Alain.g a écrit :
Donc dans le roman, la voute, y compris avec des arrêtes, tient les murs en place. Elle recueille les poussées.
En fait, ce sont plutôt les murs qui tiennent la voûte en place
Ils absorbent toutes les forces, d'où leur épaisseur, la rareté et la petitesse des ouvertures. La poussée étant (peut-être est-ce utile de le préciser ?) la force horizontale que produit la voûte (la même qui fait que si vous faites un arc de cercle avec un papier, il retombe à plat).
Sinon, c'est tout à fait ça.
Paul, vous confondez arc et voûte (sans doute un problème de traduction
pour simplifier, on pourrait peut-être dire qu'un arc (arch) est quelque chose en deux dimensions, tandis qu'une voûte (vault) s'étend dans l'espace et couvre un espace).
Une voute d'arête (groined/cross/double barrel vault) est le croisement de deux voûtes en berceau (barrel vault), que celles-ci soient en berceau plein cintre (forme semi-cylindrique) ou en berceau brisé (forme plus pointue). Une voûte sur croisée d'ogives (ribbed vault), par contre, est bâtie autour de deux arcs brisés (ogival arch) qui se croisent perpendiculairement, le reste n'étant que du remplissage.
Pour compliquer un peu les choses, il faut ajouter que ce ne sont pas tant les nervures qui font la voûte d'ogive que la manière sont elle est conçue, et dont se répartissent les forces. Ainsi, si une voûte d'ogives possède obligatoirement des nervures, qui la structurent, une voûte d'arête peut aussi être nervurée de manière purement décorative.
Tout ceci, évidemment, sous réserve d'une interprétation "traditionnelle" qui pourrait donc être remise en question par les ouvrages que vous avez cités. Et sachant que je joue un peu le rôle de "tambour", donnant des choses que j'ai apprises en cours et lues, mais sans avoir personnellement fait beaucoup de recherches sur le sujet.
Pour l'invention du gothique par manque de matériaux, sincèrement je n'y crois pas trop. C'est peut-être une des explications, mais ce n'est pas la seule ni la principale, à mon sens ; d'ailleurs, même si le bois commence à se faire rare au XIIIe (c'est un réel problème, tant pour les échaffaudages que pour les couvrements, mais que ne résout pas du tout l'architecture gothique, plus vaste), la bonne pierre existe encore en abondance, et on peut la rechercher loin lorsque, dans les travaux particulièrement importants, on désire une qualité particulière (cf. l'exemple de la cathédrale de Canterbury, construite par un français qui fait apporter des pierres de Normandie, je crois ; de même, Suger qui fait des recherches pour du bois et "tombe" sur une carrière de belle pierre).
Le gothique est surtout le croisement de ces nouveautés techniques avec une pensée nouvelle (la valeur transcendentale de la lumière, magnifiée par les vitraux), que Suger est le premier à exprimer réellement (c'est pourquoi on estime que Saint-Denis est le premier ouvrage gothique, même si on trouve des voûtes sur croisées d'ogives avant). Sans oublier aussi une évolution sociale importante, vers une professionnalisation des métiers d'artistes, une reconnaissance de l'architecte, une division du travail affirmée sur les chantiers et une laïcisation.