TOTEM a écrit :
Le problème c'est justement qu'on a aucun plan de canalisations secondaires, on a presque rien sur les primaires et aucune technique ne montre la façon dont si sont pris les plombiers gaziers de l'époque, tant pour le Louvre que pour les rues de Paris, alors que pour d'autres techniques de distribution et de construction on a tout ce qu'on veut.
Cela va devenir une antienne dans cette discussion : lisez le document de Gallica indiqué par JM Labat. Les tuyauteries sont en fonte, mais aussi en "tuyaux Chameroy". C'est quoi les tuyaux Chameroy ?
MM. Chameroy, inventeursCiter :
Les premiers tuyaux bitumés (ou bituminés) Chameroy sont faits avec des tôles cintrées, rivées, soudées et plombées. A l'intérieur on les enduit avec un vernis composé de bitume et de cire. La surface extérieure de la tôle est ensuite recouverte d'une couche de un à deux centimètres de bitume, qui est retenue par une corde enroulée en hélice sur la tôle même du tuyau. Le but de cette couche de bitume est de préserver la tôle de l'humidité et donner une certaine rigidité aux tuyaux pour faciliter leur manutention. La jonction de ces tuyaux s'obtient, par des bagues coniques fixées aux deux extrémités, l'une à l'intérieur du tuyau et l'autre à l'extérieur. Ces bagues, faites en plomb et étain, sont coniques de manière à entrer à frottement l'une dans l'autre. [Dictionnaire encyclopédique et biographique de l'industrie et des arts industriels , E. O. Lami et A. Tharel; Paris, 1881-1891.]
La production de tuyaux bitumés est un succès. L'entreprise profite de l'essor des canalisations d'eau et de gaz d'éclairage pour conquérir une clientèle nombreuse et se diversifie. Elle propose :
Des tuyaux en bitume et asphalte remplaçant ceux de plomb, de fonte et autres pour conduites d'eau et de gaz avec 40 pour 100 d'économie et résistant à des épreuves doubles de celles auxquelles la fonte est soumise ;
Corps creux de toutes formes et dimensions remplaçant les fontaines, les cuves, les tunnels sous terre et sous l'eau ;
Toitures très légères pouvant être déplacées et replacées sans perte autre que la dépose et la repose.
En 1845, M. Chameroy reçoit de l'Académie des Sciences un prix de 2.500 frs "pour l'industrie qu'il a créée en fabriquant des tuyaux de tôle bituminée pour le gaz-light". Les villes de provinces équipées en tuyaux Chameroy se multiplient (Lyon, Angers, Rouen, Toulouse,...) et le système se généralise au point que le "tuyau chameroy" passe dans le langage courant jusque dans les manuels scolaires. L'avantage de ces tuyaux, reconnu aujourd'hui, aura été l'opportunité offerte de réaliser rapidement de grands réseaux de distribution de gaz, pour un coût raisonnable, même s'il fallut ensuite, au fil des ans, les remplacer par des matériaux plus durables.
L'entreprise Chameroy a persisté jusqu'au 25 décembre 1984 :
Soc tuyaux chameroy.Page 49-50 du document précité, on indique les diamètres des différents tuyaux utilisés par la distribution du gaz aussi bien pour les réseaux principaux aux sorties des usines que pour les tuyaux de distribution aux lieux d'usages. Cela va du diamètre de 40cm au diamètre 5,4cm. On y indique aussi que les tuyaux chameroy ont une perte de charge moitié moindre que celle des tuyaux en fonte et qu'on utilise les tuyaux chameroy pour remplacer les tuyaux fonte. Mais, il y a aussi des tuyaux en plombs. Page 51, vous trouverez une indication précise, et un schéma des tuyaux chameroy.
J'ai été étonné de voir la description d'un ballon obturateur, ils sont utilisés couramment de nos jours pour un tas de raisons. Mais, je croyait que leur invention était plus récente que cela. Ces ballons ont été utilisés pour isoler des tronçons au plus proche de travaux d'extension ou pour isoler des fuites.
Dans les pages suivantes, on voit, schémas à l'appui, comment sont raccordées les diverses tuyauteries. Et page 55 on lit :
Citer :
Les branchements se font en plomb. Ceux qui sont destinés à alimenter les lanternes publiques ont 0m,027 de diamètre intérieur. Ce diamètre est plus que suffisant pour le débit des lanternes : mais on pare ainsi aux obstructions par la naphtaline et aux condensations.
En parlant de condensation, il y a, ensuite, tout un chapitre dédié aux drainages des tuyauteries. Page 60, on explicite comment on branche les candélabres...
Donc, oui, on sait comment s'y sont pris les plombiers-gaziers de l'époque. Oui, on a les plans des réseaux principaux. Oui, on sait comment est réalisé le réseau secondaire. A moins qu'on puisse penser que ce qui est écrit dans cette étude date seulement de l'année précédente ... Sauf qu'on y trouve les chiffres de production des decennies précédentes. Et oui, on a d"abord éclair les lieux emblématiques, comme le Louvre. Il ne faut pas oublier que les ailes les plus récentes du Louvre sont érigées sous Napoléon III ... dans le même temps qu'on déploie l'éclairage au gaz au centre de Paris. Or, les bâtisseurs se sont souvent ingéniés à utiliser la pointe de la technique de l'époque...