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Message Publié : 27 Juin 2017 2:20 
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Hérodote
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Bonjour.

Étant un petit cinéphile, je me suis souvent demandé quel a pu être le poids du cinéma dans l'éducation des masses (jeu de mots à saisir au passage).
Je me suis intéressé notamment à Eisenstein et ses films commandés par le pouvoir soviétique. Lui-même admet "consciemment" que le cinéma est le meilleur vecteur de propagation pour la propagande (décidément...).
Quelqu'un a un petit avis sur l'impact de ses productions sur la populace ? Ou des articles/documentations sous la main traitant de ce sujet ?
Si "Alexandre Nevski" et "Ivan le Terrible", par opposition à l'ennemi teuton notamment, ont sûrement pu mobiliser un peu plus l'amour des russes pour la mère patrie, les films comme "La grève" ou "Le Cuirassé Potemkine" ont-ils pu réellement faire preuve de coercition idéologique sur la masse ? Ou alors, ont-ils pu seulement, au pire conforter le rêve des soviétiques occupés à se repaître de viande creuse, au mieux, faire rentrer les gens dans une sorte de fatalisme (sous-entendu, si le film est au cinéma, c'est que le pouvoir est là, et sera impitoyable ; une piqûre de rappel en somme) ?
Bien sûr, j'ai pris le cas d'Eisenstein, mais peu m'importe, la question est générale. Le troisième Reich a beaucoup exploité cela aussi par exemple. Aujourd'hui, la Corée doit faire de même.

Au passage, je me permets de glisser une petite citation attribuée au Sergueï : "American capitalisme finds its sharpest and most expressive reflection in the American cinema". À remettre dans le contexte, mais enfin.

P.S. : si vous voulez vous lancer dans les oeuvres d'Eisentein, je peux éclairer votre lanterne ; le premier conseil reste tout simplement de voir ses films dans l'ordre de parution (toujours un bon conseil remarquez).


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Message Publié : 27 Juin 2017 10:03 
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Marc Bloch
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On pense aux dictatures quand on parle du cinéma comme vecteur de la propagande. Mais, il n'y a pas que ça. Les accords Blum-Byrnes de 1946, contenaient une clause relative au cinéma :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Accord_Blum-Byrnes
Effectivement, dans mon enfance dans une ville de province de taille moyenne, je me souviens que les écrans étaient littéralement envahis par les productions hollywoodiennes. Que ce soit des westerns ou bien des films de la vie américaine qui nous vantaient de façon subliminale la supériorité de l'american way of life.Et ça prenait, la masse des spectateurs , à part les communistes, étaient séduits par ce pays de cocagne avec des gens bien habillés et bien nourris, avec des voitures comme des porte-avions, qui ne connaissait pas la misère. Cela faisait rêver une population qui malgré la fin de la guerre connaissait encore la pénurie.

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" Je n'oublie pas le Colonel Arnaud Beltrame "


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Message Publié : 27 Juin 2017 18:24 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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Sur l'efficacité, je laisse d'autres répondre mais le cinéma hollywoodien a eu un grand rôle de propagande avant et durant la Seconde Guerre mondiale pour préparer puis motiver les Américains à la guerre (Babes on Broadway, Casablanca, Man Hunt, The Great Dictator, Sergent York, Action in the North Atlantic, etc.)
En 1934-36, on a aussi plusieurs films français qui s'inscrivent dans la montée, la victoire et l'espoir du Front populaire (La Belle équipe, Le crime de Monsieur Lange).


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Message Publié : 27 Juin 2017 22:17 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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ThierryM a écrit :
Sur l'efficacité, je laisse d'autres répondre mais le cinéma hollywoodien a eu un grand rôle de propagande avant et durant la Seconde Guerre mondiale pour préparer puis motiver les Américains à la guerre (Babes on Broadway, Casablanca, Man Hunt, The Great Dictator, Sergent York, Action in the North Atlantic, etc.)

Aux États-Unis, avant 1941, je pense que la plupart des films " préparant " à la guerre sont souvent le fruit d'initiatives personnelles et pas des commandes d’État...
Si l'on prend le cas du Dictateur (sorti en salles en octobre 1940), on constate que Charlie Chaplin y est non seulement la vedette, mais également le réalisateur et le producteur !
Le film a été un succès populaire aux États-Unis, mais je crois qu'il a également fait grincer pas mal de dent, pour diverses raisons... Dans certains pays d'Amérique latine, sympathisants de l'Allemagne nazie, il semble que le film ait carrément été interdit de diffusion.

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“La barbarie est l'état naturel de l'humanité, [...]. La civilisation n'est pas naturelle. Elle résulte simplement d'un concours de circonstances. Et la barbarie finira toujours par triompher.” ― Robert E. Howard


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Message Publié : 27 Juin 2017 23:37 
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Hérodote
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Faget a écrit :
On pense aux dictatures quand on parle du cinéma comme vecteur de la propagande. Mais, il n'y a pas que ça. Les accords Blum-Byrnes de 1946, contenaient une clause relative au cinéma :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Accord_Blum-Byrnes
Effectivement, dans mon enfance dans une ville de province de taille moyenne, je me souviens que les écrans étaient littéralement envahis par les productions hollywoodiennes. Que ce soit des westerns ou bien des films de la vie américaine qui nous vantaient de façon subliminale la supériorité de l'american way of life.Et ça prenait, la masse des spectateurs , à part les communistes, étaient séduits par ce pays de cocagne avec des gens bien habillés et bien nourris, avec des voitures comme des porte-avions, qui ne connaissait pas la misère. Cela faisait rêver une population qui malgré la fin de la guerre connaissait encore la pénurie.


J'ignorais totalement l'existence de cet accord ! Très intéressant à lire. À vrai dire, je pensais que ce genre de film étaient réservés aux grandes villes, très dynamique et "jeune". Et pas à la province (qui renvoie à la campagne pour moi).
Concernant votre témoignage : dans une moindre mesure bien sûr et dans un contexte très différent, "l'american way of life" possède toujours une sacrée force de frappe dans l'esprit de ma génération d'enfants nés dans les années 90. D'ailleurs, je me demande si cela n'est encore plus vicieux : je n'ai pas pu connaître le contrepoids culturel soviétique (il faut que j'aille le chercher disons).


Pour rebondir sur les films d'avant guerre, s'ils ont un côté dénonciateur ou militant, il ne me semble pas non plus avoir ce côté presque "éducatif", qui veut formater l'individu par un support regroupant les masses, que l'on retrouve dans le cinéma sous Staline ou Hitler.
Dans ce cas, "l'Armée des ombres" de Melville pour être qualifié de propagande, terme qui me semble un poil exagéré (après le terme n'a plus la même valeur qu'aujourd'hui, où, oui, le rapprochement entre propagande et dictature est automatique et incassable).

Il n'empêche, prenons le cas d'un film d'Eisentein, sur une population qui a connu l'avant 1914 et l'empire (et qui peuvent comparer), pensez-vous réellement que l'effet de "(re)formatage" ait pu être si efficient que cela ?


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Message Publié : 28 Juin 2017 6:16 
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Marc Bloch
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on cite toujours "Paris Brûle t il?" comme exemple de film de propagande gaulliste. Ce doit être l'un des seuls. Il existait un quasi consensus chez les cinéastes français pour décrire négativement la société française des années 1960 et surtout de l'entreprise privée. Soit dans le registre des films d'auteur (Truffaut) soit dans celui des films commerciaux (Louis de Funès joue souvent des patrons acariâtres qui donnent une image très négative de l'entreprise privée).


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Message Publié : 28 Juin 2017 6:29 
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Jerôme a écrit :
on cite toujours "Paris Brûle t il?" comme exemple de film de propagande gaulliste. Ce doit être l'un des seuls. Il existait un quasi consensus chez les cinéastes français pour décrire négativement la société française des années 1960 et surtout de l'entreprise privée. Soit dans le registre des films d'auteur (Truffaut) soit dans celui des films commerciaux (Louis de Funès joue souvent des patrons acariâtres qui donnent une image très négative de l'entreprise privée).


On n'a pas dû vivre aux mêmes époques, car il y a pas mal de films du cinéma dit populaire qui décrivent très positivement bien des aspects de la société des années 1960...

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
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Message Publié : 28 Juin 2017 6:33 
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Marc Bloch
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Narduccio a écrit :
Jerôme a écrit :
on cite toujours "Paris Brûle t il?" comme exemple de film de propagande gaulliste. Ce doit être l'un des seuls. Il existait un quasi consensus chez les cinéastes français pour décrire négativement la société française des années 1960 et surtout de l'entreprise privée. Soit dans le registre des films d'auteur (Truffaut) soit dans celui des films commerciaux (Louis de Funès joue souvent des patrons acariâtres qui donnent une image très négative de l'entreprise privée).


On n'a pas dû vivre aux mêmes époques, car il y a pas mal de films du cinéma dit populaire qui décrivent très positivement bien des aspects de la société des années 1960...


c'est peut etre une question de point de vue.
Qu'on me donne des exemples !des titres ! des auteurs !


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Message Publié : 28 Juin 2017 6:47 
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Il y a quelques jours, j'ai regardé quelques minutes de Fantomas. On ne peut pas dire que le modernisme y soit honni

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Message Publié : 28 Juin 2017 6:52 
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Marc Bloch
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Narduccio a écrit :
Il y a quelques jours, j'ai regardé quelques minutes de Fantomas. On ne peut pas dire que le modernisme y soit honni


c'est vrai mais la police y est ridiculisée.

alors que dans les films américains la police est généralement composée de beaux gars séduisants et efficaces.

Les films français présentent souvent de façon négative les institutions.


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Message Publié : 28 Juin 2017 8:54 
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Marc Bloch
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Les films français présentent souvent de façon négative les institutions.
Jérôme, ne pensez pas que ce soit innocent. C'est l'application de la technique prônée par Gramsci pour déconstruire la société en vue d'en construire une autre. Et cela en utilisant la culture au sens large du terme et bien sûr le cinéma en fait partie. Mais qui a lu Gramsci ou qui connait Gramsci :?: :rool:

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Message Publié : 28 Juin 2017 12:34 
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Eginhard
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Jerôme a écrit :

alors que dans les films américains la police est généralement composée de beaux gars séduisants et efficaces.

Les films français présentent souvent de façon négative les institutions.


Et que pensez-vous de toute la vague du "film noir" dans le cinéma américain ? Les flics y sont rarement à l'honneur. Ainsi que les institutions, les juges, les hommes politiques, etc. Et toute la blacksploitation des années 70 ? Et un millier d'autre film américains remplis de flics véreux, de politiciens corrompus, de patrons avides, de juges soumis à leurs plaisirs coupables, des années 40 à nos jours.

Les flics dans le cinéma américain, ce n'est pas que l'Arme fatale et le troublant regard de Mel Gibson ;)

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"Le génie mériterait les chaînes s'il favorisait les crimes des tyrans"


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Message Publié : 28 Juin 2017 13:04 
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Marc Bloch
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Jefferson a écrit :
Jerôme a écrit :

alors que dans les films américains la police est généralement composée de beaux gars séduisants et efficaces.

Les films français présentent souvent de façon négative les institutions.


Et que pensez-vous de toute la vague du "film noir" dans le cinéma américain ? Les flics y sont rarement à l'honneur. Ainsi que les institutions, les juges, les hommes politiques, etc. Et toute la blacksploitation des années 70 ? Et un millier d'autre film américains remplis de flics véreux, de politiciens corrompus, de patrons avides, de juges soumis à leurs plaisirs coupables, des années 40 à nos jours.

Les flics dans le cinéma américain, ce n'est pas que l'Arme fatale et le troublant regard de Mel Gibson ;)


On parlait plus haut des accords Blum Byrnes et la limite chronologique du forum est 1991. D'autre part les Etats Unis à la différence de l'URSS et de la France de Robespierre connaissait un régime de libre expression légale. Les films critiques y étaient donc légalement admis. Il n'en reste pas moins que la masse de la production d'Hollywood déversée sur les écrans populaires avant 1970 n'était guère critique. Communistes et intellectuels de gauche pré ou post soixante-huitards étaient d'ailleurs d'accord pour qualifier le cinéma américain d'outil de propagande !

Pour revenir à Fantomas, cette série est parfois comparée à James Bond. Mais alors que 007 est un séducteur au service de sa Majesté, et que les méchants sont presque toujours laids, cruels et parfois même francophones, en France le séducteur est justement le méchant (joué par Jean Marais) tandis que le commissaire est grotesquement joué par De Funès ! les institutions françaises (et gaulliennes) sont donc ridicules CQFD !


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Message Publié : 28 Juin 2017 13:08 
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Marc Bloch
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Faget a écrit :
Les films français présentent souvent de façon négative les institutions.
Jérôme, ne pensez pas que ce soit innocent. C'est l'application de la technique prônée par Gramsci pour déconstruire la société en vue d'en construire une autre. Et cela en utilisant la culture au sens large du terme et bien sûr le cinéma en fait partie. Mais qui a lu Gramsci ou qui connait Gramsci :?: :rool:


Oui on pense spontanément à ce genre de manipulation. Mais il y a peut-être des éléments plus simples et plus primaires : l'imprégnation communiste des milieux artistiques après 1944 (et jusqu'en 1956 voire 68), l'hostilité de ces mêmes milieux à l'égard du pouvoir gaulliste, une tradition française de mépris à l'égard de la police qui puise son origine dans le second Empire, peut-être relancée par l'ambiguïté de la position de la police sous l'Occupation et pendant la guerre d'Algérie (Charonne par exemple).


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Message Publié : 28 Juin 2017 14:38 
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Jean Froissart
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Inscription : 13 Juin 2017 15:04
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Jefferson a écrit :
Les flics y sont rarement à l'honneur. Ainsi que les institutions, les juges, les hommes politiques, etc. Et toute la blacksploitation des années 70 ? Et un millier d'autre film américains remplis de flics véreux, de politiciens corrompus, de patrons avides, de juges soumis à leurs plaisirs coupables, des années 40 à nos jours.

Pour les films populaires, les "flics" ont parfois le beau-rôle : Les Incorruptibles, Inspecteur Harry et d'autres. Une touche italienne et ceci devient plus complexe : "The Good, The Bad, The Ugly".

Jérome a écrit :
Pour revenir à Fantomas, cette série est parfois comparée à James Bond. Mais alors que 007 est un séducteur au service de sa Majesté, et que les méchants sont presque toujours laids, cruels et parfois même francophones, en France le séducteur est justement le méchant (joué par Jean Marais) tandis que le commissaire est grotesquement joué par De Funès ! les institutions françaises (et gaulliennes) sont donc ridicules CQFD !

J'ignorais cette comparaison avec 007. Les acteurs jouant les "méchants" ne sont pas "laids", leur comportement l'est.
Frantomas est dans le style "farce" comme beaucoup de films populaires avec de Funes. C'est l'héritage de la "commedia dell'arte" avec le côté burlesque mais le bon l'emporte toujours, il existe une "morale".
Si Jean Marais a le rôle du "méchant", il est aussi le journaliste en quête de vérité et souvent c'est une jeune fille -l'innocence amoureuse- qui crée le déclic et donne le chemin.

Poussé et en oubliant le côté "farce" ceci peut nous rappeler une tragédie.
Oedipe qui recherche une vérité dans le but de soulager ses sujets (c'est le rôle du gentil, beau, intelligent à qui tout sourit et tout réussit bien que parfois d'extraction modeste). Cette élévation amène un pouvoir et ce pouvoir permet d'initier des lois. De "gentil et jeune", le personnage devient gonflé d'un orgueil qui le rend aveugle, l'orgueil de sa position le rend "épaix".
Tirésias est laid, pauvre et aveugle. Sa cécité ne l'empêche pas de "voir" intérieurement, de prévenir. Il est conduit par un enfant (l'innocence), il se voit repoussé par un roi suffisant ayant oublié toute raison et toute humanité (on retrouve ceci avec César et la mise en garde pour les Ides de Mars).
La situation se retourne et Oedipe devient aveugle, il est banni, condamné à l'errance, seule sa fille toujours en connection avec la raison et l'humanité le conduit car la cécité d'Oedipe ne le rend pas plus clairvoyant. Une farce est souvent le support d'une tragédie ("La Folie des Grandeurs").

L'inspecteur (de Funes) enflé d'orgueil ne voit rien et alors qu'il est censé incarner la raison, emmêle tout. Son entourage malmené et ridiculisé est souvent sur la bonne piste mais se heurte à l'autorité bornée. Nous rions de bon coeur car l'équilibre est sauvé par le "burlesque", sans l'effet "burlesque" ce pourrait -tel les contes- frôler la tragédie et tout ce que l'humanité offre de négatif. Ce qui est positif est généralement "sanctionné". C'est là encore ce que nous souhaitons.

Pour ce qui est de la propagande, elle semble exister avec le dessin, l'image (très tôt) alors avec la multiplication d'images qui forment un "film", c'est bien sûr un outil rêvé. Parfois n'est-ce pas aussi ce que nous tenons à voir, à entendre afin de n'avoir pas à penser et se sentir rassurés car pas aveugles de ce qui nous entoure, la version donnée fait office de loi (reconnue par la majorité) et devant la loi -du moment- impossible de désobéir ou de dénoncer un mensonge aussi énorme soit-il. On peut s'interroger, avoir une opinion mais le poids de la majorité à défaut de rendre aveugle (quoique) rend muet.

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"... we shall fight on the seas and oceans, we shall fight ... whatever the cost may be ... we shall never surrender...." (W. L. Churchill)
"... The ship is anchor’d safe and sound, its voyage closed and done, ... From fearful trip the victor ship comes in with object won ..." (W. Whitman Jr)


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