Jean-ClaudeP a écrit :
Inepte, peut-être, mais j'aimerais bien savoir en quoi, car comme je l'ai déjà évoqué, n'ayant pas connu cette époque sinon par ouï-dire, il m'intéresserait de savoir où sont les excès et les erreurs.
Quelques exemples d'excès à mon goût (je précise que mes deux parents étaient adolescents pendant la guerre, l'un dans une grande ville ayant subit les bombardements, l'autre en pleine campagne).
1)
Les postes de radio et Radio Londres : de fait peu de gens disposent d'un poste de radio avant guerre, hormis les notables, donc c'est assez exagéré de voir assez souvent des gens qui entendent les discours du chancelier Hitler avant la déclaration de guerre ou d'autres qui étaient à l'écoute de Radio Londres le soir du 18 juin. De même, l'annonce du débarquement se fait plus par le bouche à oreille qu'en écoutant la radio.
2)
Les prisonniers de guerre : j'ai un oncle qui a passé six ans en captivité en Poméranie, alors le coup de l'intrépide prisonnier qui saute d'un train profitant d'un relâchement de la garde et traverse la moitié de l'Allemagne avant de revenir dans son village ça me fait bien rire. Bien sûr qu'il y a eu des évasions, mais le profil type du soldat prisonnier c'est quand même le Français moyen qui ne parle pas un mot d'allemand et qui n'est jamais sorti de chez lui avant le service, donc de là à être assez dégourdi et chanceux pour traverser un territoire ennemi...(sans parler que toutes les sentinelles ennemies étaient des buses finies c'est bien connu)
3)
Les juifs et les camps : en dehors des principales grandes villes, il y a très peu de juifs habitant en France profonde, donc la probabilité d'avoir assisté à une rafle dans une sous-préfecture ou un chef lieu de canton est assez limitée. Quant aux camps, et au sort qu'on y réserve aux juifs, la connaissance de leur existence chez les Français moyens avant la Libération m'a toujours paru douteuse. Déjà qu'ils ne savaient pas vraiment ce que faisaient leurs prisonniers de guerre.
4) L
a Résistance : dans les téléfilms, c'est fou le nombre de jeunes exaltés qui sans aucune instruction militaire savent du jour au lendemain utiliser une mitraillette Stem (ils l'ont trouvé où au fait ? c'est bien connu qu'il y avait des parachutages de nuit dans tous les villages !) ou lancer une grenade à coup sûr. Quant aux jeunes qui fuient le STO, ils trouvent tous du jour au lendemain un groupe de Résistance où ils deviennent des héros.
5)
Les Allemands et les SS : dans le téléfilms, il y a toujours un officier SS fanatisé qui se promène dans le coin et bien entendu se comporte comme un salopard. Dans la grande majorité des cas, les contacts avec l'ennemi étaient très limités, et les soldats allemands qui étaient le plus souvent de simples biffins se comportaient correctement (évidemment comme tous les soldats du monde, ils sifflaient les filles et crachaient pas sur les boissons fermentées !) avec la population civile.
Faut pas oublier ce qu'est la France à cette époque : un peuple composé majoritairement de paysans, qui bien souvent ne sont jamais allé au-delà de leur canton avant le service, on se déplace essentiellement à pied, éventuellement en vélo (mais rapidement il n'y a plus de pneus), quant aux chevaux ils ont été réquisitionné. Il n'y pas d'électricité dans les maisons : on se lève et on se couche avec le soleil et on ne traine pas dans les rues. On s'occupe du bétail et des cultures. Dès la fin de l'école, on aide ses parents aux champs, un adolescent c'est une force de travail de deux bras, et la journée est bien occupée. Le soir on est souvent trop fatigué pour aller faire quoi que soi d'autre que se coucher. Les fusils de chasse sont interdit, il a fallu les rendre ou les planquer, on braconne un peu et on se méfie de toute personne étrangère au canton. Quand on vivote soi-même, on risque pas de se lancer dans le marché noir. Les jeunes filles restent à la maison, elles ne sortent pas de la ferme sauf pour travailler dans les champs. On respecte ses parents et les aînés, surtout ceux qui ont fait 14-18, le curé et le maire.
En ville, c'est un peu pareil mais avec le couvre-feu et le rationnement en plus. On y voit plus facilement des soldats ennemis (qui n'auraient d'ailleurs rien à faire dans les campagnes en dehors d'une situation de combat), mais sauf nécessité, on ne se déplace pas au-delà de son quartier. On s'entraide entre voisins, pas au-delà. Globalement, on a peur, surtout quand les seuls hommes valides de la famille sont absents.
Bref un univers plutôt morne, répétitif, avec la peur du lendemain et du danger qui peut survenir à tout instant (maladie, accident, décès).