Je viens de revoir la version de 1958, et je rejoins votre avis sur plusieurs points.
jovien a écrit :
Les acteurs jouant le couple sont bien moins beaux, la moustache et la coiffure de Grigori ne sont pas du tout à la mode actuelle. Résultat : ce sont moins des amants merveilleux auxquels on s'identifie, que des gens qu'on juge à distance (surtout au début).
La coiffure de Grigori et d'autres cosaques est un peu étonnante avec une grande partie qui déborde de la casquette sur le côté gauche en haut de la tête. Mais ça devait probablement être comme ça dans la réalité, sinon Cholokhov et les commentateurs auraient critiqué cette coiffure.
Je crois que c'est surtout le maquillage qui donne un aspect assez laid. Grigori a le visage tartiné d'au moins trois yaourts, ce qui lui donne un teint très blanchâtre, parfois presque verdâtre.
L'attitude très froide de Grigori est aussi un peu déroutante. Il ne rit pratiquement jamais, et il ne montre pas beaucoup de tendresse. Mais cela correspond sans doute à la mentalité de l'époque, qui devait être plus macho qu'actuellement.
jovien a écrit :
Le film est constamment politisé
Oui, tout à fait, surtout toute la deuxième partie.
A propos de la version récente, vous disiez :
jovien a écrit :
Pas mal de scènes de combats (de 1914 à 1921). Toutes opposant de la cavalerie cosaque à de l'infanterie, ou de la cavalerie cosaque à de la cavalerie.
La première scène - en 1914 - le cosaque est équipé d'une lance. Quand il n'a plus sa lance, il sort son sabre. Il n'a ni pistolet ni carabine.
Les autres scènes, même chose moins la lance.
Dans la version de 1958, c'est à peu près pareil. Donc, il semblerait qu'une charge cavalerie à la lance et au sabre puisse s'avérer parfois efficace contre des mitrailleuses.
jovien a écrit :
On ne voit jamais un cheval être blessé, ni mourir : on voit des cavaliers être blessés ou tués sur leur cheval, ou bien on voit le cheval tomber, mais alors il se relève toujours. C'est évidemment irréaliste. Je m'étonne de cette pudeur concernant les dégâts faits aux chevaux, universelle au cinéma.
Dans la version de 1958, on voit de nombreux chevaux tomber (sans se relever), et on parle relativement beaucoup des chevaux. Par exemple, lorsque Grigori se dépêche de revenir quand sa femme est très malade dans la troisième partie, un personnage dit qu'il est fou qu'il va tuer ses chevaux en les faisant galoper tout le temps. Et le film se termine sur une scène où Grigori fait un cadeau important à un inconnu. Il donne son cheval. Symboliquement, ce geste signifie le renoncement total à son statut de militaire cosaque (mais c'est vrai aussi qu'il lui reste le cheval de sa femme).
jovien a écrit :
Le village est au bord du Don
Le film de 1958 a été tourné dans un village qui a été reconstitué. Personnellement, j'ai eu la chance de passer plusieurs jours dans un village proche du Don, et de dormir dans une maison de paysans. C'était assez ressemblant. Notamment, j'ai vu des maisons carrées un peu surélevées par rapport au niveau du sol, probablement à cause de la neige en hiver, à un seul étage, avec un toit peu pentu. A l'intérieur, il y a plusieurs pièces, comme le montre le film, et ces pièces sont reliées par des portes qui sont ouvertes généralement. Il n'y a pas de couloir.
jovien a écrit :
Les maisons du village ne sont pas des isbas (en bois).
Dans la version de 1958, on voit plusieurs maisons en bois.
jovien a écrit :
Comme en général les maisons d'un village russe, elles ne sont pas contiguës. Le sol de la rue est non pavé.
C'est vrai de nos jours encore dans les villages de cette région.
jovien a écrit :
Pas de poêle russe (en céramique) dans la pièce principale (à vrai dire, je n'ai pas vu de cheminée non plus, ni de poêle métallique : rien qui permette de se chauffer).
La version de 1958 est plus fidèle car elle montre le poêle. On le voit dans la troisième partie. Les cheminées ne se voient pas parce qu'elles sont relativement discrètes. C'est souvent seulement un gros tuyau qui sort à peine du toit.
jovien a écrit :
Le sol ne craque pas quand on marche (le bois craque, pourtant..).
Là où j'ai dormi, le plancher ne craquait pas non plus, ou très peu.
jovien a écrit :
Les cuillères sont en bois. La vodka se boit dans d'assez grands verres, à grands traits (éventuellement, cul-sec...) . Les femmes en boivent aussi.
Les gens de là-bas sont assez attachés à leurs cuillères en bois encore de nos jours. Les femmes boivent bien évidemment de la vodka, surtout à la campagne, mais en quantité plus modérée que les hommes.
jovien a écrit :
Ce qui m'a semblé être de la steppe : un territoire très peu boisé (mais peut-être n'était-ce pas de la steppe mais un territoire défriché ?).
En effet, cette région est moins boisée que d'autres régions d'Ukraine et de Russie.
jovien a écrit :
L'image de 1958 est bien moins bonne ; de la musique aux passages pathétique.
J'aime bien la musique de 1958. Et je trouve que les bruitages sont très bons. On entend souvent des chiens, des coqs, des vaches, des branches qui s'agitent dans le vent. J'ai entendu sur place les mêmes sons.
jovien a écrit :
Personnellement, j'ai préféré la version 2006.
Je ne l'ai pas encore vue, mais vous me donnez envie de la voir.