jibe a écrit :
Didier Gazagnadou, « L’introduction tardive du diable et de la brouette au Moyen-Orient », Techniques & Culture [En ligne], 48-49 | 2007, mis en ligne le 20 juin 2010, consulté le 04 mars 2014. URL :
http://tc.revues.org/2792 Merci Jibe !! (très intéressant)
Un petit extrait choisi :
J. Needham, J. Gernet et B. Gille se sont demandé, comme d’autres après eux, si la brouette européenne venait, par diffusion, de la Chine. En effet, les influences sino-mongoles en Eurasie ne manquèrent pas entre les XIIIe et XIVe siècles. Si diffusion il y eut, la voie italienne est la plus probable, car parmi les Européens, ce sont surtout les Italiens qui sont présents dans l’empire mongol dès le XIIIe siècle (Gazagnadou 1994). Il y a en effet des colonies italiennes installées sur les bords de la mer Noire et des marchands et voyageurs italiens chez les Mongols de la Horde d’Or et dans l’Ilkhânat des Mongols d’Iran. L’armée mongole qui s’empare de Badgad en 1258 comporte des militaires et ingénieurs chinois (Gernet 2000 : 330) ; il est évident que ces derniers connaissaient la brouette, comme c’est le cas dans la tradition chinoise dès le IIIe siècle ap. J.‑C., époque où la brouette est pour la première fois mentionnée comme ayant été utilisée par le général Shu pour ravitailler ses armées (Gernet 2000 : 128 ; Needham 1974 : 82-83). La brouette fut-elle utilisée par les armées mongoles ? Nul ne le sait jusqu’à présent, mais si elle le fut, il n’y a donc aucune raison pour que la brouette n’ait pu atteindre le Khanat mongol de la Horde d’or (mer Noire) avec lequel les Italiens étaient très liés. C’est ainsi que la brouette —directement et concrètement, ou l’idée de la brouette, comme pour d’autres techniques (Gazagnadou 2001 a et b)— a pu se diffuser et atteindre l’Europe et l’Italie en particulier. Il est à l’heure actuelle difficile de répondre tant que de nouvelles preuves ne seront pas établies.