François Delpla a écrit :
On n'écrit ni ne filme rien sur lui qui ait une valeur historique, tant qu'on se refuse à voir qu'il avait des qualités intellectuelles et manoeuvrières tout à fait hors du commun.
Je n'ai pas encore vu le film, mais je ne pense pas qu'il soit nécessaire de l'avoir vu pour pouvoir contester cette affirmation.
Hitler n'avait pas de qualités intellectuelles extraordinaires. D'ailleurs, je me souviens d'un mot ironique d'un de mes professeurs soulignant que si Hitler a fait une fixation sur Nietzsche, c'est bien parce que la prose de ce dernier était beaucoup plus accessible que d'autres philosophes allemands.
Plus sérieusement, je partage plutôt la thèse selon laquelle, au contraire, le chaos induit par les révolutions ou situations équivalentes, permet à des tocards, des nuls, des médiocres, des ratés, des nuisibles, de parvenir au sommet du pouvoir. Sans ce chaos, ces personnes ne seraient pas parvenues au pouvoir et seraient restés des marginaux au mieux pittoresques.
Staline, comme Hitler, est le produit de la 1ère guerre mondiale. La Russie a été frappée par un chaos qui a permis le coup d'Etat du parti bolchévique. Alors que les chefs de ce parti étaient des théoriciens, c'est le seul qui ne l'était pas (passé terroriste), le plus besogneux de la bande, qui a fini par l'emporter grâce à sa froide détermination.
Hitler, lui, est le produit de la crise, de l'hyperinflation qui a produit en Allemagne une crise dont beaucoup semble avoir aujourd'hui de la peine à concevoir l'ampleur et le caractère cataclysmique.
Les seules qualités qu'il me semble possible de reconnaître à Hitler, c'est un magnétisme (qui aujourd'hui nous paraît ridicule, comme nous paraissent ridicules les mimimques outrancières de Mussolini) incontestable, une redoutable capacité de manipulation et une grande lucidité dans l'analyse des faiblesses des autres Etats.