Vous devriez mieux lire les publications scientifiques et tenir compte que les pourcentages indiqués parlent des populations actuelles. Quand dans une revue on dit que telle population a x% de tel marqueur qui proviendrait de telle aire géographique. Scientifiquement cela veut dire que les occupants actuels de cette ère géographique ont un pourcentage représentatif de ce marqueur. Même si ce marqueur ne marque pas exclusivement cette région. D'ailleurs, il n'y a aucun marqueur qui marque exclusivement une région ou une populations.
Ensuite, sur ces sites "sérieux", on enlève toutes les tournures conditionnelles pour mettre tout le texte à l'indicatif du présent et on obtient un bel amalgame.
Voici un exemple de vrai publication scientifique. Elle concerne l'analyse génétique de 197 personnes d'origines comoriennes vivant à Marseille :
http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/06/07/67/PDF/4_THESE_JC_TEXTE.pdfCiter :
L’étude génétique de la population Comorienne de Marseille était motivée par une double problématique : anthropologique et biomédicale. L’approche anthropologique avait pour objectif de décrire la structure génétique de cette population et de rechercher les traces génétiques des trois principales vagues migratoires impliquées historiquement dans le peuplement de l’archipel des Comores : Africaine, Arabe et Austronésienne. L’aspect biomédical devait évaluer l’impact transfusionnel des particularités immuno-hématologiques de cette communauté migrante résidant à Marseille et peu sensibilisée au don du sang.
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Conclusion :
Les résultats concernant l’exploration de 6 systèmes de groupes sanguins érythrocytaires (ABO, RH, KEL, FY, JK, MNS), du polymorphisme HLA-DRB1 et des gènes KIR ainsi que les résultats préliminaires du polymorphisme du chromosome Y, démontrent que le profil génétique de la population comorienne est proche de l’Afrique Bantoue dont la contribution peut être estimée entre 50 et 70%. Il apparaît que des populations Bantoues venues de la côte Est de l’Afrique ont atteint assez tôt les Comores et que leur origine pourrait se situer au Mozambique. Ainsi, cette influence Africaine est non seulement détectée dans la langue (Le Comorien appartient à la famille des langues Bantou es) et dans les traditions (pratique du grand mariage, position sociale centrale de la femme) mais aussi dans les gènes.
Ces données génétiques sont par ailleurs en accord avec la forte influence de la Péninsule Arabe, durant le Moyen Age, dans cette partie Ouest de l’Océan Indien (Ottino P, 1974).
Cette influence est retrouvée aujourd’hui au niveau linguistique (alphabet arabe et emprunt de vocabulaire) et dans les pratiques religieuses (Islam). Les données historiques évoquent tout d’abord un véritable mythe Schirazien (Vérin P , 1994), modèle de construction identitaire des Comoriens. Elles évoquent aussi des mariages contractés entre les filles des chefs locaux Comoriens et les derniers migrants Arabes du moment, arrivés lors des différentes vagues migratoires (Verin P, 1994, Allibert C, 1993). On retrouve donc un processus de dominance élitiste complété par des « métissages génétiques » qui ont laissé une contribution de près de 30% dans le pool génique Comorien.
Enfin, et bien que ces données soient à prendre ave c beaucoup de précaution compte tenu des difficultés précédemment exposées (sélection de s populations impliquées), ces résultats évoquent une très faible, voir une absence d’influence génétique en provenance d’Asie du Sud Est. Ceci est en accord avec les données linguistiques qui ne détectent pas, contrairement à Madagascar, de contribution Austronésienne. L’influence Indonésienne semble donc limitée à l’adoption de certaines pratiques agricoles (riz, bétel, cocotier....) et de constructions navales (pirogue à balancier) (Vérin P, 1994).
En ce qui concerne l’aspect biomédical, nous avons constaté des écarts importants entre les fréquences phénotypiques des donneurs de sang de l’EFS Alpes-Méditerranée et de la communauté comorienne résidant à Marseille. Ces écarts concernent non seulement des allèles « rares » mais aussi certaines combinatoire s d’allèles courants susceptibles de placer des individus en situation de blocage transfusionnel potentiel. Ainsi, l’approche anthropogénétique d’une population comme celle des Comores apporte non seulement des informations sur son histoire et sa diversité génétique actuelle mais peut s’avérer extrêmement utile pour appréhender les écarts phénotypiques inter-populationnels en contexte transfusionnel. Ceci est particulièrement utile dans une ville comme Marseille véritable carrefour culturel et lieu de rencontre historique de multiples communautés.
Au total, trois points forts ressortent de cette étude de la communauté Comorienne de Marseille :
* La confirmation de la coexistence des influences Africaine Bantoue et « Arabe », dont les stigmates apparaissent non seulement au travers des pratiques culturelles (coexistence d’un Islam imprégné de traditions africaine) et linguistiques (langue bantoue avec nombreux emprunts arabes) mais aussi dans la structure génétique de cette population. L’influence Austronésienne, n’ayant pas eu d’impact linguistique, semble n’avoir eu que peu ou pas d’impact génétique.
* Le risque potentiel de blocage transfusionnel par manque d’unités de sang compatibles lié à l’existence d’écarts phénotypiques constatés entre la communauté Comorienne de Marseille et la population des donneurs de sang répertoriée par l’EFS Alpes-Méditerranée. Ce point met en avant la nécessité d’actions spécifiques de sensibilisation de ces individus au don de sang.
* Enfin, d’un point de vue plus général, cette étude confirme à nouveau, la similarité génétique existant entre les populations appartenant à des familles linguistiques identiques (Contribution Bantoue et Arabe). Elle est donc accord avec le fait que l’appartenance à une famille linguistique représente l’indice prédictif majeur de l’existence de relations génétiques entre les populations d’une même famille et qu’elle peut refléter les éventuels évènements historiques migratoires survenus au cours de l’évolution d’une population (Excoffier L,1987)
Afin de compléter la connaissance du polymorphisme génétique de cette population, cette étude peut être poursuivie par l’exploration :
• Du Chromosome Y (Thèse en cours A.Ducourneau),
• Des marqueurs Gm des Immunoglobulines (Collaboration Marseille-Toulouse avec JM.Dugoujon)
• Des autres allèles rares du gène RHCE
. De plus, pour les individus porteur de l’allèle (C)ces, les gènes RHD et RHCE anormaux de cet haplotype particulier doivent être séquencés pour vérifier qu’ils sont identiques à ceux des haplotypes (C)ces des sujets d’origine africaine et antillaise. Il conviendra par ailleurs de confirmer leur génotype par sérologie en utilisant des anticorps composé anti-Ce ou par biologie moléculaire des gènes RHCE
. Il sera intéressant d’analyser la réactivité de l’antigène partiel RhC (titrage, réactivité avec des monoclonaux)
Pour les individus porteurs de l’allèle 733, il conviendra de tester l’expression de RH20 et / ou RH10 chez les sujets portant la mutation 733.
• Des bases moléculaires du phénotype D négatif. Celui-ci prend toute son importance dans la mise en place du génotypage RHD dans le cadre de la maladie hémolytique
du nouveau né. Chez les sujets non africains, ce phénotype est caractérisé (Wagner, 2001) par la présence en double dose d’une délétion du gène RHD (Colin Y, 1991).
Chez les sujets originaires d’Afrique subsaharienne, deux gènes supplémentaires sont retrouvés avec une fréquence non négligeable qui peuvent aboutir à ce phénotype : le pseudogène (Singleton, 2000) et le gène hybride RHD-CE-D associé à l’haplotype (C)ces produisant un antigène RH2 faible (Faas, 1997).
Vous noterez qu'on y dit que l'étude ne porte que sur certaines signatures génétiques et qu'il conviendrait de confirmer ses conclusions par l'analyse d'autres signatures qui n'ont pas été étudiées ici. Je retrouve cela dans la plupart des études génétiques que je trouve quand je cherche à répondre aux arguments de ceux qui croient que les signatures génétiques signent une population entière. Si vous prenez la peine de lire toute l'étude, j'espère que vous regarderez le nombre d'individus porteurs des différents marqueurs. Sur 197, les marqueurs les plus fréquents sont portés par moins de 20 individus et il s'agir d'une population insulaire, donc les apports extérieurs sont plus limités que dans une population vivant au cœur de l'Europe.