Rapentat a écrit :
car chacun pouvait être un IM ( inoffizieller mitarbeiter )
traduction : collaborateur non officiel.
J'ai déjà raconté qu'alors que le régime s'écroulait, la Stasi a fait disparaître ses archives - au siège central, de toutes façons les dictatures archivent tout, elles rêvent du fichier ultime ou chaque citoyen serait connu sous toutes les coutures - mais que les broyeuses chargées jusqu'à la gueule ont rendu l'âme.
Ils ont donc mis tout le monde au travail, avec une minutie très allemande, pour déchirer le reste en petits morceaux.
Là dessus émeute à Berlin est, le régime s'écroule, et le bâtiment de la Stasi est pratiquement le premier pris d'assaut. Les premiers à y entrer comptent un bon nombre d'agents du BND - Bundes Nachrichten Dienst - le service secret de l'ouest, qui se dépensent pour que les émeutiers ne jettent pas tous les dossiers restants par la fenêtre, et tombent en arrêt sur des rangées de grands sacs de papiers déchirés, que la Stasi n'a pas eu le temps d'aller brûler.
Et donc, avec une minutie non moins allemande, le BND embauche des petites mains qui vont mettre deux ans à reconstituer le puzzle.
Ce n'est pas une chasse aux sorcières, et mis à part les agents de la Stasi - à qui il faut trouver un emploi inoffensif - il n'y aura pas de publication de listes de noms pour les surveillants bénévoles, les IM : on se serait écharpé dans tout le pays. Simplement le BND veut le nom de tous les collaborateurs pour enrichir ses propres dossiers, et parce que certains peuvent être des communistes convaincus éventuellement recrutables par la Russie. Il faut donc avoir l'info.
Cette histoire de papiers recollés m'a toujours amusé. J'ai vu ça dans un documentaire, et je vous garantis que recoller un sac entier constituait un vrai travail de bénédictin. (Ils utilisaient de grandes tables, un travail de malade !)