Et si nous discutions du film de Visconti sur la vie de Louis II de Bavière, de son couronnement à sa mort ?

Je vais commencer doucement, en espérant que les échanges permettront vite d'aller plus loin.

Tout d'abord, une remarque anecdotique : il me semble, vu son sujet et sa distribution, que ce film a été tourné en allemand (d'ailleurs je me souviens en avoir vu une partie en cours d'allemand au lycée). Eh bien, bizarrement, quand je suis allé il y a deux ans dans un cinéma d'art et d'essai qui ressortait le film, la soi-disante Version "Originale" était en réalité la version italienne (doublée, donc), sous-titrée en français. C'était bien la première fois que je voyais ça : un film germanophone doublé en italien et sous-titré en français. Mais bon, passons...

Une chose m'ayant beaucoup frappé dans ce film est l'étonnante évolution physique de l'acteur Helmut Berger qui joue Louis II : au cours du film, le personnage gagne un regard de plus en plus noir et profond, que renforce la pilosité faciale. Il semble réellement "habité" (mais par quoi : désespoir, folie, démon ?). Cela m'a beaucoup troublé (il est vrai qu'il s'agissait de la version longue, et il n'est pas anodin de cotoyer pendant 4 heures quelqu'un comme Louis II).

D'autre part, je ne sais si les rapports entre Wagner et le roi sont bien présentés. Le compositeur y apparait comme un mégalomane égocentrique qui manipule son mécène. Est-ce conforme à la réalité ? N'y avait-il pas de réelle amitié entre eux ? Wagner n'était-il pas un créateur moins froid ? (ce sont de vraies questions ; je n'ai pas d'élements permettant de contester cette image de Wagner, qui pour être traditionnelle n'en peut pas moins être juste)

Il y a encore beaucoup à dire sur cette vie de Louis II présentée par Visconti : les rapports avec sa cousine Elisabeth ("Sissi"), l'aliénation politique de la Bavière par rapport à l'hégémonique Prusse, le sens à donner aux fameux châteaux, la mystérieuse noyade du roi...

En fait, le film est tellement riche que nous pourrions discuter simplement de la vie de Louis II sans guère nous éloigner du sujet initial !

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Ad augusta per angusta
"Nul n'est plus esclave que celui qui se croit libre sans l'être..." Goethe

Merci de tout coeur d'avoir créer se sujet!!


Ce film je l'ai vu je ne sais combien de fois que ce soit au cinéma ou chez en vidéo. Il ne reflete pas entièrement la vérité sur Louis II de Bavière, mais l'approche est bonne.

Les relations entre le Maître(Wagner) et Ludwig n'était pas comme dans le film, certe Wagner a sut tirer parti de la bien veillance de Louis, surtout qu'ils étaient plus que de simple amis.

Pour se qui est de la relation entre Elisabeth et son cousin cela est complexe, je viens justement de finir un livre sur eux.
Elisabeth est la seule femme qui a comprit Louis et qui lui ressemble sur bien des points.

Sur se qui est de la folie de Louis elle reste encore approuver.

Aislinn

PS: demander son avis au Duc de Raguse je pense que sur Louis II il doit savoir plus de chose que moi

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Oncques ne rebrousse

Remarque préliminaire: je suis totalement sous le charme de ce film...

Il est vrai que j'aime beaucoup la musique de Wagner... ce qui aide pas mal. "Tristan" dans cette soirée de clair de lune en forêt... névrotique...

Et l'hymne à l'étoile dans la caverne de Vénus...

Bref: Visconti tend des pièges et je m'y fourvoie tête baissée...

Romy Schneider reprenant son rôle de Sissi, avec toute sa maturité: je suis plus que charmé...
Exercices équestres sur les "scènes de l'enfance"... Schumann: un autre schyzophrène...

Avec ça, j'aurais bien du mal à être objectif !

Concernant le personnage de Wagner dans le film, je ne le trouve pas si calculateur ou manipulateur que cela. Visconti montre très justement un homme convaincu de son génie et des égards que ce génie doivent lui valoir. L'art est la plus haute forme d'expression du génie humain, Wagner veut créer son art, donc il est naturelle que tout soit subordonné à cette volonté. Ajoutons-y une grosse dose d'égocentrisme innée... Wagner n'est pas "froid": il est juste profondément convaincu de son bon droit. Se mettre en travers de son chemin, c'est rejoindre les philistins. D'ailleurs, Visconti sait aussi montrer l'humanité du personnage avec la fameuse scène du concert en l'hommeur de Cosima à son domicile. C'est "Siegfrid Idyll", une manifestation remarquable de la joie profonde d'un père en même temps qu'une magnifique preuve d'amour. Un morceau que même Nietzsche, après sa rupture d'avec Wagner, continuera malgré tout à estimer. Il en existe d'ailleur une version piano jouée par Glenn Gould: intéressant...

Entre Wagner et Louis II, il y a plus de malentendu que de marché de dupes. Leur correspondance en témoigne.

Esthétiquement le film a les qualités et les défauts des grands films de Visconti. On peut le trouver surchargé, trop lent, voir peut-être futil... Il est vrai que cela vieillit peut-être mal: il y a un problème de "rythme" qui doit être insurmontable pour un spectateur basique. La "Mort à Venise" est tout aussi difficile à regarder pour beaucoup de personnes je trouve...

Mais peu importe dans le fond ! Les mécontents n'ont qu'à zapper !

Pour ce qui est du personnage de Ludwig, Visconti cherche à rendre compte de cette personnalité schyzophrénique. Dualité, conflit interne, rejet de soi... Visconti s'en tire plutôt bien. Pour ce qui est de l'acteur, je me demande parfois si, physiquement, celui choisi pour le rôle du frère de Ludwig n'aurait pas été plus proche du vrai Ludwig. Mais rien à redire de la prestation de Berger !

C'est assurément un film très attirant, surtout si l'on a déjà au préalable été "conditionné" à un certain univers artistique. Il n'est pas surprenant que Thomas Mann apparaisse aussi dans l'oeuvre de Visconti...

Ahhhh.....quel sujet passionnant et troublant...
Mon auguste patronyme est un être bien complexe. Ce qui est certain, c'est qu'il ne fut pas fou, en rien du tout.
Tout au plus les psychiatres ont pu déceler une démence précoce, touchant les jeunes adultes. Mais il semblerait que le futur régent Luitpold, cherchait plus à empêcher les folles constructions - ruineuses - de Ludwig.
Les psychiatres pensent aussi que Louis II, malgré ses inclinaisons homosexuelles, n'a jamais "consommé"...
L'amitié avec Wagner fut sincère au départ des deux côtés, mais par la suite l'artiste se joua de son mécène et profita de la grande affection qu'il lui portait.
Sans Louis II, jamais Wagner n'aurait terminé son ring, encore moins faire construire Bayreuth.
Pour le reste, ce que j'ai lu d' Aislinn est correct.
Il est vrai que son frère, Othon, fut atteint réellement de démence.

duc de Raguse.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine

Dans le livre dont j'ai vaguement parlé et dont j'ai oublié de donner le titre.
"Louis II de Bavière et Elisabeth d'Autriche âmes soeurs" de Philippe Collas.
On parle justement des divers hypothèses sur sa mort et surtout sur il y a la conclusion sur les folies du Roy. Dire que c'est le roi qui a marqué tout de même la Bavière et à fait repartir son économie, car ses châteaux ne sont pas juste pour lui mais bel et bien un moyen de faire vivre son peuple.


La voici sa folie, si être en avance sur son temps est folie alors revenir dans l'histoire est plus que démence.



Aislinn

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Oncques ne rebrousse

Pourtant, tout le monde est à peu près d'accord - surtout les psychiatres, sont cas étant devenu un cas d'école - pour affirmer qu'il se soit suicidé en cette année 1886.
Ses "béquilles" lui avaient été retirées - la construction de ses châteaux et Wagner - donc il fuyait la vie, tout comme il le faisait depuis la fin de l'indépendance bavaroise.

duc de Raguse.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine

Pyrrhos, votre analyse sur Wagner m'a convaincu.

Une question annexe : je crois avoir vu il y a un moment que Louis II était présent sur le fameux tableau représentant la proclamation de l'Empire allemand à Versailles. Or, il m'est désormais impossible de l'identifier . Aussi un doute m'assaille-t-il : le roi de Bavière est-il représenté sur le tableau ? Etait-il même présent à Versailles ? Dans le film en tout cas, Louis II semble tenu à distance de tous ces événements (je crois d'ailleurs qu'il fut forcé à déclarer la guerre à la France).



En quoi Louis II était-il "en avance sur son temps" ? N'était-il pas plutôt un survivant d'un temps révolu (et à mes yeux c'est au moins aussi admirable), un rêveur médiéval égaré au siècle des nations ?

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Ad augusta per angusta
"Nul n'est plus esclave que celui qui se croit libre sans l'être..." Goethe

Fabien,

Bien que Louis II offrait la couronne impériale à Guillaume au nom de tous les souverains allemands, il refusa d'aller à cette "fadaise" , qui eut lieu à Versailles.
Il fut, personnellement, forcé de déclarer la guerre à la France, car il adorait ce pays et entrer en conflit avec celui-ci était contraire à ses principes. Mais après l'échec de Sadowa, la Bavière - faisant partie des vaincus, car elle avait suivit l'exécution fédérale, demandée par l'Autriche, contre la Prusse - était tenu d'assister militairement la Prusse dans n'importe quel conflit. Sa souveraineté était déjà bien entamée. 1871 ne fut que le couronnement d'une unité non voulue - au sud du moins... - et obtenu par la force.
Il accepta d'ailleurs cet acte, seulement après que Bismarck ait dû longuement le convaincre, en lui avançant quelques milliers de marks...( utiles pour ses châteaux ).

duc de Raguse.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine

Certe il aimait la mytologie, l'histoire du saint graal...., ce qui ne fait pas de lui une personne qui avait une avance technologique bien supérieur à tout autre. Avez vous vu la construction de ces châteaux, les plans, ces extravagances comme disaient certains, il a bien inventé le premier monte plat qui garde les aliments au chaud grace à la vapeur qui est dans un circuit fermé. Il faut voir pour le croire c'est homme qui était tout de même monarque n'était loin de son peuple comme tant d'autre, regarder sa politique et la notre. Cet homme qui est à la fois un nostalgique du temps chevalresque est aussi un homme qui s'est avancé avec son temps.
Saviez vous qu'il avait reprit les plan de De Vinci pour faire un deltaplane!


Aislinn

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Oncques ne rebrousse

Une question relative à ce film : je l'ai vu il y a très longtemps, mais je ne le possède pas. Quelqu'un connaît-il une bonne adresse pour que je puisse me le procurer ?
Merci d'avance !

duc de Raguse.

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Alphonse de Lamartine

Désolée mais il est pratiquement introuvable, même en DVD car il a été retiré de la vente .

Si vous voulez je peux vous en faire une copie, ou vous envoyez ma cassette en prêt.
Comme vous voulez.


Aislinn

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Oncques ne rebrousse

J'avais remarqué...
J'accepte avec joie votre proposition de copie.

duc de Raguse.

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Alphonse de Lamartine

je dirais que tout comme son auguste et impériale cousine, Ludwig "s'était trompé de siècle comme on se trompe de porte". Néanmoins, il existe plusieurs très bonnes biographies du roi-vierge, tel que "Louis II de Bavière ou le roi foudroyé" de Jean des Cars, ainsi que "les ch^tateaux fous de Louis II de Bavière" qui est plus un catalogue présentant les différents châteaux.
Il était un être complexe, et je pense que nous n'avons pas fini d'en découvrir sur sa personnalité.

Pour information ce film passe sur arte le jeudi 9 décembre 2005 vers 20h40 pour ceux que cela intéresse, il va être diffuser en deux parties car c'est la version longue.

Bon film


Aislinn

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Oncques ne rebrousse

Tout vient à point à qui sait attendre. Plusieurs rééditions en DVD : http://www.amazon.fr/gp/search/ref=sr_n ... 1279388368

Pour une fois, c'est moins cher que sur priceminister.

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"L'Angleterre attend que chaque homme fasse son devoir" (message de l'amiral Nelson à Trafalgar)