Pédro a écrit :
Almayrac a écrit :
Bon allez quoi ! arrêtez les lamentations !
S'il n'y avait pas eu cette série Rome en 2005 vous n'auriez pas cette génération d'étudiants dans les amphis et tout les bénévoles sur les champs de fouilles.
Les étudiants de 2018 avait 10 ans quand la série est sortie, faites un sondage : Est-ce la lecture de Tacite ou la série Rome qui les ont conduit à s'intéresser à l'antiquité ?
Oh mais si toutes les adaptations étaient de la trempes de la série Rome je fermerais gentiment ma gueule. Non, je proteste davantage contre le deux poids deux mesures vis à vis de la fidélité de l'adaptation entre les périodes historiques récentes et les plus anciennes. Quand on voit avec quelle minutie sont parfois assassinées des oeuvres sur la SGM sur l'autel de l'exigence historienne quand l'immense majorité des adaptations de l'Antiquité ou du Moyen Âge sont plus digne de la fête foraine. Or d'un coté nous avons l'égarement historien hors de ses prébendes ; la fiction n'a pas vocation à être un reportage ultra précis, et de l'autre une sorte de complaisance paresseuse laissant passer tout et n'importe quoi sous le prétexte que ces périodes ont un pouvoir d'évocation moins fort. Mais il est évident qu'à se satisfaire de choses navrantes ne tire pas vers le haut les productions. Prenez un film aussi imparfait dans sa réalisation que Alexandre (2004). c'est à bien des égard une bouse et pourtant quand on regarde la bataille de Gaugamélès et bien on se dit qu'il est très rare qu'on trouve quelque chose d'aussi documenté pour l'Antiquité... Concernant l'Antiquité romaine c'est presque toujours la cour des miracles avec un souci de chronologie fantomatique.
Lordblackadder a écrit :
N'oublions pas que c'est aussi un regard très anglo-saxon sur l'époque Antique.
Curieusement, dans l'imagerie populaire hollywoodienne, on est encore dans une vision= décadence, luxure, massacre en tout genre.
Ils appliquent aussi la même imagerie à la Renaissance italienne comme j'ai vu avec la série les Borgias.
Quoiqu'on en dise cela reste une vision "vendeuse" ; une imagerie remplie de déviance et de violence a plus de chance de marquer les esprit. Enfin, cela reste de la ficelle facile... Du coup c'est toute une perception de l'Antiquité qui s'en trouve bouleversée ; qu'importe que cette période ait produit les plus grandes écoles de l’ascétisme on s'en souviendra pour son stupre, ô ironie. C'est du même tonneau que les inflexions répétées qui mèneront des concepts antiques à être copieusement dévoyés dans les langage courant ; voyez ce qu'on pense de l'épicurisme à l'aune de nos standards modernes.
Lordblackadder a écrit :
Puis en plus... Commode... Difficile de le faire passer pour autre chose qu'une brute sanguinaire. Difficile de meubler une vie de commode en occultant sa passion perverse pour les Jeux de gladiateurs.
c'est un fait, mais jouer comme Joaquin Phoenix n'est pas donné à tout le monde. Un personnage comme Commode peut être abordé avec subtilité, plus que ce que les textes de ses adversaires nous en ont transmis. A lire les oeuvres antiques bien peu d'empereurs trouvent rétrospectivement grâce aux yeux des auteurs. Le florilège le plus amusant est pour moi celui de Julien (je sais être surprenant
) qui les passe à la moulinette de ses inclinations philosophiques. Mais les hommes là derrières, dans la diversité des conditions d'homme de l'époque, je ne pense pas que les jugements seraient aussi tranchés si nous possédions davantage de choses sur leurs existences.
Après, je ne suis pas sûr que l'antiquité soit la période la plus maltraitée. Il n'y a qu'à voir les élucubrations d'un Guy Ritchie sur le Roi Arthur. Le Moyen âge reste très souvent cantonné à sa vision des "âges sombres des chevaliers et de la violence " Rares sont les films qui évoquent les méditations philosophiques d'Abélard. Et globalement, Hollywood ne prend pas beaucoup de risques, soit ce sont des épisodes mythologiques connus qu'on dévoie à toutes les sauces comme Hercule ou Troie, soient des figures historiques ultra-connus comme César et Cléopatre, Néron etc. Ou alors des visions de Légions romains qui se bastonnent comme des pouilleux dans les forêts de Germanie ou de Calédonie (tout le monde n'est pas Kubrick non plus, sa vision d'une légion en formation dans Spartacus me coupe le souffle à chaque fois).
Citer :
A lire les oeuvres antiques bien peu d'empereurs trouvent rétrospectivement grâce aux yeux des auteurs. Le florilège le plus amusant est pour moi celui de Julien (je sais être surprenant
) qui les passe à la moulinette de ses inclinations philosophiques. Mais les hommes là derrières, dans la diversité des conditions d'homme de l'époque, je ne pense pas que les jugements seraient aussi tranchés si nous possédions davantage de choses sur leurs existences
Pour beaucoup de néophytes on sait que Suétone reste une source essentiel, alors que la plupart des gens qui s’intéressent un tant soit peu à la période savent que c'est comme si utilisait Gala dans 50 ans pour décrire notre époque. On sait aussi que beaucoup des auteurs antiques étaient des aristocrates imbus de leur vision de caste, et qu'ils avaient tendance à juger les Empereurs selon les rapports qu'ils avaient eu avec le Sénat. Avant que les auteurs chrétiens prennent le relais et en rajoutent une couche comme avec ce pauvre Néron (c'est d'ailleurs pour ça que j'apprécie une BD comme Muréna qui nous donne une oeuvre vision du personnage- ca sera un matériau un peu plus intelligent pour une bonne adaptation).
Le pire c'est que ca reste dans les esprits... J'entendais Stéphan Bern il y a quelques temps nous expliquer sur un plateau que Néron faisait partie des " des 10 leaders les plus sanguinaires de l'Histoire "... Non, mais même pas en rêve... Même dans un top 100, Néron n'aurait pas sa place.