Euh..........Bonjour à tous et toutes !
Peut-être faudrait-il faire retomber un peu la pression sur ce topic. Je vous rapelle qu'il ne s'agit que d'un simple forum. Les blogeurs de Passion-Histoire se doivent de demeurer courtois entre eux, c'est la moindre des corrections de la part de gentlemans tels que vous ( en tout cas, je me plais à le croire). Et c'est de la contradiction que naît l'émulation des idées dans un débat... Imaginez si nous étions tous toujours en accord les uns avec les autres : ne s'ennuiraient-on pas ?? Par ailleurs, j'en profite pour vous rapeller que ce topic est relatif au film Kingdom of Heaven et non à l'intégration des minorités dans le cinéma moderne : ceci est un autre débat (au demeurant très intéressant, c'est évident) sur lequel je vous engage à vous exprimez au sein d'un topic plus approprié (et s'il n'existe pas, vous pouvez toujours le créer....).
Pour le reste, je me permets de répondre à Hérodote. Je suis tout à fait d'accord avec lui. Orlando Bloom est fidèle à lui-même (pas de charisme, pas de consistance dans son jeu d'interprétation, bref : l'homme invisible...). En revanche, Edward Norton excelle véritablement dans le rôle du Lépreux. Il faut dire qu'il a eu un parcours pour le moins singulier. En effet, il n'a pas de suite entrepris des études de comédiens. Il est diplômé de l'Université de Yale en Histoire. Le rôle de Baudouin IV ne lui était, au départ, pas dévolu. Mais il a fait des pieds et des mains pour l'obtenir auprès de Ridley Scott. Il a finalement eu une nomination aux Satellite Awards pour sa prestation remarquée ( et ce, malgré le fait qu'il n'est pas voulu être mis en avant lors de la promotion du film). Son rôle de composition est étonnant d'humilité et de sagesse (rapellons que Baudouin IV est mort à 24 ans). On sent bien que le poids de la charge royale ainsi que de la maladie est un fardeau lourd à porter. Pour autant, il n'en fait vraiment pas des tonnes, ce qui le rend très crédible et touchant. Pour ce qui est de la mort de renaud de Châtillon, il semble qu'il faille tenir pour exact la scène dépeinte par Ridley Scott et ce, même si les versions données par les historiens diffèrent légèrement les unes des autres. Ainsi, Imâd al-Dîn al-Isfahani, le biographe autoproclamé de Saladin nous livre ces propos dans son Chant de Victoire "L'année 583 de l'hégire (1187), l'année de la défaite de Hattin, de la conquête du littoral fut la plus heureuse pour l'islam…". Au soir de la bataille, Saladin fit défiler devant lui ses prisonniers. Quant au prince de Kérak, prisonnier lui aussi, on se rappelle que Saladin avait promis de ne pas lui pardonner, mais de verser son sang et de le faire disparaître du monde des vivants. Une tradition latine incertaine raconte que, se trouvant devant Renaud, Saladin lui aurait demandé ce qu'il aurait fait de lui s'il avait été à sa place, et que Renaud ayant répondu qu'il lui aurait coupé la tête, Saladin le décapita sur l'instant de sa propre épée. Le récit d'un seigneur arabe présent lors de la bataille (et notamment cité par Amin Arlouf, dans Les croisades vues par les arabes) nous livre ces précisions suivantes : "Le sultan fit dresser sa tente de campagne au milieu du champ de bataille et il se fit amener les prisonniers de marque. Parmi eux se trouvaient Guy de Lusignan, les seigneurs de Giblet, du Boutron, de Maraclée, Gérard de Ridefort, Onfroi IV de Toron, le vieux marquis Guillaume III de Montferrat, le connétable Amaury de Lusignan, le fils de Raymond de Tripoli. Saladin les reçut sous sa tente, sur laquelle flottait un drapeau noir avec inscription brodée de fils d'or : Saladin, le vainqueur des vainqueurs est, comme les autres hommes, l'esclave de la mort. Il reçut le malheureux roi de Jérusalem avec égards ; il le consola de la perte de son royaume, le fit asseoir à sa droite et s'entretint avec lui. Il lui fit offrir un sorbet de neige de l'Hermon et d'eau de rosé. Après avoir bu quelques gorgées, Gui tendit la coupe à Renaud de Châtillon. Saladin, s'adressant alors à son interprète, lui dit : Dites au roi que c'est lui et non pas moi qui donne à boire à cet homme (c'est une noble coutume des Arabes qu'un captif ait la vit sauve s'il a reçu pour boire la coupe des mains de son vainqueur), et se tournant vers Renaud de Châtillon, il lui reprocha en termes véhéments d'avoir maintes fois manqué à la parole jurée et violé les trêves par esprit de cupidité. Le ciel vengeur des attentats, lui jeta-t-il à la face, t'a mis en ma puissance. Souviens-toi de tes trahisons, des cruautés que tu as exercées sur la personne des musulmans en temps de paix ; souviens-toi, malheureux sire, des brigandages et des viols que tu as commis, des blasphèmes que tu as proférés contre notre Prophète — qu'Allah te maudisse ! —; souviens-toi en ta dernière heure de tes entreprises sacrilèges contre les villes très saintes de La Mecque et de Médine. Il est juste de punir trop de crimes et d'accomplir mon serment. Je l'ai juré, tu recevras la mort de ma main". Tirant son épée, il frappa Renaud de Châtillon, lui détachant le bras de l'épaule. Les quelques officiers présents à cette scène achevèrent le blessé aux pieds du roi de Jérusalem qui tremblait de terreur. Le corps du supplicié fut ensuite jeté dehors. S'adressant alors à Guy de Lusignan qui se demandait s'il n'allait pas subir le même sort, Saladin lui dit : Un roi ne tue pas un roi. Mais cet homme avait dépassé les limites de l'insolence et de la perfidie. C'est pourquoi je l'ai traité comme je l'ai fait.
Personnellement, je pense que c'est ce témoignage qui a le plus aiguillé Ridley Scott pour la réalisation de ce fameux passage (et qui était attendu par les historiens). On remarquera que le fameux sorbet dont parle cet inconnu est présent dans le film, que Gui le tend effectivement à Renaud, comme pour lui sauver la vie (ce qui n'était pas dans les intentions de Saladin comme nous le savons bien). Les différences entre ce témoignage et la scène sont les suivantes :
1. Renaud est effectivement achevé par la garde du sultan, mais pas devant le roi des Francsdans le film. 2. Les propos tenus par Saladin selon ce témoignage n'ont pas été retenus dans la réalisation. 3. La fameuse phrase : "Un roi ne tue pas un roi. Mais cet homme avait dépassé les limites de l'insolence et de la perfidie. C'est pourquoi je l'ai traité comme je l'ai fait" a été modifiée, pour donner ce résultat :"Quel roi tuerait un autre roi ? Tu as longtemps vécu auprès d'un grand roi, son exemple ne t'as rien appris".
Ainsi, Ridley Scott entend appuyer sur les errances du roi plutôt que sur les manquements à la parole donnée (notamment dans le cadre des trêves instituées) du seigneur d'Outre-Jourdain.
Le cadre est posé : force à chacun de se faire son opinion propre !
_________________ Mieux vaut une tête bien faite plutôt qu'une tête trop pleine...
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