Lampsaque a écrit :
1° Concernant le surnaturel, il y a deux choses distinctes :
1) Les visions (rares).
2) Les voix (jusqu'à trois fois par jour en prison).
Dans l’article que j'ai cité les auteurs – des psychiatres - examinent une à une toutes les pathologies qui s’accompagnent d’hallucinations et concluent que Jeanne n’en avait aucune. Je leur fait confiance
Je pense qu’un praticien sérieux insistera fortement sur le fait qu’il ne peut rien affirmer, n’ayant pas examiné le sujet, et laissera le « cas Jeanne d’Arc » aux historiens, qui peuvent chercher à l’expliquer par des raisons culturelles
Lampsaque a écrit :
, et donc pense comme eux que Jeanne mentait (ou fabulait, si l’on préfère).
On ne peut pas l’exclure.
Ce qui amènerait cependant à se poser une autre question. Si elle fabulait sans être malade, force est de constater qu’elle est allée jusqu’à l’extrême limite de la fabulation (nonobstant une rétractation, signature de la cédule, bien vite suivie d’abjuration). Alors :
- Jeanne victime d’une instrumentalisation ? Dans ce cas, instrumentalisée par qui ? Yolande and Co?
- Jeanne une fanatique, une « illuminée » (mais pas malade….quoique…) ?
- Jeanne idiote ?
Peut-être un peu des trois ?
Lampsaque a écrit :
2° Sur le fait que dans le livre Jeanne d’Arc Histoire et dictionnaire, les auteurs sont partisans de l’explication surnaturelle, il est vrai qu’ils ne l’affirment pas tout à fait explicitement, mais c’est constant. Par exemple, ils trouvent le livre de Michelet bon, mais entaché par son « parti-pris » rationaliste.
Rationaliste ? Je viens de relire le (long) chapitre « Jeanne d’Arc » de Michelet (Histoire de France) . Et l’article « Michelet Jules » du dictionnaire dont nous parlons. Je cite un extrait de ce dernier : «
Citer :
“Les esprits minutieux se plairont à relever ses erreurs, ses approximations et ses lacunes : la méthode suivie par Michelet, de fait, peut être critiquée. L'interprétation globale que donne Michelet de Jeanne demeure néanmoins parfaitement défendable, même si, à l'évidence, chacun est libre de s’en faire sa propre idée. Michelet lit la vie de Jeanne à travers celle du Christ. [...] Michelet écrit même : ” il fallait qu’elle souffrît” - tout comme le Christ devait mourir pour racheter l'humanité tout entière. [...] Michelet ne fait pas de Jeanne une sainte de vitrail. [...] Pour Michelet, persuadé du reste que ses voix sont des hallucinations, le fait que Jeanne, après avoir chuté une première fois au cimetière de Saint Ouen, ait de nouveau conçu des doutes sur ses voix ou sa mission ne diminue en rien les mérites de l’héroïne - au contraire, serait-on tenté de dire. Michelet insiste d’ailleurs lucidement sur les tentation multiples dont Jeanne devait être entourée, après ses victoires comme une fois emprisonnée."
Je n’y trouve rien qui permette de taxer les auteurs de l’article de « partisans de l’explication surnaturelle », mais j’y reconnais bien notre Michelet :-)
Lampsaque a écrit :
Ils n’évoquent même pas la possibilité qu’elle ait pu mentir. Comme l’explication par une maladie psychique suscite leur ricanements,
Ceux qui suscitent leurs ricanements sont ceux qui ont prétendu pouvoir affirmer des choses aussi précises que : Jeanne d’Arc a été victime de sentiments ou d’actes incestueux de la part de son père ; elle était lesbienne (tendance travestie) ; elle souffrait de schizophrénie avec « hallucinations unilatérales droites de la vue et de l’ouïe »...etc.
Lampsaque a écrit :
que reste-t-il donc, sinon le surnaturel ? Et effectivement, si l’on croit que Jésus a multiplié les pains et saint Denis a marché de Montmartre à Saint Denis portant sa tête en ses mains, pourquoi pas ?
Il reste tout le culturel, tout l’éclairage que l’histoire des mentalités et des croyances peut donner.
De fait, les auteurs de l’ « Histoire et Dictionnaire » n’excluent rien. Par exemple, page 248 (c'est moi qui souligne) : « Ou bien par suite d’un
subterfuge, ou bien au moyen de la consultation de
ses démons familiers... » ; « ...du coup,
selon elle,…. ; Sa conduite avec les esprits
censés lui apparaître et lui parler… ; etc. Mais j’aurais dû commencer par le début, par l’introduction de Philippe Contamine, que je t’invite à relire. Juste ceci, les premiers mots du 2ème paragraphe : «Revenons sur terre», qui écarte le surnaturel.
Lampsaque a écrit :
3° Elle est restée plusieurs mois à Vaucouleurs, c’est probablement là qu’elle a appris à monter à cheval.
Si ce n’était chez elle à Domrémy, si son père (ou quelqu’un d’autre) avait un cheval. A la campagne, tout le monde savait monter à cheval (je n’ai pas écrit combattre à cheval ; ce que Jeanne d’Arc n’a du reste jamais fait).
Lampsaque a écrit :
4° Si elle ne suscitait pas le désir, ce n’est pas qu’elle était « hommasse ». Elle était anorexique, n’avait pas de règles, avait très peu de seins, et, à part ça, était chaste et inspirait le respect.
Anorexique ? Qu’est-ce qui permet d’affirmer cela ?