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Il est inconnu du grand public français.
Cela ne risque pas de changer, car maintenant, son oeuvre a quand même pris un coup de vieux. Audubon dessinait avec les moyens qu'il avait à l'époque, c'est-à-dire à partir d'oiseaux morts, le fusil étant alors le seul ustensile capable de rapprocher l'oeil humain du volatile. Cela se traduit par des attitudes qui ne sont pas celles de l'oiseau dans la nature, et surtout par des distorsions dont la plus typique est celle du croupion apparent sur un oiseau vu de profil. Par exemple ici :
Pour un ornithologue moderne, un dessin d'Audubon apparaît désormais gentiment désuet.
Je profite de ce post pour évoquer son "successeur", fort peu connu lui aussi, Louis Agassiz Fuertes (1874-1927), qui ne disposait pas de nos optiques modernes et dessinait lui aussi d'après des "spécimens collectés". Contrairement à Audubon, il a produit des aquarelles dont beaucoup frémissent de vie; ou, tout au moins, représentent vraiment l'oiseau tel qu'il apparaîtrait dans le champ d'une paire de jumelles. Il semble avoir été doué d'une plus grande mémoire visuelle, peut-être d'un plus grand sens de l'observation, peut-être plus conscient de l'importance de bien rendre "la posture" et non seulement les coloris du plumage. Cette dernière notion semble avoir mis du temps à s'imposer, lorsqu'on constate qu'un guide ornitho des années 80 présente froidement les espèces voisines (genre : toutes les mésanges, tous les fuligules) dans des postures identiques, comme au garde-à-vous, et que c'est dans la génération suivante d'ouvrages de terrain seulement (ceux sortis en 1999-2000) que l'on trouve des dessins d'oiseaux où sont réellement rendues les attitudes parfois propres à chaque espèce.