Pédro a écrit :
Là dessus Gladiator est assez paradoxal ; l'armée romaines est très bien rendue (on ne va pas rentrer dans les détails des incohérences de costumes), la saleté des combattant et des équipements en pleine campagne, les morceaux d'étoffe protégeant les blessures... C'est assez pittoresque.
En fait, ce n'est pas si paradoxal que ça...
La guerre et les combats au cinéma, d'une manière générale, ne se traîtent plus de la même façon que dans les années 1950-60.
Autrefois, par exemple, il n'était pas question de sombrer dans le
gore, avec giclées d'hémoglobines à profusions et gros plans sur les membres amputés ou autres éventrations... Tout était relativement
soft : très peu de sang (voire pas de sang du tout) et blessures signalées de manière extrêmement discrètes (quelques-fois, même, on cherchait en vain la trace de la balle qui venait d'abattre le héros !)
Tout celà s'est profondément modifié à la charnière des années 1960-70. Les vétérans se souviendront, par exemple, avec émotion de
La Horde sauvage de Sam Peckinpah (1969) et ses tueries d'une violence inouïe pour l'époque...
Louée soit la guerre du Vietnam et ses images traumatisantes qui ont profondément modifié la sensibilité du public américain (et occidental, d'une manière générale).
Gladiator est sorti en 2000... Le public a déjà vu
Apocalypse Now (1979),
Full Metal Jacket (1987) et
Il faut sauver le soldat Ryan (1998). Il sait que la guerre, quelle que soit l'époque, c'est sale et pénible ; les soldats souffrent, se font blesser et meurent. C'est aussi vrais pour les légionnaires romains que pour les G.I. américains... Le public ne comprendrait pas que la guerre ait été plus propre il y a 2000 ans !
Robert Spierre a écrit :
Il y a quelque chose d'assez révélateur dans la deuxième version des "10 Commandements" de Cecil B. DeMille (il avait réalisé une première version, muette, en 1923) : il n'est jamais dit ouvertement que Ramsès épouse sa propre soeur, Néfertari. Lorsque Ramsès est choisi par Séthi pour lui succéder, Néfertari devient son épouse ; quand ils sont en couple, ils ne font jamais allusion à leur statut de frère et soeur (ils ont même un enfant !) : ce sont les années cinquante et il ne faut pas heurter la morale.
C'est juste pour tous les genres...
Mais c'est sans doute encore plus flagrant dans les péplums, dont les histoires sont sensées se dérouler en des temps où la morale était fort différente de celle des Américains du 20e siècle !
Les références à l'homosexualité voire la bisexualité, par exemple, sont pratiquement absentes... Sauf de manière très très allusive.
On se souviendra - en particulier - du dialogue entre Marcus Licinius Crassus (Laurence Olivier) et l'esclave Antoninus (Tony Curtis) dans le
Spartacus de Stanley Kubrick, sorti en 1960. Sa fameuse citation n'est pas trop difficile à décrypter : « Pour satisfaire mes goûts... il me faut des huîtres et des escargots. » Bref, le type a l'esprit très ouvert.
En revanche, aujourd'hui, c'est nettement moins discret... Par exemple, l'
Alexandre d'Oliver Stone (2004) traite le sujet d'une manière assez décomplexée. Ce qui - selon ses détracteurs - donnerait au film un ton " trop moderne " !