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Message Publié : 10 Déc 2008 15:29 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 30 Sep 2007 12:09
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Au 19° siècle il est bien connut que beaucoup eurent peur de cette dangereuse innovation qu'était le chemin de fer.
Dans les années 1950 certains eurent peur de l'aviation à réaction, plus tard la peur du nucléaire.
Plus loin il y eut des peurs alimentaires, peur des tomates, des pommes de terre.
Aujourd'hui il y a la peur des OGM.

Connaissez-vous d'autres exemples de ce type de peur dans l'histoire ?

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"Les gosses n'apprennent plus rien à l'école; en histoire-géo par exemple, ils doivent se débrouiller comme ils peuvent. Bientôt, un gamin nous dira par déduction que l'an 1111 correspond à l'invasion des Huns....."

Compte rendu de réunion d'une communauté d'agglomération


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Message Publié : 10 Déc 2008 19:07 
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Plutarque
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Inscription : 15 Juin 2007 10:41
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Assez près de nous, j'ai entendu dans les années 80 des gens qui craignaient que l'informatique n'accélère encore la suppression des emplois.

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Message Publié : 10 Déc 2008 20:30 
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Polybe
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Inscription : 18 Juil 2007 16:02
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Lors de la sortie en salles des premiers grands dessins animés, comme "Blance-Neige et les 7 nains" en 1938, certains craignaient que regarder pendant plus d'une heure un dessin animé puisse rendre fou, ou abimer les yeux, car à l'époque les dessins animés ne duraient pas plus d'une dizaine de minutes.


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Message Publié : 10 Déc 2008 20:47 
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Plutarque
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Inscription : 24 Sep 2007 22:45
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En ce qui concerne l'usage de l'informatique : la suppression d'emploi est indéniable : ce n'est pas une peur mais une réalité , comme il en a été pour le métier à tisser de Jacquard ou les robots à assembler les voitures . Par contre fin 70 début des années 80 l'aile gaucho-trotskiste du syndicat FO , pendant un lustre a prétendu sur la base d'un rapport pseudo-scientifique que l'informatisation d'un poste de travail abimait la vue ,créait des tumeurs , accélerait la perte des cheveux etfaisait avorter les femmes enceintes.

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Que vaut-il mieux? S'asseoir dans une taverne, puis faire son examen de conscience, ou se prosterner dans une mosquée, l'âme close?
. Hakim Omar Khayyam (1048-1122)


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Message Publié : 10 Déc 2008 21:02 
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Plutarque
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Inscription : 15 Juin 2007 10:41
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Localisation : Reims
JEFDELAPLAINE a écrit :
En ce qui concerne l'usage de l'informatique : la suppression d'emploi est indéniable : ce n'est pas une peur mais une réalité

Oui, mais les métiers de l'informatique ont crée des emplois, quelle est alors le bilan suppression / création ?

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Message Publié : 10 Déc 2008 21:30 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 18 Nov 2008 22:34
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JEFDELAPLAINE a écrit :
l'informatisation d'un poste de travail abimait la vue .
C'est possible avec les écrans de l'époque, il ne fallait pas être trop prêt. Mon fils qui avait un ordinateur depuis 1981 a eu un problème de parallélisme 10 ans après.


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Message Publié : 10 Déc 2008 21:42 
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Polybe
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Inscription : 23 Nov 2008 16:35
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Pour remonter plus loin, j'aimerais apporter une précision -il me semble inévitable et précieuse- sur le fondement de cette peur du progrès, avérée, dans nos sociétés occidentales tout du moins. Celle-ci consiste en l'héritage du christianisme, mais plus simplement en sa prégnance vivante pendant une période aussi longue que complexe.

En effet, le christianisme induit une vision de l'Homme, de l'Histoire et du Temps qui est fondamentalement linéaire, pouvant se concevoir comme la simple et rectiligne bande chronologique dont nous avons hérité ; l'idée est que le monde avance, par accoups mais sûrement, avec de grandes dates ; mais depuis la Création, la Genèse, il se pose un problème de taille. En effet, tout n'a été que progression, vague et parfois incertaine, jusqu'à la venue du Fils de Dieu, qui est Dieu, et son sacrifice pour la rémission des péchés de l'humanité, ce qui a permis à cette dernière de se réajuster à Dieu (en partie tout du moins). Mais ensuite, selon la logique chrétienne, le monde n'avance que vers sa fin, vers une fin souvent pressentie comme terrible et apocalyptique, toujours comme angoissante. De là découlent les angoisses eschatologiques (on en a abondamment parlé pour l'An Mil, cf Georges Duby). Toute avancée n'est donc qu'une descente, une poursuite un peu plus forte de ses pas sur le fil d'un Temps qui n'est pas infini, mais bien plutôt qui se dirige vers une fin du monde et un Jugement Dernier rédempteur mais terrifiant.

Cette idéologie profonde a marqué l'Occident des siècles durant, et a fortement influencé les mouvements de guildes et de corporations de métiers, qui pouvaient ainsi étroitement contrôler leurs professions respectives en freinant l'innovation et en conservant un certain traditionalisme (plutôt un traditionalisme certain). Même si, il faut le reconnaître, elle n'a pas empêché à long terme l'évolution des peuples chrétiens.

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"John Stuart Mill a dit que les dictatures rendaient les hommes cyniques. Il ne se doutait pas qu'il y aurait des républiques pour les rendre muets."
Lu Xun


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Message Publié : 11 Déc 2008 0:43 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant

Inscription : 17 Oct 2003 18:37
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Je ne suis pas convaincu que cette vision s'applique, disons, au moins aux 5 derniers siècles de l'Occident chrétien. Il y a beau temps que le Jugement dernier n'est plus pressenti "pour demain", et la vision linéaire du temps devient au contraire un soutien au progrès : le temps avance, donc ce qui est plus récent est supérieur par définition. Le mot même de progrès en est un bon exemple.
Au XXe siècle, ce n'est que très marginalement, et d'une manière souvent raillée (cf... ce fil où la méfiance vis-à-vis des OGM est assimilée à la peur des chemins de fer...) qu'on ose ne pas reconnaître qu'une nouvelle invention est bonne par définition.


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Message Publié : 11 Déc 2008 17:05 
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Polybe
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Inscription : 23 Nov 2008 16:35
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Non bien sûr, et je n'ai pas été très précis dans mon bornage chronologique. Ca n'est évidemment plus réellement efficace depuis au moins cinq, voir six siècles. Véritablement, c'est un trait qui marque l'ensemble de la période médiévale, dans une courbe décroissante, et dès ce qu'on appelle le Moyen-Âge central, la vérité est que cette perception au prisme du religieux ne prime plus sur la recherche du profit et l'avancée technique, tant individuelle que générale. Au Haut Moyen-Âge, ça n'est plus qu'anecdotique, et c'est d'ailleurs sur ce genre de conception que va se développer en partie toute la doctrine de l'action individuelle protestante.

Mais bien entendu, je ne comptais encadrer qu'une partie temporelle de cette histoire du progrès en Occident, l'Eglise et la religion ont par exemple joué un rôle tout autre durant la Révolution Industrielle et la formation de la classe ouvrière.

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Message Publié : 11 Déc 2008 21:37 
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Jean-Pierre Vernant
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Inscription : 17 Oct 2003 18:37
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L'idée que le monde vieillit, décline et marche inéluctablement à une Fin qu'on attend et redoute à la fois se manifeste encore bien à l'époque romane et recule rapidement par la suite. Elle s'évanouit dans les civilisations urbaines du XIIIe. Je ne suis vraiment pas convaincu que le conservatisme, bien réel, de diverses corporations ait eu une telle base. Ni que la peur du progrès s'y rattache réellement aux époques où ce dernier s'accélère.
En revanche il est certain que la vision linéaire du temps, elle, joue un rôle clé dans la notion même de progrès.


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Message Publié : 11 Déc 2008 21:52 
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Pierre de L'Estoile
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Je ne suis pas d'accord : selon moi, la conception de progrès date du XVIIIe siècle. Avant, toute amélioration n'est perçue que comme une restauration d'un état antérieur forcément idyllique avant les dérives.
C'est ainsi qu'on parle de "Renaissance".

On retrouve cet état dans l'islam, avec sa méfiance envers la bid'a, innovation. En Arabie Saoudite, au début du XXe siècle, le roi Saoud a dû prouver à ses oulémas que le téléphone ne déformait pas le Coran récité par un des interlocuteurs pour qu'ils acceptent cette invention.

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Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
George Orwell


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Message Publié : 11 Déc 2008 22:00 
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Polybe
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Inscription : 23 Nov 2008 16:35
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Mais, dans le cas de la Renaissance, c'est à proprement parler un retour aux sources de l'Antiquité, tant architecturales que littéraires, ou encore philosophiques. La volonté d'assimiler le nouveau à de l'ancien sous forme de résurgence était une conception typiquement romaine, mais c'est là qu'est la césure du christianisme : elle propose une nouvelle vision de tout ceci. Car je doute par exemple que l'arrivée de la charrue à soc métallique en Europe soit vue comme une restauration de quoi que ce soit, puisqu'elle n'existait pas auparavant et que l'on utilisait l'araire des Romains (ce qui empêchait de mettre en culture nombre de terres, surtout dans le Nord, épaisses, profondes, lourdes et riches).

De plus, le terme de Renaissance est anachronique dans la bouche de contemporains de cette période. Ce n'est qu'une division a posteriori, qui est aussi peu valable que les autres, et qui s'écroule d'ailleurs d'elle même depuis que l'on tend à démonter le mythe sombre du Moyen-âge, moyen pour médian mais aussi pour médiocre.

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Message Publié : 11 Déc 2008 22:43 
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Pierre de L'Estoile
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Inscription : 23 Mars 2005 10:34
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Localisation : Nanterre
Qin a écrit :
Mais, dans le cas de la Renaissance, c'est à proprement parler un retour aux sources de l'Antiquité, tant architecturales que littéraires, ou encore philosophiques.
Précisément : il ne s'agit pas d'un retour au source. Si l'imitation des anciens est invoquée pour légitimer les changements, les créations sont originales.

La "césure du christianisme" est en fait une création a posteriori. Le sens de l'Histoire tel qu'il émerge du paléo-christianisme est celui d'un monde en attente de l'apocalypse. Les invasions successives que subit l'Europe entretiennent ce sentiment.

De même, les Protestants ne prétendent pas au progrès, mais à la restauration du christianisme maltraité par les Catholiques.

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Message Publié : 11 Déc 2008 22:54 
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Polybe
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Inscription : 23 Nov 2008 16:35
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Sur le plan religieux, je vous l'accorde. Mais leur appellation, la Réforme, fait simplement écho au classique "ecclesia semper reformanda". C'est donc encore une fois quelque chose d'ancré dans un schéma déjà existant, comme vous le soulignez. En revanche, sur le plan personnel, celui de l'individu, la doctrine protestante va bien devenir celle de la libre-entreprise balbutiante et de la mesure des réussites, tant économiques que sociales. C'est cet aspect protestant qui a marqué l'économie européenne moderne et plus contemporaine, malgré son aspect de minorité (qu'on pense au contre-coup violent que subit la France après la révocation de l'Edit de Nantes, et l'exode souvent forcé de près d'un million de protestants, artisans ou commerçants pour la plupart).

Pour le cas de la Renaissance, oui les créations sont originales. Mais c'est à proprement parler une redécouverte, qui guide l'innovation. C'est en ce sens que je parle de non rupture entre la soit-disant fin du Moyen-Âge et cette même Renaissance, tout simplement parce que l'éveil incroyable de l'intérêt pour les auteurs et les pensées antiques croît dès le milieu du XVe siècle, avec l'arrivée en Europe de manuscrits et d'érudits venus d'Orient, depuis la chute définitive de Byzance. Ce n'est qu'un cheminement qui s'intensifie avec la Reconquista en Espagne, et qui débouche sur une frénésie de traduction, de compilation et d'échanges intellectuels en Occident. Que l'on pense aux traités d'Aristote, par exemple son fameux traité sur le rire et ses emplois, ses caractéristiques (sujet central du livre "Le nom de la Rose", d'Umberto Ecco).

Je suis tout à fait d'accord avec vous quant aux attentes eschatologiques de la population du Haut Moyen-âge. Mais convenons de bonne foi qu'après le passage de l'An Mil, puis de la date terrifiante de 1033 (millénaire de la Passion du Christ), ces angoisses tendent à s'estomper et à effectivement laisser place à une recomposition du paysage des mentalités. C'est en ce sens que je tendais à limiter l'influence concrète que je donnais à la vision linéaires chrétienne sur quelques siècles tout au plus.

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Message Publié : 11 Déc 2008 22:57 
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Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
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Localisation : Montrouge
Le protestantisme change bien les choses, d'une manière décisive, et Max Weber a posé qu' en liant le salut individuel et prédestiné à la réussite professionnelle comme preuve qu'on est élu, le calvinisme est à l'origine du capitalisme occidental et du progrès économique. La réussite par l'argent n'est plus suspecte mais signe positif au contraire du catholicisme. En fait, l'esprit d'entreprise semble avoir commencé dès le 14è en Italie dans la banque, les filatures, le grand commerce par exemple et des nobles les pratiquent . On sait que l'interdiction catholique des prêts à intérêt était contournée dès la fin du moyen âge. L'invention de l'imprimerie au milieu du 15ème siècle est l'un des plus grands progrès de l"humanité. Succès foudroyant malgré les réticences.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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