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 Sujet du message : Jacquou le croquant
Message Publié : 25 Nov 2008 22:33 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon
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Inscription : 26 Juin 2008 8:11
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Je viens de regarder ce film pour la première fois. Si les images sont superbes et les acteurs généralement bons, j'ai trouvé l'histoire assez nulle, pleine de clichés éculés (les méchants nobles riches contre les gentils paysans pauvres...).

Qu'en avez-vous pensé?


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 Sujet du message : Re: Jacquou le croquant
Message Publié : 25 Nov 2008 22:54 
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Polybe
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En quoi est-ce du cliché ? :mrgreen:

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"John Stuart Mill a dit que les dictatures rendaient les hommes cyniques. Il ne se doutait pas qu'il y aurait des républiques pour les rendre muets."
Lu Xun


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 Sujet du message : Re: Jacquou le croquant
Message Publié : 25 Nov 2008 23:14 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Inscription : 03 Jan 2008 23:00
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Pour être iconoclaste un instant, je dirai que les gentils paysans pauvres se sont bafrés à bas prix les terres de méchants aristocrates riches (qui en fait pour l'essentiel commencaient franchement à manquer de tunes dans les années 1170/80) ainsi que ceux de l'Eglise qui, elle, était richissime : relisez les premiers chapitres de la biographie de Talleyrant par Emmanuel de Waresquiel : les montants indiquées donnent le vertige encore aujourd'hui.

Pour être un ennemi du peuple une seconde, j'ajouterai qu'un gentil paysan, c'est déjà en soi bizarre, sauf bien sûr dans leur évocation lors des soirées de Nohant ! lol

Pour être plus sérieux deux secondes, la paysannerie française de la fin du XVIIIème siècle constitue essentiellement une classe de petits possédants : ils ne sont pas blindés de louis d'or, mais ils ne sont pas non plus, dans la majorité des provinces, de misérables crève-la-faim mourant de misère devant des châteaux enluminnés ou coule le champagne, d'autant que la plupart de ces chateaux commençaient pour leur part à avoir de sérieux problèmes de toiture.

Il faut se méfier des clichés : ils ont la peau dure.

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"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


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 Sujet du message : Re: Jacquou le croquant
Message Publié : 25 Nov 2008 23:28 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
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Inscription : 27 Avr 2008 14:42
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La Saussaye a écrit :
, j'ajouterai qu'un gentil paysan, c'est déjà en soi bizarre, sauf bien sûr dans leur évocation lors des soirées de Nohant ! lol

Pour être plus sérieux deux secondes, la paysannerie française de la fin du XVIIIème siècle constitue essentiellement une classe de petits possédants :


Le problème c'est que Jacquou le Croquant, ça ne se passe pas à la fin du XVIIIe siècle, mais sous la Restauration. La famille de Jacquou ce sont des métayers.

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Que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants... ne soient pas des signaux de haine et de persécution...

La prière de Voltaire, Traité sur la tolérance, Chapitre XXIII


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 Sujet du message : Re: Jacquou le croquant
Message Publié : 25 Nov 2008 23:36 
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Polybe
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Inscription : 23 Nov 2008 16:35
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Je ne pense pas que la paysannerie/population rurale évolue de manière fondamentale entre la fin du système monarchique de la proto-Révolution du XVIIIe siècle et les derniers souffles moribonds de son expression boursouflée au XIXe siècle, durant la Restauration par exemple :-| .

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 Sujet du message : Re: Jacquou le croquant
Message Publié : 26 Nov 2008 1:28 
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Thucydide
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Localisation : Nantes
Disons que ce film est une bonne adaptation du livre d'Eugène leroy (1899).
La beauté de la photo est due au fait que Laurent Boutonnat (aux manettes) est aussi réalisateur de clips (ceux de sa compagne Mylène Farmer).


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 Sujet du message : Re: Jacquou le croquant
Message Publié : 26 Nov 2008 8:14 
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Localisation : Myrelingues la brumeuse
Alceste a écrit :
La Saussaye a écrit :
, j'ajouterai qu'un gentil paysan, c'est déjà en soi bizarre, sauf bien sûr dans leur évocation lors des soirées de Nohant ! lol

Pour être plus sérieux deux secondes, la paysannerie française de la fin du XVIIIème siècle constitue essentiellement une classe de petits possédants :


Le problème c'est que Jacquou le Croquant, ça ne se passe pas à la fin du XVIIIe siècle, mais sous la Restauration. La famille de Jacquou ce sont des métayers.


En effet ! quand on parle de paysannerie, on parle de réalités différentes. Du Laboureur souvent aisé voire riche, au brassier qui n'avait que ses bras en passant par toute la gamme des fermiers et métayers. En outre la révolution, par la vente des biens des émigrés, a remis la possession des terres, bien souvent, à des bourgeois des villes qui n'étant pas acteurs des vieilles solidarités seigneur/paysans ne songeaient quà faire "rendre" la terre aux dépens évidemment des fermiers et métayers. S'y ajoute le phénomène "Restauration", milliard des émigrés et "reprise en main" des populations. Il y a longtemps que j'ai lu le roman et ne me souviens plus si Nansac était un nolre de retour d'émigration ou un bourgeois riche résidant sur "ses terres"

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C'est l'ambition qui perd les hommes. Si Napoléon était resté officier d'artillerie, il serait encore sur le trône.

Mr Prudhomme


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 Sujet du message : Re: Jacquou le croquant
Message Publié : 26 Nov 2008 8:30 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Et voilà, le film raconte une histoire d'une famille, certes un roman, mais issue du témoignage de certains des personnages (dont le principal) à Eugène le Roy, notaire vivant dans la région.
Il s'agit d'une famille de métayers.
Et on nous sert une généralité :
Citer :
Pour être plus sérieux deux secondes, la paysannerie française de la fin du XVIIIème siècle constitue essentiellement une classe de petits possédants :

Généralité qu'il conviendrai de nuancer selon les régions.
Je peux témoigner que les métayers existaient bien jusqu'aux années 1950 en Périgord et Limousin, étant issu d'une longue "dynastie" de métayers. Et que peu de paysans de la commune de Salon-la-Tour, en Corrèze, étaient propriétaires en 1960. (de mémoire, environ 5 sur 30, je peux enquêter précisément auprès de mon père, avec les noms si vous voulez)
Je peux aussi témoigner que mon pépé était en 1890 orphelin, sur la route, exactement comme Jacquou. Et qu'il a croisé, comme Jacquou, autant de salauds que de braves gens.
Je peux témoigner que j'ai vu en 1958 (j'avais 4 ans, je n'en ai souvenir que par la tradition orale familiale) des voisins fermiers (le grade à peine au-dessus de métayer) dont le contrat n'était pas renouvelé (j'ignore la raison) se retrouver dehors (on dirait aujourd'hui sdf) avec leurs meubles et leur charrette, sans vaches pour tirer ladite charrette, les vaches appartenant au comte propriétaire.
Ces histoires vous gênent, vous décidez du haut de votre grandeur que ce sont des romans à faire pleurer Margot, c'est votre droit.

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"La vie des hommes qui vont droit devant eux, renaitraient-ils dix fois en dix mondes meilleurs, serait toujours semblable à la première. Il n'y a qu'une façon d'aller droit devant soi." (Pierre Mac Orlan)


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 Sujet du message : Re: Jacquou le croquant
Message Publié : 26 Nov 2008 9:55 
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Pierre de L'Estoile
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Qin a écrit :
Je ne pense pas que la paysannerie/population rurale évolue de manière fondamentale entre la fin du système monarchique de la proto-Révolution du XVIIIe siècle et les derniers souffles moribonds de son expression boursouflée au XIXe siècle, durant la Restauration par exemple :-| .


Il y a juste eu le plus gigantesque transfert de propriétés jamais réalisé en France ainsi que la suppression des droits seigneuriaux. Le noble revient avec l'intention de revenir aux temps d'avant, mais même sous Charles X, il n'est pas dans son droit, il n'a plus de droit de justice. Le seigneur agit en tant que propriétaire, dans sa tête il est encore seigneur, mais pas dans celle des paysans, d'où l'histoire.

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 Sujet du message : Re: Jacquou le croquant
Message Publié : 26 Nov 2008 10:06 
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Polybe
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Mais cette redistribution de terres a surtout favorisé le haut de l'échelle sociale paysanne et les bourgeois pour qui la terre reste un placement rentable. La redistribution par la vente des biens nationaux est relativement opaque, si elle constitue un pas important pour la paysannerie dans la possession de sa terre, elle ne profite pas à la majorité des paysans les plus pauvres qui n'ont pas eu les moyens d'acheter ces biens. La vente des biens nationaux va aussi constituer un facteur d'éclatement de la paysannerie, d'abord parce qu'elle crée une différence fondamentale entre celui qui possède la terre et celui qui n'en a pas assez pour en vivre, ensuite parce que la vente des biens nationaux va dresser les paysans contre les bourgeois des villes qui achètent cette terre nouvelle, selon des modalités différentes en fonction d'éléments locaux.

Bien sûr, il y a évolution (incluse pour le coup dans "Révolution"), mais je persiste à douter que les changements induits aux lendemains du renversement de l'Ancien Régime et sous la Restauration monarchique modifient profondément le mode de vie paysan en lui-même. Oui, émancipation d'une certaine manière, oui entrée dans le paysage de la participation politique, et oui encore appréciabilité de la nouvelle distribution des terres. Mais le paysan reste à mon sens pauvre, proche du manque et encore majoritairement représenté par des petits, surplombés par des "grands". Ce qui fondamentalement contribue à perpétuer les échelles rurales et villageoises de la pré-Révolution.

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 Sujet du message : Re: Jacquou le croquant
Message Publié : 26 Nov 2008 10:11 
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Philippe de Commines
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Localisation : village des Pyrénées
Précisément, dans le livre Jacquou le croquant, il est question de ça :
Avant la révolution (la "Grande"), des terres appelées "les padouens" dans le Sud-Ouest appartenaient à la communauté du village (de la bastide), ou peut-être au seigneur, ce n'est pas très clair. En tout cas, la pâture était totalement libre sur ces terres. La révolution n'a rien changé dans le cas particulier. Mais sous la restauration, les seigneurs ont décrété ces terres leur propriété, et y ont interdit la pâture. (le prof d'histoire de mes enfants avait fait sa thèse de DEA sur les padouens)
Dans le livre et la série télé (je n'ai pas vu le film), le berger est tué par Nansac.

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 Sujet du message : Re: Jacquou le croquant
Message Publié : 26 Nov 2008 12:42 
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Pierre de L'Estoile
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Qin a écrit :
Mais le paysan reste à mon sens pauvre,.


Je n'ai pas dit le contraire, ce serait stupide de ma part. Mais il n'est pas pauvre de la même façon. Il est pauvre avec dans sa tête la mémoire des espoirs de la révolution. Il est pauvre avec une protection moins forte de la communauté. Il ne paye pas une poule à la Saint Martin, mais il subit comme métayer la loi d'une société plutôt plus dure.
Le seigneur de son côté n'a plus de justice seigneuriale, il doit s'en remettre à la justice d'état. Bref, il me semble que le contexte du début de 19e siècle a son importance.

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 Sujet du message : Re: Jacquou le croquant
Message Publié : 20 Déc 2010 22:38 
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Jean Froissart
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Inscription : 14 Avr 2006 21:21
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Localisation : Blois
Pour en revenir au film, je pense que le réalisateur a été très scrupuleux sur la réalité historique car c'est un maniaque du détail, et ça va du décor au contexte, en passant par les costumes qui ont été "traités" d'une façon très particulière... lol En cela, il reflète plutôt bien ce que décrit Eugène Le Roy dans son roman (je l'avais relu avant de voir le film, en me demandant "mais comment diable va-t-il faire pour adapter ça ?!?!?"). Je me souviens avoir lu aussi que la photo, notamment au début pendant les scènes de moisson, s'inspire directement des tableaux de Millet (Arbogast l'a fait aussi pour Rappeneau pour Le Hussard sur le Toit et sans doute d'autres), précieux témoignage sur les scènes de campagne au XIXe siècle.

La qualité du film peut se discuter. Mais pour ce qui est des détails visuels, je ne crois pas qu'on puisse y déceler beaucoup d'anachronismes, à part dans le langage utilisé... mais peut-on faire un film historique respectant à la lettre le langage d'une époque donnée ?


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