Dupleix a écrit :
Je n'ai pas lu la nouvelle de Mme de Lafayette ; mais trouvez-vous le sort de Marie de Montpensier plus enviable dans le film de Tavernier ? Céder au duc de Guise n'est-il pas une erreur dans le film aussi ?
Pour moi le film de Tavernier ne prône rien du tout et certainement pas une quelconque liberté sexuelle (où la voyez-vous dans le film ?).
Je pense que vous faites erreur en y cherchant un message de moraliste, message qui est sans doute présent dans la nouvelle (si j'en juge par votre extrait) mais à mon avis pas dans le film.
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J'ai dû mal m'exprimer car je suis tout à fait d'accord avec vous : il n'y a pas de message moral dans ce film, la liberté sexuelle n'est aucunement prônée, il n'y a pas même vraiment de condamnation" bateau" des guerres de religion.
Citer :
Je crois que Tavernier a été avant tout intéressé par l'intrigue et le personnage de la jeune femme, dont le désir de liberté se heurte à un monde dominé par les hommes, et dont le malheur est d'être aimée ou désirée par trop d'hommes (cf l'affiche du film...)
Oui, c'est peut-être tout simplement ça mais il y a un gros problème au niveau de la réalisation.
Car comment la spectateur peut-il voir cette femme comme une victime dans la scène ridicule où elle se dispute avec son père ?
La pire étant celle où la princesse de Montpensier apprend que Guise l'a déjà oubliée. Elle se contente de dire "On m'avait dit que nous seriez pas toujours fidèle à vos sentiments". Une scène particulièrement râtée.
On peut comparer cette scène avec celle des Liaisons dangereuses de Stephen Frears où Valmont rompt avec Mme de Tourvel en répondant à toutes ses questions par "Ce n'est pas ma faute". Mme de Tourvel s'effondre complètement à ce moment là. C'est une scène déchirante et tout à fait vraisemblable.
Comment ressentir le drame de cette femme quand on n'arrive même pas à croire à ses sentiments pour Guise ? On est censé déduire que l'héroïne est folle amoureuse de Guise parce qu'elle s'est fait tripoter par lui au début du film... Je n'y ai pas cru un seul instant. Et c'est la même chose concernant les sentiments des autres personnages.
Alceste a écrit :
Esther a écrit :
[b La princesse de Clèves ne cède pas à Nemours et c'est en cela qu'elle est admirable pour les lecteurs de cette époque.
La princesse de Clèves ne cède pas à Nemours, mais elle va dire à son mari qu'elle aime Nemours et ça c'est original. De plus le prince de Clèves au lieu d'aller embrocher celui qui a osé déclarer sa flamme à sa femme meurt d'amour. Ça aussi c'est tout à fait atypique. Mais Mme de Lafayette ne peut pas écrire plusieurs fois la même histoire. Dans une histoire où la femme cède, une dame de la cour comme Madame de Lafayette ne peut pas être chose que moralisante, sans cela elle serait unanimement condamnée. Il faut savoir aller au delà des apparences moralisantes. Après tout Don Juan aussi est puni à la fin. En tous cas s'il y a un texte d'elle qui n'est pas à l'eau de rose ce sont bien ses mémoires. Son récit de la mort de Madame est effrayant.
Je pense que La princesse de Montpensier est un récit moralisant (même si la démonstration n'est pas appuyée) et peut difficilement se lire autrement si on s'en tient au texte (et non à l'oeuvre de Mme de La Fayette). Mais La princesse de Clèves qui, dans le fond raconte exactement la même chose mais avec une héroïne qui agit différemment, propose une "morale" personnelle, individuelle, loin des convenances de l'époque. Mme de Clèves ne cède pas à Nemours parce qu'elle donne un prix à sa personne et proclame sa liberté en refusant les faux-semblant, l'hypocrisie des relations humaines à la cour, et surtout en refusant de devenir la plus belle "prise" de M. de Nemours. En cela, je pense que que ma lecture se rapproche de la vôtre.