans l'autre et le travail d'Eastwood ne saurait être complet si l'on exclut l'un des deux films. C'est tout l'intérêt de sa démarche et tout le talent de sa démonstration au coeur de l'homme et de la guerre"
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