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Que des regards croisés franco-allemands pour montrer que la guerre c'est mal et finalement enlever tout sens aux sacrifices de ces hommes et femmes, qui avaient l'impression avant tout de se battre pour quelque chose (la patrie, la famille restée derrière, un certain sens de la justice...).
Peu de chose sur le courage au combat, quasiment rien sur les actes héroïques de l'armée française ou de la résistance... Que des angles d'attaque questionnant la guerre, en arrivant toujours à la conclusion de l'absurdité et donc de l'inutilité de ces actes de bravoures (ce qui rend en effet inutile de les évoquer.)
Ce que je vais dire est mon point de vue et uniquement mon point de vue...
On est d'accord que l'idée sous jacente, et au-delà d'un point de vue purement historien (on est d'accord que le vôtre ne l'est pas non plus?) c'est quand même d'éviter au maximum que ce genre d’événement se reproduise non?
Parce qu'acte héroïque ou pas, bravoure ou pas, ce sont quand même des millions et des millions de vies qui ont été détruites, non seulement ceux qui y ont laissé leur peau, mais aussi ceux qui y ont juste laissé un morceau (souvent assez utile pour vivre dans de bonnes conditions), ceux qui en sont revenus traumatisés, mais aussi toutes les familles de ces gens là.
Ca c'est un fait non?
Certes, la guerre est parfois inévitable et il y aura toujours des malades qui arriveront à la tête de leur pays et provoqueront des bains de sang en agressant le voisin, mais il s'agirait peut-être que ça se produise le moins possible non?
On parle du pacifisme et de la pusillanimité de Munich toujours avec un certain mépris, mais mettons-nous deux secondes à la place des gens qui avaient connu les tranchées.... C'est plus que compréhensible que ces gens étaient prêts à tout plutôt que de remettre le couvert, même face à un hitler qui n'était d'ailleurs que la créature de 14-18.
Hors, rappeler les faits d'arme, l'héroïsme, la bravoure, ça a tendance à faire appel à certains instincts en nous. L'être humain a depuis la préhistoire réussi à enrober la guerre de tout un décorum et de toute une dialectique héroïque, voire mystique (les indiens d'Amérique qui s'atiffaient de plumes ou les soldats grecs qui se mettaient des pompons sur leur casque par exemple) qui rend une activité hautement traumatisante et brutale acceptable, voire désirable. Car ce qui est le plus traumatisant dans la guerre au fond, c'est d'être tué ou de devoir tuer?
Se souvenir de la bravoure de ces gens, de ce qu'ils pensaient donner à la collectivité, jusqu'au sacrifice de leur vie, admettons. j'imagine que dans leur système de pensée c'était parfois le cas et que ça avait du sens (il faudrait voir ce qui avait trait à la propagande, à l'éducation, et à de réelles convictions fondées sur de réelles réflexions à ce sujet), mais au fond, pourquoi sont-ils morts?
Parce que la guerre de 14 a ceci d'absurde qu'elle n'était pas idéologique. Il ne s'agissait pas justement de se défendre contre un fou dangereux ou une idéologie liberticide et dangereuse pour la vie même des envahis.
Ces millions de vie détruites, hors respect pour ces gens, hors discours idéologique, ont-elles été "nécessaires"? Y avait-il réellement un danger contre lequel se prémunir? Une invasion? Tous les pays en ont connu des dizaines. Certes, je sais qu'il y a eu des violences dans la zone occupé y compris en 14-18. Mais ces allemands qui avaient envahis la France, n'avaient-ils pas l'impression de prendre les devant pour défendre leurs familles et leurs foyers face à des français pervers et décadents qui n'attendaient que de les dévorer (puisque c'est comme cela qu'ils les (les français) voyaient, ou plutôt que la propagande allemande les voyait? Du coup, quelles familles étaient le plus à protéger, les allemandes ou les françaises?
En gros, quesce qui justifiait à ce point que l'on condamne à mort des millions de personnes, et des millions de plus à une vie de souffrances et de deuil? La patrie? Mais la patrie, n'est-ce pas justement la somme de tous ces gens? Une fois qu'on les a sacrifié, que reste-t-il de la patrie, a-t-elle encore un sens?
Que le drapeau qui flotte soit d'une couleur ou d'une autre, la vie pour la majorité des gens, sauf idéologie ou régime particuliers, est-elle si différente? Il y a 1000 ans, Francie Occidentale et Francie Orientale était issus de la division d'un même Etat...
A part la langue, quesce qui différenciait tant un paysan allemand et un paysan français en 14, et qui justifie qu'on envoie tant de personnes à une mort certaine, et qu'on en amène encore plus à subir et commettre des actes d'une brutalité difficilement imaginable.
Moi aussi je trouve que cette mémoire de lamentations que l'on entend trop souvent est maladroite, parfois irritante, mais je pense que c'est surtout un problème de forme, qui rend le tout hypocrite, mais le fond, ces discours de fraternités qui transcendent les frontières, de paix, je ne peux pas voir ça autrement que comme un progrès.
Et je suis bien content d'être né en 1984 et pas en 1884 (quoiqu'on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve)...