L. VLPIVS POLLEX a écrit :
... et oui !
Le décret du 5 août 1915 n'a quasiment pas été appliqué et les armements sont restés en place pour une bonne part; mais qu'en fut-il de leur usage (approvisionnement en munitions, garnisons ...) ? Comment résistèrent-ils à l'artillerie allemande ?
Le fort de Vaux, très bien. D'autant plus qu'il fut rapidement attaqué par l'infanterie allemande. Il n'a pas pu jouer longtemps le rôle d'abri pour les troupes et d'entrepôt pour les munitions.
Le fait de mélanger troupes de renfort et approvisionnements en munitions, inévitable sur un pareil champ de bataille, a joué des tours aussi bien aux Allemands (Explosion d'un stock de grenades à Douaumont) qu'aux Français. (incendie du tunnel de Tavanne.) Plusieurs centaines de morts dans les deux cas.
Il me semble que le fort de Souville était en ruines ("une sorte de carrière à ciel ouvert") au plus fort de l'assaut allemand, en juin.
A noter que le commandant allemand du fort de Douaumont a demandé à son artillerie de tirer sur le fort lorsque les troupes françaises ont pris pied sur le toit, au moment de la première tentative de Mangin. Une idée astucieuse et logique. A l'inverse le commandant Raynal, placé dans les mêmes conditions a bien demandé qu'on lui tire dessus - sur le fort de Vaux - mais cette demande n'a eu aucun effet.
Citer :
Il semble que, de fait, les forts aient beaucoup, beaucoup plus reçu d'obus, qu'ils n'en envoyèrent.
Après la guerre de mouvement de 1915, les forts apparaissaient trop statiques, trop compliqués pour la logistique etc
Tout n'est pas si simple.
Je regarderai donc.
La guerre de mouvement c'est en 1914. En 1915 le front est déjà figé.
L'idée de désarmer les forts vient de la mauvaise expérience des forts de Liège au début de la guerre. Ils étaient supposés tenir 6 mois, ils ont tenu moins d'une semaine, plafonds crevés par des mortiers d'un calibre énorme (autour de 400 mm, projectiles d'une tonne) - le même style d'artillerie spéciale que celle que les Français utiliseront pour reprendre Douaumont. L'état-major français en a déduit un peu vite que les forts ne servaient plus à rien.
Pour autant le commandant du secteur de Verdun était bien convaincu de l'utilité de Douaumont, même désarmé, mais il semble que dans le désordre ambiant personne n'ait pensé à vérifier qu'il y avait une garnison... ce qui donne une idée de la pagaille qui a régné dans les premiers jours.
Le lieutenant Brandis a attaqué Douaumont en passant par un fossé (mur écroulé) C'était courageux, mais s'il avait fait le tour il aurait trouvé le portail ouvert et le pont-levis baissé !