CNE_EMB a écrit :
Autant je suis d'accord avec ces propos pour la Seconde Guerre mondiale, autant la question de Pouzet me semble pertinente pour le XIXe et le début du XXe siècles. Jusque dans les années 1930, les sciences allemandes sont très dynamiques et innovantes, à la pointe dans de très nombreux domaines, tout autant dans les sciences fondamentales qu'appliquées.
Le nombre de prix Nobel allemands sur cette période me paraît effectivement être un bon indicateur.
Je pense que le décrochage intervient dès les années 1920 ou 1930, et est aggravé ou rendu irrémédiable après 1945.
CNE EMB
Pour la période précédente, si j'en juge par le livre "Histoire économique de l'Alsace", les technologies allemandes et françaises au XIXème siècle avaient une image pratiquement inversée par rapport à celles de nos jours. L'Alsace qui s'était adaptée au marché français à mis presque 40 ans avant de s'intégrer au modèle économique allemand... presque au moment où elle s'est retrouvée française et qu'elle a du changer de nouveau de modèle économique.
Si on prend Mulhouse, c'était un centre textile qui produisait des tissus fins pour la mode parisienne. Avec cela, il y avait une industrie qui avait commencé par produire les machines nécessaires aux filatures, et qui c'était ensuite tournée vers la production de diverses machines-outils, de locomotives, ... Et travaillant avec l'industrie textile, il y avait un embryon d'industrie chimique et photographique. Les chimistes vont déménager à Bâle vers 1860 pour des histoires de brevets. L'industrie textile alsacienne était tournée vers les étoffes fines, colorées. Des produits hauts de gammes qui coûtaient chers pour l'époque, mais qui étaient d'un bon rapport.
Suite à l'annexion, les industriels textiles du nord de la France obtinrent très vite que l'on instaure des droits de douane élevés entre la France et l'Allemagne ... Sur le textile concerné, c'était l'Alsace qui était visée. L'accès au marché français a été fermé et l'industrie textile alsacienne s'est retrouvée sinistré puisqu'elle n'était pas adaptée au marché allemand. Le marché allemand privilégiait 2 couleurs : le blanc et le noir. Il s'agissait de tissus à la trame plus grosse "devant faire de l'usage" et sur lequel les marges bénéficiaires étaient faibles. Les industriels de la mécanique eurent du mal à trouver des débouchés en Allemagne.
A l'époque, l'image des produits français était l'image de produits luxueux, hauts de gammes, même s'ils étaient réputés fragiles. Les produits allemands étaient plus austères, moins technologiquement évolués, mais plus solides et construits pour durer. Puis, la situation évolue vers la fin du XIXème siècle. Il semble que ce fut un choix de l'Empereur, il désirait des produits plus haut de gamme et c'est sous son impulsion que l'industrie allemande commença a faire des produits de meilleure qualité. Et il semble que cela se soit initié dans le domaine des armements.