Pierma a écrit :
Robert Spierre a écrit :
Lorsqu'on ne sait pas ce que c'est/lorsqu'on ne l'a jamais vécue, je pense qu'il est inimaginable de "concevoir" la vie sous une dictature.
Et à quoi servirait alors le métier d'historien ?par ailleurs, on peut parfaitement avoir vécu enfant l'atmosphère d'une dictature dans le cadre familial. Les cas ne manquent pas.
Je ne vais évidemment pas remettre en cause le métier/le rôle de l'historien mais je pense que sur certains sujets/thèmes il existe une "certaine" limite (au delà de laquelle...), ou un "univers" qu'il ne pourra jamais traiter.
D'autant plus que ces "thèmes" (ou périodes de l'Histoire) sont de + en + éloignés, en ce qui concerne le temps.
Par quels moyens un historien peut expliquer, définir ce qu'est la souffrance, le vécu de cette souffrance et sa conséquence quant au comportement des individus qui la subissent et, dans un sens historique, vont l' "écrire", à savoir l'Histoire ?
Je relis l'excellent ouvrage de Nicolas Bernard, "La guerre germano-soviétique 1941-1945", et je pense que le livre ne peut "expliquer" (avec tout ce qui est lié à la logique, l'étude des documents, des faits etc.) le comportement (et ainsi, la réaction) de gens (à savoir les Russes/Soviétiques) confrontés à une situation
extrême. Les situations extrêmes engendrent logiquement une réaction extrême : en lisant "La Chute de Berlin" d'Antony Beevor on prend connaissance des viols commis par les soldats de l'Armée Rouge sur les femmes allemandes : c'est horrible/abject évidemment, mais l'historien, en décrivant les faits (et en annonçant des chiffres, des statistiques) décrit-il la psyché de jeunes soldats, par exemple, biélorusses qui découvrirent, en revenant sur leurs terres (après le départ de la Wehrmacht), leurs villages détruits incluant ses habitants, c'est-à-dire leurs familles, les proches etc. ?
C'est pour cela que les notions de courage/lâcheté etc. peuvent être tendancieuses, notamment en ce qui concerne leur(s) contexte(s).
Nicolas Bernard parle du "courage" des soldats roumains à l'occasion de l'opération Uranus (pour résumer, l'encerclement de Stalingrad) mais on ne sait pas ce qu'il veut dire. Il aurait parlé de "lâcheté" et on aurait pu se demander si c'était de la "lâcheté" que de fuir, simplement armé d'un fusil, face à une horde de T-34 ?
C'est pour cela que j'évoquais l'impossibilité à décrire objectivement une situation "extrême" sans l'avoir vécue : qui peut décrire un séjour en prison sans y avoir été ?
Ainsi, pour en revenir à l'Occupation, qui peut dire, aujourd'hui, ce qu'il aurait fait à l'époque (je précise : je fais la différence entre (vrais) Résistants et miliciens) ?
D'autant plus avec, à la tête de la France, un gouvernement qui n'est pas arrivé au pouvoir par un coup d'état.
PS : mes amis, désolé si j'ai été un peu abscons...
C'est vraiment une commune du Nord...