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la série "Un village français"
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Auteur :  jovien [ 25 Avr 2014 0:21 ]
Sujet du message :  la série "Un village français"

Je découvre cette série avec une certaine passion. Je viens de voir toute la saison 1. Elle se passe en 1940.

Les enfants disaient à la maîtresse d'école "Maîtresse" (et non Madame). Je me demande quand ça a cessé de se faire.
On voit une postière conduire un camion de la poste. Usage de temps de guerre, ou usage normal ?
Pas mal de gens portent des vestes en cuir, qui ont à peu près disparu de nos jours.
Un inspecteur de police vient chez des bourgeois. Le maître de maison lui dit d'entrer. Il rentre et lui parle, sans ôter sons chapeau. Je croyais qu'on ôtait son chapeau quand on entrait chez des gens ?
Le seul point qui est très anachronique ou erroné, c'est que dans cette sous-préfecture imaginaire du Jura, les gens n'ont aucun accent...
Avant l'armistice, un avion allemand mitraille une classe qui picnique. L'avion allemand vole très près du sol quand il tire. Les avions allemands tiraient-ils sur des civils ?

Auteur :  Narduccio [ 25 Avr 2014 0:35 ]
Sujet du message :  Re: la série "Un village français"

jovien a écrit :
Les enfants disaient à la maîtresse d'école "Maîtresse" (et non Madame). Je me demande quand ça a cessé de se faire.

Il me semble que je faisais encore cela dans les années 60.
jovien a écrit :
On voit une postière conduire un camion de la poste. Usage de temps de guerre, ou usage normal ?

Au début de la guerre, il y a des millions de prisonniers en Allemagne. Ce sont des femmes qui les remplacent.

jovien a écrit :
Un inspecteur de police vient chez des bourgeois. Le maître de maison lui dit d'entrer. Il rentre et lui parle, sans ôter sons chapeau. Je croyais qu'on ôtait son chapeau quand on entrait chez des gens ?

C'était une question de politesse. Mais, dans pas mal de films policiers en noir et blanc, on voit de telles pratiques. En fait, c'est une manière de dire que l'inspecteur se sent supérieur au bourgeois.

jovien a écrit :
Avant l'armistice, un avion allemand mitraille une classe qui picnique. L'avion allemand vole très près du sol quand il tire. Les avions allemands tiraient-ils sur des civils ?

Il y a un certain nombre de témoignages, dont des témoignages de gendarmes et de militaires sur de telles pratiques.

Auteur :  Calame [ 25 Avr 2014 10:36 ]
Sujet du message :  Re: la série "Un village français"

Narduccio a écrit :
jovien a écrit :
Les enfants disaient à la maîtresse d'école "Maîtresse" (et non Madame). Je me demande quand ça a cessé de se faire.

Il me semble que je faisais encore cela dans les années 60.


Ca se fait toujours... C'est au collège qu'ils passent du maîcreeeesse au madââââme :mrgreen:

Auteur :  jovien [ 25 Avr 2014 21:26 ]
Sujet du message :  Re: la série "Un village français"

@Narduccio

Une réponse rapide et très informée, comme on les apprécie...
Je continue de regarder la série et continue de poser des questions (ou de faire des remarques)...


- Le commissaire dit deux fois "klaxon" en prononçant la dernière syllabe comme dans "canon". Je suppose que c'est très vrai : un détail soigné.
- Le médecin Daniel Larcher dit "c'est un logement de bon standing" (prononciation actuelle). Le mot m'a fait tiquer, mais le "klaxon" employé plus tard m'a convaincu de faire confiance aux réalisateurs pour ce genre de détail.
2° Certaines voitures ont le volant à gauche, d'autres à droite : apparemment l'usage n'étai pas établi.
3° Je n'avais jamais réalisé que le pas de l'oie était un pas de parade, et que les patrouilles de soldats allemands marchaient au pas, évidemment, mais pas au pas de l'oie.
4° Sur les casques allemands, un écusson noir blanc rouge en diagonale, si bien que ça ressemble beaucoup à un drapeau français (le noir se détache mal sur le foncé du casque, on peut le prendre pour un bleu).
5° Une pièce de vêtements féminin typique de ces années là et qui a presque complètement disparu : le bérêt.
6° Deux détails m'ont paru peu vraisemblables :
- Dans sa visite régulière (et secrète) au bordel (français) le commandant allemand emmène sa mallette et s'endort (ce qui permet à la prostituée (Natacha) de lire le contenu de la mallette) (d'ailleurs, il est assez étonnant qu'une prostituée connaisse l'allemand).
- Le gestapiste Müller va secrètement chercher sa morphine de drogué chez le médecin Daniel Larcher, mais pas assez discrètement pour ne pas se faire apercevoir une fois par la postière. Bizarre que ce grand professionnel ne parvienne pas à être suffisamment discret...
7° Je reviens sur le port du chapeau. Le flic privé embauché par Daniel Larcher pour filer la femme de ce dernier, lui aussi, quand il pénètre chez Larcher, garde son chapeau sur la tête. Je me dis que, quand on rentre chez quelqu'un sans retirer sa veste ni s'asseoir, et qu'on reste entre hommes, il était relativement possible de garder son chapeau - dans une civilité non bourgeoise, peut-être ?

Auteur :  jovien [ 27 Avr 2014 8:00 ]
Sujet du message :  Re: la série "Un village français"

A un moment la postière Suzanne (à moins que ce ne soit Marie la métayère ?) dit : "J'ai mes enfants à m'occuper" pour "j'ai à m'occuper de mes enfants".
Cette faute (ou cet usage régional ?) donne à la conversation de la vraisemblance et de l'épaisseur.
Pour le moment, le seul point qui me gêne est que je ne me représente pas la taille de la sous-préfecture (imaginaire) où se déroule l'action : j'aurais aimé une vue aérienne, ou un personnage faisant découvrir la ville à un autre personnage.

L'usage du mot "camarades" par certains communistes est particulièrement glaçant : impersonnel et déshumanisé. Et, pour le moment du moins, le personnage que je trouve le plus antipathique n'est pas Müller, pourtant gestapiste, tortionnaire et violeur, mais Edmond, le cadre communiste : un bloc de béton, un homme dont on se dit qu'il n'aime rien, un homme engagé dans les rapports les plus déshumanisés qui soient. Et le plus sympathique des personnages masculins m'est le collabo économique Raymond Schwarz.

C'est la deuxième fois de ma vie que je regarde une série télé et je suis étonné de l'emprise qu'elle prend sur moi.
Je me dis qu'une des raisons de cette emprise est d'ailleurs le temps qu'on y passe : un film se voit en deux heures, tandis qu'un roman se lit en nettement plus de temps (pour lire un romand de huit cents pages il faut dix ou vingt heures, je pense, et facilement une semaine). Rien d'étonnant à ce qu'un roman marque plus qu'un film.

Auteur :  jovien [ 28 Avr 2014 20:25 ]
Sujet du message :  Re: la série "Un village français"

Je continue de la voir.
Le maire Daniel Larcher dit au commandant Kollwitz "mon commandant" ai lieu de dire "commandant". Etant donné que le maire est évidemment très habitué au langage officiel, et en plus qu'il voit Kollwitz pour le travail à la Kommandantur, c'est nettement une faute de sa part.
Elle m'étonne, mais je fais plus confiance aux auteurs de la série qu'à moi quant à la vraisemblance...

Auteur :  Jerôme [ 28 Avr 2014 20:33 ]
Sujet du message :  Re: la série "Un village français"

Je ne comprends pas la remarque de Jovien : ne faut il pas toujours dire " mon commandant" ? " mon" signifiant " monsieur" ....dire " commandant" aurait été grossier et maladroit.

Auteur :  cush [ 28 Avr 2014 22:20 ]
Sujet du message :  Re: la série "Un village français"

Jerôme a écrit :
Je ne comprends pas la remarque de Jovien : ne faut il pas toujours dire " mon commandant" ? " mon" signifiant " monsieur" ....dire " commandant" aurait été grossier et maladroit.

Je ne suis pas spécialiste des bonnes manières mais il me semble qu'en l'occurrence, le "mon" doit être dit par les militaires (passé ou présent, engagés ou appelés) mais pas par les civils qui ne sont pas ou n'ont jamais été militaire. Mon serait donc le signe de l'appartenance à un corps (celui de l'armée).

Auteur :  Jerôme [ 28 Avr 2014 22:24 ]
Sujet du message :  Re: la série "Un village français"

Wikipedia indique la pratique que j'ai toujours observée :

"Les appellations restent les mêmes que l'on ait un grade supérieur ou subordonné à la personne à laquelle on s'adresse. Le règlement de discipline générale permet toutefois d'appeler un subordonné directement par son nom.

Par politesse, les hommes de la société civile utilisent les mêmes appellations que les militaires pour s'adresser à un officier. En revanche, une femme de la société civile s'adresse à un officier subalterne en disant « Monsieur » et à un officier supérieur en l'appelant par son grade sans le faire précéder de « mon »."

Auteur :  cush [ 28 Avr 2014 22:35 ]
Sujet du message :  Re: la série "Un village français"

merci pour la précision.

Auteur :  jovien [ 29 Avr 2014 0:23 ]
Sujet du message :  Re: la série "Un village français"

Jerôme a écrit :

Par politesse, les hommes de la société civile utilisent les mêmes appellations que les militaires pour s'adresser à un officier. En revanche, une femme de la société civile s'adresse à un officier subalterne en disant « Monsieur » et à un officier supérieur en l'appelant par son grade sans le faire précéder de « mon »."


Mais non. L'usage traditionnel est qu'un civil bourgeois ne dise pas "mon". C'est un domestique, ou un homme du peuple, qui, par déférence, éventuellement le dira.
A fortiori un officiel dans une relation de travail ne le dira pas.
Et un Français, militaire ou civil, ne dira jamais "mon" à un officier ennemi.

Ces usages sont en train de changer (principalement du fait que tous les gaullistes appelaient de Gaulle "mon Général", comme s'ils étaient toujours dans la France Libre), mais, à mon avis, en 1941, ils étaient fermement établis. D'où mon étonnement.

Auteur :  jovien [ 29 Avr 2014 0:29 ]
Sujet du message :  Re: la série "Un village français"

D'ailleurs, le directeur d'école, très poli et courtois, appelle Kurt "Monsieur le Fedwebel". La courtoisie, pour un civil français, consisterait à dire "Monsieur le commandant". Mais un militaire qui dit "mon commandant" à un officier ennemi commet une faute caractérisée, et un civil qui le fait est tout à fait en dehors des clous.

Auteur :  jovien [ 29 Avr 2014 12:34 ]
Sujet du message :  Re: la série "Un village français"

un point qui - à tort peut-être - me semble invraisemblable : en 1941 la Wehrmacht du Jura qui passe de grosses commandes dé béton. Comme si la Wehrmacht avait construit des fortifications dans le Jura en 1941 !

Auteur :  jovien [ 30 Avr 2014 7:27 ]
Sujet du message :  Re: la série "Un village français"

jovien a écrit :
Jerôme a écrit :

Par politesse, les hommes de la société civile utilisent les mêmes appellations que les militaires pour s'adresser à un officier. En revanche, une femme de la société civile s'adresse à un officier subalterne en disant « Monsieur » et à un officier supérieur en l'appelant par son grade sans le faire précéder de « mon »."


Mais non. L'usage traditionnel est qu'un civil bourgeois ne dise pas "mon". C'est un domestique, ou un homme du peuple, qui, par déférence, éventuellement le dira.
A fortiori un officiel dans une relation de travail ne le dira pas.
Et un Français, militaire ou civil, ne dira jamais "mon" à un officier ennemi.

Ces usages sont en train de changer (principalement du fait que tous les gaullistes appelaient de Gaulle "mon Général", comme s'ils étaient toujours dans la France Libre), mais, à mon avis, en 1941, ils étaient fermement établis. D'où mon étonnement.


En progressant dans la série, je vois que c'est non seulement le maire mais aussi le sous-préfet qui appelle le commandant allemand "mon commandant". Certes, il est collabo à fond, cela dit je n'en reviens pas. Pour donner un exemple, je me souviens parfaitement d'une lettre de Blum à de Gaulle où Blum donnait à de Gaulle du "général" et non du "mon général".

Auteur :  jibe [ 30 Avr 2014 8:05 ]
Sujet du message :  Re: la série "Un village français"

S'il n'y avait que ces impropriétés dans cette série ! La télévision semble ces temps-ci passer toute notre histoire récente à travers un tamis de niaiseries émotives, sans aucun respect de la réalité des faits. C'est une reconstruction rampante, insidieuse, genre révisionnisme, dont il faut craindre les conséquences. J'ai vécu dans un village à cette époque et RIEN, pas même la manière de s'habiller, n'y ressemblait.

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