cush a écrit :
Un sujet avait été ouvert sur ce doc la semaine dernière (voir un peu plus bas). Si vous ne les avez pas vus, il faut reprendre aussi les premiers épisodes, la marche et l'entrée dans le conflit. Je trouve personnellement cette série très bien faite. Au final, beaucoup moins "moralisatrice", plus proche du vécu individuel mais sans exclure la "grande histoire".
Il me faudra du temps mais j'achèterai les DVD. Lorsque soudain l'on comprend, du côté humain, pas du côté des alliés et des ennemis, il faut un temps certain pour "digérer". Je vais regarder la suite, j'étais tellement loin d'imaginer ce conflit ainsi. C'est bien "Apocalypse" mais ceci me convient mieux car il y a les mots, les vrais et c'est terrible.
Merci Hugues, j'ai songé aux cartouches mais le temps de sortir le tout ceci me paraissait impossible. Merci encore.
Concernant les blessés, je savais déjà mais ceci est un peu le côté "pratique" lorsque l'on est dans l'action au niveau médical. Il n'y a pas d'antalgiques pour tout le monde alors en général, les cas "fichus" on les marque au front et ceux qui posent questions ou hurlent, on les calme en leur disant que justement si on ne leur "donne" rien, c'est pour les autres qui sont plus gravement blessé. Les hommes sont dans un état tel : ont-ils cru ? Ont-ils compris ? Les femmes qui ont pu servir de nurses ont été chanceuses. Il est bien plus difficile d'être dans l'attente d'une lettre en travaillant aux champs ou dans une usine. Au milieu de blessés, il y a l'odeur, les cris, les pleurs, les ordres. En battant le blé, on a tout le temps de songer, de se focaliser sur son époux, son frère, son père. Dans un hôpital ou ce qui en sert, c'est comme dans un service d'urgence mal organisé (et il en existe encore de nos jours) : on bidouille, on ment pour l'attente, on ment sur ce qui va suivre, on ment sur le médecin, sur ce qui reste en pharmacie, sur qui va prendre le K etc. On n'est pas hanté par ce qui pourrait être puisque l'on voit. Et puis c'est aussi plus porteur via ceux qui s'en tirent. J'ai été étonnée de voir à quel point les amputés étaient vite pris en main et rééduqués voire même avoir un peu d'humour : "...Ne t'étonnes pas si j'ai une écriture d'enfant, j'écris de la main gauche... mon bras droit est amputé...". Il y a des phrases ainsi qui s'enchaînent, que l'on ne peut que retenir.
Autant "Apocalypse" me semble avoir optimisé le côté mécanique ce qui induisait des sentiments binaires : les bons qui payaient le prix fort et les autres qui ne "payaient" jamais assez. Là, à travers les mots de ces hommes, des nurses, de la jeune cosaque, du lieutenant prussien, du soldat terrorisé à l'idée d'être atteint par la fameuse "maladie S", du problème arménien (souvent ôté de son contexte), du choc des cultures. C'est totalement autre chose : c'est la guerre, non vue par la trajectoire optimale d'un obus mais par des hommes. C'est toute la différence et elle est de taille.