Copernic parlait l'allemand, le polonais, le latin et le grec ancien.
J'affirme cela en tant qu'auteur d'une biographie de Copernic (ISBN 1-591601-93-2), et en tant que possesseur d'un grand nombre de livres et d'articles sur Copernic.
Il faut énormément se méfier de ce que l'on peut lire au sujet de Copernic pour trois raisons :
a) Des Français (Flammarion, Arago, Rougemont, Lebon, et Joseph Bertrand) au 19° siècle ont écrit des biographies de Copernic qui sont truffées d'erreurs parce qu'ils n'étaient pas des historiens et parce qu'ils se sont appuyés en grande partie sur une source absolument pas fiable (même mensongère) qui est Jan Czynski (1801-1867) qui était un polonais réfugié en France après avoir critiqué le régime polonais.
b) Des Allemands ont voulu s'approprier la gloire de Copernic lorsque la Prusse orientale était allemande.
c) Des Polonais ont voulu s'approprier la gloire de Copernic lorsque la Prusse orientale était polonaise.
jovien a écrit :
Il n'y a pas de doute que Copernic appartenait à la bourgeoisie de langue allemande et que l'allemand était sa langue maternelle et la langue de son entourage familial et professionnel (comme chanoine et médecin).
C'est très probablement vrai.
A propos de sa famille, on a beaucoup de doutes, de suppositions, et assez peu de documents authentiques et facilement interprétables. Leopold Prowe a trouvé plusieurs tableaux généalogiques de Copernic, mais ils ne concordent pas.
- On a des doutes sur l'identité de ses grands-parents et de ces ancêtres plus lointains.
- On connait le nom de ses parents. Son père avait le même prénom et même nom que lui, donc Nicolaus Copernic (à quelques variantes orthographiques près selon les documents). On ne sait pas (malgré ce que disent certains) si ce nom de famille est d'origine germanique ou slave ou autre. On ne connait pas sa signification. Il y a plusieurs hypothèses mais aucune ne ressort vraiment. Le nom de sa mère est Barbara Watzenrode. Là aussi, on ne peut pas déterminer avec certitude si ce patronyme serait germanique ou polonais ou autre.
- Un oncle de Copernic est devenu évêque : Lucas Watzenrode. Il était un proche collaborateur de l'évêque Sbigneus Olesnicki le jeune, lequel était le neveu du Cardinal Olesnicki qui était aussi important que Richelieu. Donc, l'oncle Lucas était très proche des polonais et parlait bien polonais.
- Un oncle par alliance de Copernic était Tileman von Allen, qui fut maire de Torun pendant dix années. Il parlait très bien allemand.
jovien a écrit :
Il a étudié quelques années à Cracovie.
A propos de l'éducation de Copernic, on sait :
- Il est né à Thorun, qui est une ville où l'on parlait principalement allemand. Il a aussi appris le latin étant enfant.
- Il a effectivement vécu ét étudié plusieurs années à Cracovie, où l'on parlait principalement polonais.
- Il a ensuite vécu et étudié en Italie du nord. Il y a appris un peu l'italien, et il y a appris le grec ancien.
jovien a écrit :
Il a fait partie d'une ambassade polonaise auprès de l'Ordre teutonique.
C'est discutable. Depuis la fin de 1503 jusqu'à sa mort en 1543, il a vécu principalement en Warmie, qui est une région polonaise entourée à l'est et à l'ouest par les territoires des chevaliers teutoniques. En tant que chanoine, lui et la douzaine d'autres chanoines étaient placés juste en dessous de l'évêque de Warmie dans la hiérarchie. Or comme l'Eglise était, de loin, le plus gros propriétaire terrien de la région, possédant plus d'un tiers de la surface, l'évêque était le personnage le plus important de la Warmie, et les chanoines, étaient comme des ministres de l'évêque. Donc, un très grande nombre de décisions politiques importantes étaient prises par l'évêque assisté de ses chanoines, et lorsque l'évêque discutait avec ses voisins teutoniques, il y avait inévitablement un ou plusieurs chanoines qui agissaient pour faciliter les échanges et que l'on pourraient qualifier d'ambassadeurs si l'on veut, mais ce n'est pas le titre exact. En réalité, il n'y avait pas d'ambassade entre la Warmie et la Prusse teutonique, car ni l'un ni l'autre n'étaient un véritable état. Il y avait de temps en temps un ambassadeur polonais qui se rendait en Prusse, mais il venait de l'entourage proche du roi polonais, il venait de Cracovie, et, à ma connaissance, Copernic ne fut jamais désigné comme ambassadeur par le roi de Pologne.
Ce qui est certain en revanche, c'est que Copernic a participé à plusieurs réunions des Etats prussiens, car la Warmie faisait partie de la Prusse tout en appartenant à la Pologne. Copernic a notamment participé à ces réunions pour le sujet de la frappe des monnaies prussiennes (qui avait cours dans les territoires teutoniques, ainsi qu'en Warmie). Par ailleurs, il y eut un conflit armé entre la Warmie et les Chevaliers Teutoniques. Au cours de cette guerre, Copernic eut la responsabilité d'une place forte et il eut probablement à négocier avec les Chevaliers Teutoniques, mais on n'en a pas conservé de traces écrites.
Les livres de Copernic sont tous écrits en latin. Son latin est très correct. Il maîtrisait bien cette langue.
Un de ses livres, son premier, est une traduction d'un livre en grec ancien. Cette traduction comporte des erreurs, ce qui montre que Copernic connaissait le grec, mais n'était pas un expert de cette langue.
Tous les documents administratifs de la main de Copernic que nous avons, sont en latin, sauf un de ses documents sur la monnaie prussienne, qui est écrit en allemand.
Seules 17 lettres de Copernic nous sont parvenus. Il me semble qu'elles ont toutes été écrites en latin (j'ai leur traduction, mais je n'ai pas le livre qui contient le fac-similé des originaux). La lettre 14 concerne une mission de Copernic en tant que médecin pour soigner un chevalier teutonique, Georg von Kunheim. Cette lettre est intéressante parce qu'elle montre des liens qui sont considérés comme bienveillants, voire même fraternels, entre Copernic et les chevaliers teutoniques. Malheureusement il plane un doute sur l'authenticité de cette lettre et sur les autres qui auraient été écrites à Copernic au sujet de ce soin médical.
Copernic ne parlait pas l'hébreux ni l'arabe. A chaque fois qu'il a l'occasion d'utiliser un nom hébreux ou arabe pour parler d'une étoile ou d'autre chose, il choisit le nom latin ou grec. Par exemple, l'étoile Aldebaran n'est jamais nommée ainsi ; le livre l'Almagest n'est jamais nommé ainsi non plus. Les noms des astronomes arabes ont toujours leur forme latinisée, par exemple Albatenius pour Al-Battani, etc. On a retrouvé une ou deux fautes qu'il ne peut avoir recopier que d'après un ouvrage de Pic de la Mirandole, lequel connaissait l'hébreu et l'arabe. Les connaissances de Copernic sur les Hébreux et les Arabes ne viennent que de traducteurs. Le spécialiste de Copernic, Edward Rosen, l'a très bien démontré.