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Une brève remarque, du point de vue historique il est intéressant de noter qu'à l'heure actuelle, lorsqu'on aborde des questions de ce genre, on semble être absolument tenu de s'excuser de s'en prendre à l'Eglise et de jurer ses grands dieux qu'on n'a pas un poil d'anticléricalisme, comme si l'anticléricalisme était un point de vue déshonorant et l'Eglise plus ou moins incriticable. Il est vrai aussi que l'on observe des tendances analogues lorsqu'il est question de l'Islam. S'en prendre à une religion semble de nos jours être considéré, assez largement, comme 'mal'.
Marrant, parce que c'est plutôt "bien" et vendeur, d'être anticlérical. Peut-être que la question ne se serait pas posée s'il avait évité de glisser qu'il voyait le MA et sa série comme un "miroir déformant de notre époque" et une "dénonciation de l'obscurantisme", façon élégante de glisser que quelque part, il avait quand même envie de se faire les religions, voire une en particulier. Si derrière il n'assume plus ses propres propos, c'est lui que ça regarde : l'Eglise n'a pas exigé la censure de la série, elle a juste exercé le droit de réponse dont dispose n'importe qui, à propos du fait qu'une fois de plus on la présente comme n'ayant pas changé d'une virgule depuis le XVe siècle et de ne toujours rêver qu'Index, massacres et bûchers. C'est le droit du sieur Cuche de colporter cette vision-là de l'Eglise et c'est le droit de l'Eglise de répondre, ainsi va la liberté d'expression. De même que c'est le droit du sieur Cuche de présenter un Moyen Age de fantasmes et le droit des historiens de rappeler que ce n'est pas la réalité, à chacun de voir quel poids il accordera à telle ou telle vision. Enfin, s'il veut "s'excuser" parce qu'il a la trouille de recevoir un kamikaze chrétien, qu'il feuillette les journaux et il verra que ce genre d'événement est "relativement rare".
Par contre, ça me trouble profondément que la fiction soit devenue un genre qui permet d'écrire n'importe quoi sur n'importe qui en insinuant que c'est de la fiction mais quelque part un peu de la réalité... mais aussi qu'on ne devrait pas autoriser les droits de réponse des uns et des autres choqués par l'insinuation en question.
Si le réalisateur a le droit d'exprimer sa vision, les autres ont le droit de la commenter. Pour l'instant, la censure populaire, c'est bien les commentateurs qu'elle vise, pas l'oeuvre.