Voici ce que je disais de ce film sur le sujet
"Les meilleurs films historiques" (Histoire du cinéma) :
si on veut parler de films strictement historiques, c'est-à-dire qui ont l'Histoire pour seul sujet, je dois avouer que "La révolution française" de Enrico et Heffron (avec Jean Tulard comme conseiller historique) me semble une belle réussite (je viens de le revoir). Les décors et les costumes y sont tout à fait réussis, le rythme soutenu malgré la durée ( 2h45 et 2h35). La plupart des "mots" historiques y sont (les plus apocryphes ont été écartés), certes pas toujours à la bonne place (certains discours deviennent des discussions privées, mais cela évite de filmer toujours la Convention). Sur le plan idéologique, qui est peut-être le plus délicat dans un tel film, le résultat me semble tout à fait honnête. Le ton est globalement dantoniste (en effet, c'est par le rappel d'une déclaration de Danton que s'achève le deuxième film après la chute de Robespierre, et Klaus Maria Brandauer y est la "star" ; mais on pourrait aussi soutenir que le personnage le plus positif du film est Camille Desmoulins), mais la corruption de Danton n'est pas cachée (de même que sont sous-entendus ses liens avec Orléans). Robespierre ou Marat sont présentés sans complaisance ; cela n'empêche pas le film de présenter le rousseauisme de Robespierre sans caricature.
La présentation de la famille royale au début tombe sans doute dans l'imagerie révolutionnaire traditionnelle : l'"Autrichienne" y est frivole, le roi un peu nigaud. Mais le film se rattrape par la suite, notamment au moment de la captivité et des procès : Louis XVI y est digne et touchant ; Hebert accusant la reine d'inceste ne sort pas grandi de sa confrontation avec Marie-Antoinette qui lui répond par le silence et l'appel "à toutes les mères".
En seconde, après un cours sur la société d'Ancien régime, notre professeur avait choisi de nous diffuser ces films ; nous devions prendre des notes sur un questionnaire préétabli, puis rédiger le cours, avec l'aide de notre manuel. Il me semble que la méthode a assez bien fonctionné. Si j'ai un jour prochain la chance d'enseigner, il est possible que je reprenne cette idéen non sans compléter le film par un certain nombre de précisions. Il ne faudrait pas en effet que mes élèves se mettent, comme moi à l'époque, à admirer Saint-Just, "archange de la Révolution", dont l'implacable extrémisme disparait un peu dans le film derrière une image plutôt romantique (ça doit être ses cheveux longs...).
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Le second film, par Richard Heffron ("Les années terribles"), est sensiblement différent du premier dans sa réalisation, beaucoup plus nerveuse (en particulier pour les massacres de Septembre et pour Thermidor). C'est assez adapté à l'époque décrite, plus tourmentée (même si ça renforce cette opposition assez artificielle entre 89 et 93 ; le premier film n'est-il pas sous-titré "les années lumière" ?). La Terreur y est montrée sans aucune complaisance. L'exécution du roi est montrée dans le détail (sa dernière messe, son refus d'avoir les mains liées, sa montée à l'échafaud, ses derniers mots couverts par les tambours, son éxecution). Celle de la Reine est plus brièvement montrée, surtout à travers un jeu de marionnettes à côté de l'échafaud, qui rejoue la scène en parallèle.