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Message Publié : 24 Fév 2010 7:38 
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Jean Froissart
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Inscription : 28 Nov 2005 23:03
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Localisation : Galaxie d'Andromède, Système solaire Zeta
Avec la confirmation de l'existence de la tectonique des plaques dans les années 1970 on a enfin compris l'origine des tremblements de terre, mais comment les expliquait-on auparavant ?
Il semble qu'Aristote dans l'antiquité expliquait les tremblements de terre en partant du principe que les eaux de pluie s'infiltrant dans la terre s'y échauffaient ce qui faisait bouger les terrains. Quelles ont été les autres explications, notamment au 19° et au début du 20° siècle ?

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"L'histoire me sera favorable car j'ai l'intention de l'écrire". Winston Churchill.


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Message Publié : 24 Fév 2010 8:32 
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Jean Froissart
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Localisation : Seine et Marne
En voilà un rappel sympathique à bien des lectures d'adolescent. :wink:
Je lisais fort souvent Volcans et dérive des continents de feu Maurice Krafft. Il parle des tremblements de terre les plus meurtriers de l'histoire, et de la manière dont on les détectait et les interprétait. Il me faudra remettre la main sur ce livre, qui m'avait un temps justifié un ancien avatar et une belle citation de Maurice, qui montrait le degré de son détachement vis-à-vis de sa propre vie.

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"L'Angleterre attend que chaque homme fasse son devoir" (message de l'amiral Nelson à Trafalgar)


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Message Publié : 24 Fév 2010 9:25 
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Localisation : Myrelingues la brumeuse
ce qu'en dit wiki
"Théorie neptunienne, théorie du géologue Werner qui admettait que le globe avait été primitivement enveloppé d'un océan chaotique, universel, tenant tous les éléments des roches en dissolution."

Neptune était aussi le dieu des tremblements de terre. Bouillant, passionné et querelleur, il passait son temps à se battre sur de multiples fronts et pour les motifs les plus divers. Il était en conflit permanent avec son frère Zeus : pouvoir visible du ciel contre pouvoir occulte de la mer. C’était un conquérant qui déclenchait sans cesse des guerres pour établir et élargir ses conquêtes territoriales en Grèce et sur les îles méditerranéennes. Ceux qui s’opposaient à lui risquaient tornades, inondations et raz-de-marées.

La théorie neptunienne professait que les tremblements de terre sont créés par l'interaction de l'eau et des roches. Elle a été remplacée par la théorie plutonienne faisant intervenir le feu central

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C'est l'ambition qui perd les hommes. Si Napoléon était resté officier d'artillerie, il serait encore sur le trône.

Mr Prudhomme


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Message Publié : 24 Fév 2010 17:44 
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Eginhard
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Un article intéressant sur le site de l'Institut de physique du globe de Paris :
http://www.ipgp.fr/pages/060802.php

Sans l'ordre chronologique :

* Explications mythologiques

*Aristote , la théorie pneumatique: Sous le nom de pneuma, l’exhalaison sèche constitue un élément commun aux tremblements de terre et aux vents. En fait, la terre produit une grande quantité de pneuma, soit par son feu intérieur, soit à l’extérieur, quand elle est chauffée par le soleil. Parfois, le pneuma sort intégralement et donne naissance aux vents ; parfois, il se dirige vers l’intérieur de la terre, où il s’accumule et provoque les tremblements de terre, parfois encore, il se partage entre la surface et l’intérieur et peut produire de petites secousses telluriques.

* Une variante,par Sénèque faisant intervenir la vapeur d'eau :
"Nous voyons l'eau bouillonner sur le feu. Ce que nos foyers produisent sur ce peu de liquide dans une étroite chaudière, ne doutons pas que le vaste et ardent foyer souterrain ne le produise avec plus de force sur de grandes masses d'eaux. Alors la vapeur de ces eaux bouillonnantes secoue vivement tout ce qu'elle frappe.

* A la renaissance , une variante évoquant des explosions internes :
Les séismes étaient toujours dus à des tempêtes souterraines, mais c’étaient alors les gaz provenant de l’inflammation de matières combustibles dans des cavernes (soufre, bitume, salpêtre, etc.), qui étaient à l'origine d'explosions dont le souffle faisait trembler la terre, comme les mines utilisées pour attaquer des fortifications. C'était le point de vue de Jérôme Cardan (1501-1576).

* Suite au séisme de Lisbonne , Buffon reprend cette théorie d'explosion dans des cavités souterraines.

* "un tonnerre ascendant", théorie de l'abbé Bertholon à la fin du XVIIIè :
Les tremblements de terre ne sont donc que des tonnerres souterreins, comme Pline l'a anciennement reconnu, et puisqu'il est démontré que le tonnerre est un effet d'électricité, on ne peut s'empêcher de reconnoître que la cause des tremblements de terre n'est autre chose que la matière électrique. Si le fluide électrique est surabondant, ce qui peut arriver par mille causes, il cherche, suivant les lois de l'équilibre propre à tous les fluides, à se porter vers l'endroit où il y en a moins; il s'échappera donc quelquefois du globe de la terre dans l'atmosphère. Si ce rétablissement de l'équilibre peut se faire facilement, c'est un simple tonnerre ascendant; si des obstacles considérables et multipliés s'y opposent, c'est un tremblement de terre dont la force et l'étendue sont proportionnées à la grandeur du défaut d'équilibre, et à la profondeur du foyer, et aux obstacles qu'il y a à vaincre..

*Arrive enfin la tectonique avec Robert Mallet durant le XIXè.


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Message Publié : 24 Fév 2010 18:27 
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Ce livre pourrait répondre à vos questions.

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-De la colère des dieux aux activités sismiques, les tremblements de Terre furent l'objet de nombreux questionnements. Cet ouvrage retrace l'histoire des représentations et des explications qui leur ont été attribuées.-[Commentaire Eyrolles.com]

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Ecrire l'Histoire, c'est foutre la pagaille dans la Géographie.
[Daniel Pennac]


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Message Publié : 24 Fév 2010 19:35 
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Jean Froissart
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Localisation : Seine et Marne
Merci, Glutzenbaum, vous avez résumé les principales explications échafaudées au cours des âges et des siècles. Je suis très occupé en journée, au travail ; je ne peux donc chercher et publier le résultat de mon "turbinage de neurones" que le soir. Retour sur quelques interprétations de catastrophes naturelles et de séismes depuis l'Antiquité : http://www.msh-alpes.prd.fr/Publication ... rophes.htm

Il faudra que je retrouve aussi le moment où la physique des ondes a permis de mettre en évidence les ondes P (primaires) et S (secondaires) liées aux séismes.

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Message Publié : 24 Fév 2010 19:46 
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Jean Froissart
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Inscription : 21 Sep 2008 16:42
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Localisation : Seine et Marne
Je viens de tomber sur une étude du site persee.fr sur la réaction des hommes de l'Antiquité face aux séismes : http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... 49_4_22942

Bonne lecture.

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Message Publié : 24 Fév 2010 19:47 
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Fustel de Coulanges
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Mais, comment expliquait-on alors que certaines zones tremblaient souvent (Italie du Sud, Grèce, etc) et d'autres pour ainsi dire pas? (une bonne partie de la France, l'Angleterre)?

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"[Il] conpissa tous mes louviaus"

"Les bijoux du tanuki se balancent
Pourtant il n'y a pas le moindre vent."


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Message Publié : 24 Fév 2010 20:10 
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Jean-Pierre Vernant
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Je n'en ai pas de réponse... Par contre je vous met le texte d'Ammien Marcellin qui explique avec sa vision de païen modéré sa propre interprétation des tremblement de terre, livre 17, 7 :

[17,7] (1) Un tremblement de terre se fit sentir à cette époque dans la Macédoine, l'Asie Mineure et le Pont, et y ébranla les monts et les villes. Parmi les désastres de toute espèce qu'entraîna ce fléau il faut citer en première ligne la destruction complète de Nicomédie, capitale de la Bithynie. Donnons sur cette catastrophe quelques détails avérés.
(2) Le 9 des calendes de septembre (24 août), au lever du soleil, l'aspect serein du ciel tout à coup fut troublé par un amas de nuages de couleur de suie. Toute clarté disparut. Il devint impossible, si près qu'on fût des objets, de rien discerner, tant les yeux étaient obscurcis par l'épaisse vapeur dont l'atmosphère venait d'être envahie.
(3) Puis, comme si le Dieu suprême eût lui-même lancé les fatals carreaux de sa foudre, et déchaîné les vents des quatre points opposés du globe, une effroyable tempête fit mugir les montagnes, et retentir les rivages du fracas des vagues qui vinrent s'y briser. Le sol trembla, et par des secousses affreuses, accompagnées de trombes et de typhons, renversa de fond en comble la cité et ses faubourgs.
(4) La ville étant construite en grande partie sur le flanc d'un coteau, les édifices croulèrent les uns sur les autres avec un bruit épouvantable. L'écho des montagnes renvoyait les cris désespérés de tous ceux qui appelaient une femme, un enfant, un être qui leur était cher.
(5) Enfin, après la deuxième heure, et longtemps avant la troisième, le ciel redevenu serein révéla toute l'horreur du désastre. Les uns étaient morts écrasés sous le poids des décombres; d'autres, ensevelis jusqu'aux épaules, et qu'un peu d'aide eût pu sauver, périssaient faute de secours. On en voyait de suspendus en l'air, au bout des solives qui leur étaient entrées dans le corps.
(6) Çà et là gisaient des groupes naguère pleins de vie, et qui, par une commune chance de destruction, étaient devenus des monceaux de cadavres. D'autres, emprisonnés sains et saufs sous les débris de leurs toits, se voyaient condamnés à périr de douleur et de famine. De ce nombre fut Aristénète, qui venait d'obtenir le titre, longtemps ambitionné par lui, de lieutenant gouverneur de cette province, à laquelle Constance avait donné le nom de "Piété", en l'honneur de sa femme Eusébie. L'infortuné dut ne succomber qu'après une longue et cruelle agonie.
(7) Plusieurs sont encore enfouis sous les ruines, à la place, où l'ébranlement les a surpris. Enfin, ce n'étaient que plaintes déchirantes des blessés, qui, le crâne ouvert, mutilés d'un bras ou d'une jambe, imploraient vainement l'assistance de ceux que le sort avait également maltraités.
(8) Néanmoins un certain nombre de temples et de maisons d'habitants, et même une partie de la population, eussent pu échapper au désastre, sans un incendie qui survint, et qui, promenant sa rage durant cinquante jours et autant de nuits, dévora tout ce qui pouvait lui fournir d'aliment.
(9) C'est le cas, j'imagine, de dire quelques mots des hypothèses des anciens sur les tremblements de terre. Je dis hypothèses, car, sur ce point, les infatigables élucubrations des savants, et leurs discussions qui durent encore, ne sont pas plus près d'une démonstration que l'ignorance du vulgaire.
(10) Aussi, pour éviter une méprise qui serait un sacrilège, les rituels et les livres des pontifes prescrivent-ils prudemment (et c'est une réserve strictement observée par les prêtres) de s'abstenir en ces occasions d'invoquer un dieu plutôt qu'un autre, puisqu'on ignore encore quelle divinité préside en effet à ce grand désordre de la nature.
(11) Les théories abondent sur la cause des tremblements de terre, et se contredisent au point de mettre Aristote aux abois. Tantôt on les attribue à l'action violente de courants d'eau souterrains contre les parois des canaux déliés qui les contiennent, et qu'en grec nous appelons syringes. Tantôt, comme l'affirme Anaxagore, c'est l'air qui circule dans ces secrètes cavités, et qui, rencontrant l'obstacle d'un corps solide, ébranle, pour trouver issue, le terrain sous lequel il se trouve comprimé. On a souvent observé, en effet, l'absence de toute agitation de l'atmosphère pendant la durée des secousses; sans doute parce que tout l'air alors est absorbé dans les profondeurs de la terre.
(12) De son côté, Anaximandre prétend que ce sont les vents qui s'engouffrent dans ces grandes gerçures ou crevasses qui entrouvrent le sol à la suite d'un été trop ardent ou de pluies continues, et qui le remuent ensuite jusque dans ses fondements; ce qui expliquerait la coïncidence ordinaire de ces terribles phénomènes avec une période de sécheresse ou d'humidité excessive. Et c'est pourquoi les poètes et les théologiens d'autrefois ont donné à Neptune, divinité modératrice de l'élément humide, les noms d'Ennosigaeos et de Sisichthon.
(13) Ces tremblements sont de quatre espèces. Les brasmaties, fermentation violente des entrailles de la terre, qui lui fait avec effort soulever à sa surface des masses considérables: ainsi ont surgi en Asie Délos, Hiéra, Anaphé et Rhodes, cette dernière successivement connue des anciens sous les noms d'Ophiuse et de Pélagie, et qu'on dit avoir été arrosée d'une pluie d'or; ainsi sont nées Éleusis en Béotie, Vulcano dans la mer de Tyrrhène, et nombre d'autres îles. Les climaties, qui couchent sur le flanc des cités, monuments et montagnes, et passent le niveau sur le sol. Les chasmaties, où la force de la commotion ouvre des gouffres, et absorbe toute une contrée. C'est ainsi que se sont abîmées à jamais, dans la profonde nuit de l'Érèbe, une île de la mer, Atlantique, plus spacieuse que toute l'Europe; Hélicé et Bura, dans le golfe de Crisa; et, près du mont Ciminus en Italie, la forte ville de Saccumum.
(14) Enfin les mycematies, variété des trois autres espèces, s'annoncent par un bruit souterrain et terrible. C'est une convulsion intestine du globe, qui en apparence va se dissoudre, mais dont les éléments ne tardent pas à se rasseoir. Ce qui caractérise surtout ce phénomène, c'est le sourd mugissement qui le devance, et qui ressemble à celui des taureaux. Reprenons notre récit.

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Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.


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Message Publié : 24 Fév 2010 21:15 
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La vision de Lucrece n'est pas mal non plus!

Maintenant apprends comment se produisent les tremblements de terre. Mais auparavant fais en sorte de te persuader que la terre, dans son sein comme à la surface, est toute pleine de cavernes hantées par les vents et qu'elle renferme dans ses profondeurs un grand nombre de lacs, de marais, de rocs et de précipices ; son enveloppe recèle en outre, sois-en sûr, maints fleuves roulant des rochers dans leurs ondes puissantes. Car la terre doit être partout semblable à elle-même, l'évidence le veut.

541. Dans ces conditions, la terre tremble à sa surface, secouée par de grands éboulements, quand d'immenses cavernes s'écroulent en elle sous l'action du temps ; ce sont des monts entiers qui tombent et c'est le brusque ébranlement de cette chute qui détermine des tremblements propagés au loin. Rien de plus naturel, puisque nos maisons tremblent tout entières au bord des rues quand passent des chariots même de charge légère ; et ne tressaillent-elles pas de même, quand des chevaux fougueux font sonner sur le pavé les roues de char armées de fer ?

550. Il y a tremblement encore, lorsque dans les vastes et profonds lacs souterrains roule une avalanche détachée par le temps : l'agitation de l'eau secoue la terre et la fait vaciller ; un vase dérangé de son repos ne reprend l'équilibre que si le liquide qu'il contient a cessé de s'agiter.

555. En outre, lorsque le vent prisonnier dans les cavernes de la terre se porte tout entier sur un point et exerce de toutes ses forces une pression sur les hautes parois, la terre s'incline du côté où la pousse l'ouragan : alors les édifices construits à la surface du sol, ceux notamment qui s'élèvent le plus haut dans le ciel, penchent et menacent, entraînés dans le sens de l'ouragan intérieur ; les poutres mises à nu et disjointes pendent, toutes prêtes à se détacher. Et l'on n'oserait pas croire que le monde lui-même aura son heure de mort et de ruine, quand on voit de telles masses de terre sur le point de s'effondrer ? Si par hasard les vents ne reprenaient haleine, nulle force n'aurait le pouvoir d'arrêter les choses ni de les ramener en arrière dans leur course à la destruction ; mais comme ils font alterner des moments de relâche avec ceux de violence, comme tantôt ils rallient leurs forces pour revenir à la charge et tantôt plient devant la résistance, la terre finalement nous menace de ruines plus souvent qu'elle n'en fait ; car elle penche, puis se redresse ; elle manque de céder à son poids, puis retrouve sa stabilité. C'est pour cette raison que vacillent toutes les constructions, le faîte plus que le corps même, le corps plus que la base et la base à peine.

575. Voici encore une cause du grand tremblement. Parfois un brusque vent, une énorme masse d'air venue du dehors ou du sein de la terre, se jette dans ses cavernes, gronde, fait rage et tourbillonne dans les vastes grottes, puis déchirant les profondeurs du sol, ouvre un large abîme. C'est le cataclysme qui renversa Sidon, la ville tyrienne, et Egium dans le Péloponnèse, villes détruites par de semblables éruptions de vent et par les commotions qui en résultèrent ! Bien d'autres cités avec leurs remparts s'écoulèrent à la suite de tremblements de terre et maintes villes aussi furent englouties au fond de la mer avec leurs habitants.

588. Si le vent dans sa fureur ne parvient pas à ouvrir la terre, son impétuosité distribuée dans les nombreux pores du sol y provoque comme un frisson et fait tout trembler ; ainsi le froid pénétrant dans nos membres les secoue, les fait malgré eux trembler et frémir. Dans les villes alors s'agite une double terreur : on redoute l'effondrement des toits ; on craint la destruction des cavernes souterraines : dans la terre déchirée la nature ne va-t-elle pas ouvrir un vaste abîme et le combler d'un amas confus de ruines ? Ainsi donc, regarde tant qu'il te plaira le ciel et la terre comme des réalités inaltérables qui jouissent d'une sauvegarde éternelle ; parfois néanmoins la présence immédiate d'un grand danger te fera sentir en quelque endroit de l'âme l'aiguillon de la terreur : pourvu, diras-tu, que la terre n'aille pas, se dérobant tout à coup sous nos pas, disparaître dans un abîme, toutes choses y tomber à sa suite et le monde n'être plus que ruine et chaos !


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Message Publié : 25 Fév 2010 0:23 
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Jean-Pierre Vernant
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On est presque dans Voyage au centre de la Terre! :mrgreen:

C'est amusant de comparer les interprétations antiques des phénomènes géologiques ou climatique. Je vais faire un hors sujet, mais hier en relisant le Misopogon de Julien je suis tombé des nues en lisant une description très fine des effet du Gulf Stream en plein IVe siècle!

L'hiver y est très doux à cause de la chaleur, dit-on, de l'Océan, dont on n'est pas à plus de neuf cents stades et qui, peut-être, répand jusque-là quelque douce vapeur: or, il paraît que l'eau de mer est plus chaude que l'eau douce. Que ce soit cette cause, ou quelque autre qui m'est inconnue, le fait n'en est pas moins réel : les habitants de ce pays ont de plus tièdes hivers. Il y pousse de bonnes vignes, et quelques-uns se sont ingénié d'avoir des figuiers, en les entourant, pendant l'hiver, comme d'un manteau de paille ou de tout autre objet qui sert à préserver les arbres des injures de l'air.

Désolé pour l'incartade...

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Message Publié : 25 Fév 2010 11:02 
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Eginhard
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Alfred Teckel a écrit :
Mais, comment expliquait-on alors que certaines zones tremblaient souvent (Italie du Sud, Grèce, etc) et d'autres pour ainsi dire pas? (une bonne partie de la France, l'Angleterre)?


Je n'en sais rien , mais disons qu'il suffisait peut être d'imaginer qu'il y avait davantage de cavernes souterraines " venteuses" dans les régions à forte activité sismique.


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Message Publié : 25 Fév 2010 17:49 
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Citer :
C'est amusant de comparer les interprétations antiques des phénomènes géologiques ou climatique. Je vais faire un hors sujet, mais hier en relisant le Misopogon de Julien je suis tombé des nues en lisant une description très fine des effet du Gulf Stream en plein IVe siècle!


On pourrait peu être élargir le sujet en y mettant tous les phénomènes naturels?

Toujours de Lucrèce,son explication des éruptions de l'Etna :mrgreen:

Maintenant néanmoins je vais expliquer comment la flamme tout à coup irritée jaillit des vastes fournaises de l'Etna. D'abord la montagne entière est creuse et presque toute faite de cavernes de granit. En toutes il y de l'air, du vent. Le vent provient de l'air ému et agité. Quand il s'est échauffé et que rendu furieux il a tout embrasé autour de lui, roches et terre, et qu'il en a fait jaillir des jets rapides de feu, alors il se dresse et prend son élan en droite ligne par des gorges du volcan. Il peut ensuite porter au loin la flamme, au loin disperser la cendre, rouler la fumée en noirs tourbillons tout en lançant des pierres prodigieusement lourdes ; peux-tu douter que tout cela ait sa cause dans la puissance d'un vent déchaîné ?

D'autre part la mer, baignant le pied de la montagne sur une large étendue, y brise ses flots et tour à tour les reforme. Or depuis le bord de la mer, les grottes de la montagne se prolongent intérieurement jusqu'aux gorges du volcan. C'est par là que passent les vents quand la mer s'est retirée ; il le faut, et c'est l'évidence ; et c'est par là qu'ils dirigent leur souffle vers le sommet ; ils s'échappent ensuite en soufflant des flammes, en projetant des pierres et en soulevant des nuages de sable. Au sommet de la montagne, en effet, se trouvent les Cratères : tel est le nom que leur donnent les gens du pays ; nous autres, nous les appelons Gorges et Bouches.

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Message Publié : 25 Fév 2010 21:34 
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Jean Froissart
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Le premier sismographe a été inventé par le Chinois Zhang Heng durant l'Antiquité :

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L'ancienne méthode chinoise consistait en un vase de bronze comportant huit dragons sur le pourtour. Une bille était placée dans la gueule de chacun d'eux, prête à tomber. Lorsqu'un séisme avait lieu (à proximité relative), le vase de bronze tremblait et deux billes tombaient, l'une pointant vers l'épicentre, l'autre pointant à l'opposé. L'Empereur chinois — ne pouvant savoir quel côté était le bon — envoyait des troupes dans les deux directions afin qu'elles aident à organiser les secours et à maintenir l'ordre après la catastrophe.

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Message Publié : 25 Fév 2010 21:55 
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Image :mrgreen:

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