Wikipedia est plus nuançé:
" ... La composante antisémite de ce film a éveillé les consciences des spectateurs pro ou anti-allemands. Les étudiants catholiques lyonnais perturbent, en mai 1941, la projection du film au cri de : « Pas de films nazis : rendez-nous nos pommes de terre et gardez vos navets ! ». Des violences antisémites sont enregistrées après sa projection à Marseille, entre autres. Le film est l'objet de quatre attentats à la bombe dans des salles de projection à Paris et à Toulouse. Trois revues de zone Sud, Temps nouveau, Esprit, Jeunesse, osent dire leur désapprobation, le payant de leur interdiction. La presse collaborationniste l'acclame. En 1942, l'hebdomadaire pro-Doriot L'Assaut salue Le Juif Süss comme « ABC de l'antisémitisme »22. Je suis partout parle d'une « œuvre d'une portée vaste et sérieuse »23. "

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

Là c'est drôle. Pauvre Göbbels !

De deux chose l'une : soit le film véhiculait des stéréotypes sur "le juif riche" qui semblaient une évidence à un public nourri de ce préjugé, soit cet aspect lui passait complètement au dessus de la tête, et le fait que le méchant du film soit juif n'avait aucune importance à ses yeux.


"Der ewige Jude" : "Le Juif éternel."

Preuve que la propagande antisémite ne passait pas quand elle s'exprimait de façon outrancière. (Il me semble que le film présente des infirmités de naissance, preuve que la "race juive" est dénaturée.

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)

Oui, je pense que c'est un peu ça, pauvre Goebbels, qui n'avait pas compris que son sujet était trop spécifique germanique et nazi et n'était guère exportable ! A l'époque (en 41) le cinéma était un refuge (pas cher du tout à cette époque) pour le spectateur français qui était déjà noyé sous un flot de films allemands "léger" souvent à prétexte historique. La majeure partie ne véhiculait pas d'idéologie (ou alors légère style "Kolberg") c'était du simple divertissement. Tout au plus exaltaient-ils l'exemple de grandes figures (surtout allemandes bien sûr). Par exemple le Dr Koch découvreur du bacille du même nom, ou le président Kruger (parcequ'il avait lutté contre les anglais… ).

Faudrait avoir le détail (dans le chiffre de un millions de spectateurs) du pourcentage de français qui y ont été réellement par conviction antisémite (il y en a eu forcement). Mais je ne trouverait pas si surprenant que beaucoup de ceux qui l'ont vu y aient été simplement mus par la curiosité et pas pour une conviction quelconque. Et je ne pense pas non plus que l'aspect "idéologie raciale" leur soit passé au-dessus de la tête. Le spectateur moyen n'était pas plus idiot que maintenant. Simplement celui qui ne voulait voir qu'un film de distraction a suivi la parti romanesque en laissant l'idéologie aux allemands (il devait juste penser de temps en temps "font ch*ier avec leur propagande…" ).

Sinon oui il y a eu des réactions (et c'est tout à leur honneur) comme celles (citées dans wiki) à Lyon, à Marseille ou d'autres ailleurs (dans des lycées aussi). Mais rien de suffisamment organisé (ce qui aurait été malheureusement sans doute quasi impossible) qui auraient réellement pu inquiéter les allemands.

Sinon, pour le film documentaire de propagande antisémite, "Der ewige Jude" ci-dessous un lien vers une VO sous-titrée en anglais (j'ai pas réussi à en trouver en français). En le voyant on mesure alors à quel point (pour les allemands) le "Juif Süss" devait être classé comme une propagande légère et subtile…

https://archive.org/details/TheEternalJ ... rEwigeJude