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L'abcès de fixation en médecine
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Auteur :  Pouzet [ 02 Sep 2014 18:12 ]
Sujet du message :  L'abcès de fixation en médecine

D'après wikipedia,
Citer :
L'abcès artificiel est une technique médicale utilisée au début du XXe siècle pour soigner certaines maladies infectieuses, en créant artificiellement un abcès par l'injection hypodermique d'essence de térébenthine
.
Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Abc%C3%A8s_artificiel

J'aimerai en savoir plus sur cette technique
Qui l'a inventée ?
Surtout, était-elle efficace, et si oui comment pouvait-elle fonctionner ?
N'était-elle pas dangereuse ?
Quand l'a t-on abandonné ?

Merci de vos lumières. ;)

Auteur :  Gér@rd [ 03 Sep 2014 10:44 ]
Sujet du message :  Re: L'abcès de fixation en médecine

Je n'ai pas beaucoup de connaissances en histoire de la médecine mais je me souviens que mon grand-père paternel avait eu recours à ça ou à quelque chose de très proche vers le début du XXème siècle...

Pour l'idée de ce traitement c'est très bien résumé ici : Procédé thérapeutique imaginé en 1900 par Fochier (de Lyon), consistant à provoquer artificiellement un abcès dans le but de dériver et de fixer les éléments nocifs d’une maladie infectieuse ou d’un empoisonnement

Mon grand père m'avait raconté que, jeune militaire (je ne sais pas si c'est avant ou après la guerre de 14) il avait été hospitalisé pour de graves problèmes pulmonaires (il crachait du sang et du pus et étouffait littéralement). Les traitements qu'il subissait ne donnant pas de résultats (les antibiotiques n'existant pas encore, peut-être était-ce des sulfamides) au bout de quelques jours il avait supplié le médecin major de lui faire faire des "pointes de feu". Cette technique consistait à faire avec une pointe rougie quelques scarifications (dans une zone saine) destinées à provoquer un abcès qui en s'infectant "dériverait le problème".

Le major était réticent (sans doute n'y croyait-il pas ou craignait-il un problème secondaire) mais il finit par accorder cela et un infirmier fit donc des "pointes de feu" à mon grand père (je croix que c'était dans le gras de la hanche). Le lendemain il n'y avait aucune amélioration mais le surlendemain mon grand père m'a dit que les scarifications suppuraient et qu'il pouvait enfin respirer normalement. Quelques jours après il était revenu à un état quasi normal.

De cela je retire surtout que ce devait être un remède très connu à l'époque (mon grand père était douanier dans le port d'Oran, n'avait pas suivi d'études et vivait dans un quartier populaire). Était-ce réellement efficace ou juste une coïncidence ou encore un pur effet placebo, je ne sais pas...

C'est vrai que ce procédé semble plus découler de la théorie des humeurs que de la médecine expérimentale de la fin du 19ème siècle. Mais après tout peut-être y avait il un effet thérapeutique réel et une explication rationnelle ? S'il y a un médecin dans la salle... ;)

Auteur :  Faget [ 03 Sep 2014 11:58 ]
Sujet du message :  Re: L'abcès de fixation en médecine

Sur Google on parle de provoquer un abcès par une piqure de thérébentine. Après tout l'abcès artificiel (de fixation) draine les toxines :?: qui sont par ailleurs dans le corps :?: :?:

Auteur :  Almayrac [ 03 Sep 2014 12:21 ]
Sujet du message :  Re: L'abcès de fixation en médecine

Pharmacien, si ça peut aider :wink:
En fait cette technique existe encore aujourd'huis dans les adjuvant de certain vaccin.
On utilise ces adjuvants pour stimuler l'immunité et il y a eu pas mal de controverse sur l'utilisation de l'aluminium (alzeimer) et sur le débat vaccination/apparition de sclérose en plaque.

Gaston Ramon observe, en 1920, que chez certains chevaux fournisseurs de sérum antidiphtérique il y avait une corrélation entre la présence de réactions inflammatoires au point d'injection de l'antigène et l'augmentation du taux de l'antitoxine dans le sérum.
En 1923, il découvre l'anatoxine diphtérique (un moyen d'inactiver la toxine) et en 1925 il note que l'addition de pus à cette anatoxine augmente chez les chevaux la production d'anticorps. Il instaure ainsi le principe des substances adjuvantes et stimulantes de l'immunité, technique qui permet d'obtenir des sérums plus riches en antitoxines en joignant au vaccin une substance irritante pour les tissus.

En 1926, Alexander Thomas Glenny montre les propriétés adjuvantes de l'alun.
Dès 1927, différentes substances sont testées en tant qu'adjuvant pour leur pouvoir immunostimulant : mie de pain, tapioca, hydroxyde d'aluminium.

En 1937 Jules T. Freund se sert de la bactérie tuberculeuse tuée mélangée à une émulsion comme d'un adjuvant : cet adjuvant de Freund - alors sous sa forme dite complète - (émulsion d’eau, d’huiles, d’émulsifiants et de morceaux de bactéries tuées) se révèle très puissant mais donne des réactions locales très fortes.

L'institut Pasteur a utilisé le phosphate de calcium (présent naturellement dans l'os).

Le mode d'action de ces adjuvants est l'activation des recepteur Toll qui représentent chez les mammifères des protéines clés permettant de détecter une infection et de déclencher la réponse immunitaire non spécifique inflammatoire = rougeur, induration, douleur, chaleur (contrairement à la réponse spécifique portée par les immunoglobuline). Il s'agirait d'un dispositif assez primitif dans l'évolution des éspèces.

Auteur :  ALEXANDRE 1ER [ 12 Sep 2014 14:46 ]
Sujet du message :  Re: L'abcès de fixation en médecine

C'est du meme ordre que de traiter la syphilis par la malariathérapie.On ajoute du mal au mal.Je ne crois pas qu'il y ait une explication satisfaisante ,meme si la comparaison avec les adjuvants est interessante.

Auteur :  De Villaret [ 12 Fév 2015 19:29 ]
Sujet du message :  Re: L'abcès de fixation en médecine

On traite aussi certain cancer de vessie avec le bacille de Koch atténué (tuberculose) ,
vu l'effet inflammatoire.

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