Champollion a écrit :
On insiste plus sur une France recherchant tout bonnement à survivre au jour le jour pendant une occupation dure (donc attentiste et passive surtout), les impératifs plus élevés devait bien souvent passer au second plan, de même qu'il n'y eut qu'une faible proportions de résistants (même très faible dans les deux premières années,2% je crois) il n'y eut que peu de collabos (de gros) déclarés sauf qu'il faut savoir ce que l'on met sous le nom de collabos ou résistant, quelles sont les limites: tracer une croix de lorraine sur un mur ou un sabotage est un acte de résistance de même qu'être complaisant avec l'occupant (quand bien même ce serait "vous voulez ma meilleure chambre messieurs les allemands ?") de manière assez régulière permet aux nazis de mieux "vivre" dans un pays est occupé, ce qui se rapproche d'un acte de collaboration ou encore de continuer de travailler dans un journal à la botte des allemands (pour son salaire certes mais dans ce cas là on aide à la propagation efficace des idées de l'occupant également). Et puis il y a ceux qui ont changés, de Mitterrand au jeune qui a ses début ne manquait pas de saluer le portrait du maréchal puis qui se met à ne plus le faire et à ne plus se montrer"gentil" avec l'occupant ...
Vous touchez du doigt un point important, sinon primordial: que peut-on qualifier de résistance?
Deux exemples: un film de Claude Berry, "Le vieil homme et l'enfant" ou comment un antisémite sauve un gamin juif (en partie autobiographique il me semble) et un exemple tiré d'un livre édité à compte d'auteur dans un village de Normandie.
Mi 1943, un spitfire de retour d'une escorte se crashe aux alentours du village. Pilote (un Canadien de vingt ans) tué. L'épave est aussitôt cernée par les Allemands. Le curé sonne le tocsin et le village se rassemble devant l'église. Une procession se met en branle, derrière le curé et ses enfants de chœur et se dirige vers l'épave. Moment de doute, d'hésitation de part et d'autre et finalement, le curé avançant, le cordon allemand le laisse passer ainsi que les villageois. Le corps du pilote est ramené à l'église ou une messe est dite. Le pilote est finalement enterré dans le cimetière du village. Jusqu'en juillet 44 (libération du village), la tombe sera fleurie toutes les nuits et les fleurs seront retirées par le garde champêtre dans la journée (nul ne sait qui fleurissait la tombe la nuit, peut-être le garde champêtre lui-même pour justifier son travail?). En 1947, un couple d'étrangers d'un certain age arrive au village: les parents du gamin tué en 43 bien sûr. Ils sont venus chercher la dépouille de leur enfant pour lui donner une sépulture chez lui, dans son village natal. Ils voient la tombe, fleurie (jour et nuit cette fois), propre et entretenue. Ils décident de laisser leur enfant reposer là où il est tombé, sous la garde bienveillante du village...
Je vais répondre à la question tout de suite: aucune trace, jamais, d'aucun résistant dans ce petit village. Simplement des gens qui font ce qu'ils peuvent pour survivre mais qui ne sont pas prêts à sacrifier ce qu'il reste de dignité au prétexte que la soupe est sur le feu.
Il n'est pas nécessaire d'avoir une arme en main ou de passer des renseignements pour conserver sa dignité et un geste tel que celui-là le démontre à mon avis amplement. Il y aurait un énorme travail à faire pour recenser ces actions discrètes qui conservent sa cohésion et son humanité au groupe, du plus magnifique (Le Chambon sur Lignon par ex) au plus modeste (comme ce Canadien inhumé avec respect).