Bonjour,
étant actuellement en train de préparer une intervention sur la question "femmes et sciences", nous vient la question suivante dont je ne parviens pas à trouver la réponse :

Pour quelle raison OFFICIELLE l'académie des sciences a-t-elle été interdite aux femmes ?

car :

- Si c'est au prétexte d'une soit disant incompétence des femmes, je n'en vois pas la raison (il me semblerait idiot par exemple d'interdire le basket aux gens de petite taille...), ce n'est donc pas cohérent ni trop crédible pour apparaître dans une raison officielle.

- Si c'est au motif que les hommes voulaient garder le contrôle, le pouvoir sur les femmes (qui donc auraient des compétences, sinon pas de danger) je les vois mal arguer OFFICIELLEMENT de cette façon.

- Ou alors ça marchait par cooptation et dans les faits les hommes ne laissaient pas entrer les femmes, mais en ce cas pourquoi parle-t-on alors d'"interdiction" ?

merci beaucoup,

Il n'y a rien d'OFFICIEL, les statuts de l'Institut n'ont jamais interdit aux femmes de candidater (Marie Curie a perdu face à Edouard Branly en 1911 par 30 voix contre 28). Elles étaient en revanche interdites dans le public...

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Le passé change parce que nous changeons

Bonjour merci ok, mais pour quelle raison officielle leur interdire d'être dans le public ?
En gros c'est simple : les femmes n'étaient pas autorisées à pratiquer les sciences (pas le droit d'accès aux bibliothèques, pas le droit de publier, pas le droit d'exercer ou d'enseigner)
je cherche les raisons qu'on invoquait alors ??

Quels arguments avançait-on pour justifier ces interdictions (voir mes trois propositions (qui ne tiennent pas selon moi) dans mon premier message, merci.

je pense que les raisons sont bien connues : pour ces messieurs la place des femmes est au foyer avec les enfants. L'Académie française est créée au XVIIe siècle, sous les auspices d'une monarchie qui exclut les femmes du trône. Le XVIIe siècle est souvent considéré comme un siècle "machiste" (plus que les précédents), siècle de la masculinisation de la langue pour certains, des "femmes savantes" moquées chez Molière ("Femme qui compose en sait plus qu'il ne faut" entend on dans l'Ecole des femmes ), etc... Faut-il chercher plus loin ?

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Le passé change parce que nous changeons

Juste une nuance en passant, pour les dames de l'élite (aristocratie, bourgeoisie aisée) oui - et sans les enfants, qui sont majoritairement placés en nourrice ; avec des domestiques autour d'elles -, mais pas les femmes du peuple, qui travaillent bien, elles.

Cela dit, au-delà d'une potentielle domination masculine dans le champ de pratiquement tous les savoirs, il parait tout simplement inconcevable à la société de l'époque que des femmes puissent siéger dans ces lieux. C'est pour cela qu'il n'y a sans doute pas dû avoir besoin de raison "officielle", dûment inscrite dans le marbre.
Mais j'avoue que je réponds sans avoir réalisé de recherche poussée sur la spécificité de l'Académie des sciences.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine

Bonjour et merci pour vos réponses. En somme j'en déduis que c'était tellement "évident" que les femmes devaient rester cantonnées aux tâches domestiques (sauf les Aristocrates mais alors que répondait-on aux femmes voulant aller dans une bibliothèque car désireuses d'obtenir du savoir et d'étudier, chercher ?).
Donc en somme pas d'interdiction ? car je lis partout (certes sur Wikipédia mais bon) que l'accès à l'académie des sciences était INTERDITE aux femmes.

ce qui m'intéresse spécifiquement ce sont les arguments officiels (car officieusement je crois que tout simplement les hommes voulaient garder le pouvoir sur les femmes), c'est à dire ce qu'on disait (aux femmes ou aux enfants notamment) pour les CONVAINCRE que ces interdictions étaient justifiées ?

car tout ceci a duré au moins jusqu'à la première moitié du XXe si je ne m'abuse

Si vous ne connaissez pas ce livre, je vous le recommande.

A mon sens il faut craindre les arrières pensées féminines. Pourquoi une femme viendrait elle écouter une conférence scientifique...sinon pour chercher un mari ou un amant ?

Dans un ordre d'idées comparable, je crois que Guizot ,ministre de l'instruction publique, s'est beaucoup battu après 1830 pour interdire aux femmes d' aller écouter les cours des facultés. En effet il estimait que ces séances tournaient à l'exercice de style devant un public aristocratique et ne contribuaient pas à la formation des étudiants ni au progrès des sciences ...

Excellent, je n'y avais pas pensé.

Plus sérieusement, peut-on vraiment admettre que la (bonne) société des XVIII-XIXème siècles avait ce type d'idée ?
Plus prosaïquement, le savoir et la connaissance semblaient être un privilège masculin, où on n'y percevait pas la place des femmes.
Quelle raison viable autre que les fondements mêmes de l'organisation de la société de l'époque pouvait être invoquée ?

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine

Cher duc vous plaisantez ?

Pourquoi croyez qu une jeune fille faisait du droit (ou mieux encore sciences po) avant 1960?

Si on regarde la longue durée je crois que la noblesse était moins méfiante (ou.moins coincée ?) Que la bourgeoisie. Regardez mon exemple relatif à Guizot (protestant d'ailleurs).

De quelle époque parlez-vous, là ?

On se demande alors comment il se fait que la traduction des écrits de Newton en Français a été le fait d'une femme ...

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie

... à titre posthume. Emilie du Châtelet avait quelque chose d'exceptionnel, par l'éducation qu'elle a reçu de ses parents, et par ses relations, notamment Voltaire, qui lui a apporté son soutien. Elle fut bien élue à une Académie des sciences: celle de de Bologne, la seule qui admettait les femmes.

Lire cet article:
https://journals.openedition.org/histoire-cnrs/7752

Pour elle, Voltaire fit aménager au château de Cirey un cabinet de physique, le premier d’Europe chez un particulier, dans une aile construite à ses frais. "À l’issue de cette période de formation, Émilie Du Châtelet concourt en 1737 au prix de l’Académie des sciences Sur la nature du feu, dont la question dérive des travaux de Newton. Les femmes n’ont pas alors accès à l’Académie, sauf dans le public. Pour participer aux réunions informelles au café Gradot, non loin de l’Académie, Émilie doit s’habiller en homme. Mais les manuscrits des concours sont anonymes, ce qui lui laisse ses chances. Voltaire et elle présentent chacun un mémoire réalisé séparément. Le prix revint à Euler (évidemment) mais, sur la recommandation de Réaumur, son mémoire fut imprimé par l’Académie des sciences ; c’est le premier ouvrage d’une femme à l’être. (...)

Elle se propose alors de faire une traduction (note: du latin au français) et un commentaire des Principia mathematica philosophiae naturalis de Newton (1687) (...) publiés à titre posthume en 1759. Elle envoie le manuscrit de cette grande œuvre de sa vie quelques heures avant sa mort au Bibliothécaire du roi, pour archivage. Pour ce travail, elle entretient une correspondance suivie avec Clairaut (qui voulut s’attribuer le mérite du livre dont il sera finalement l’éditeur grâce à la ténacité de Voltaire), avec l’abbé Nollet (qui fournit les instruments de physique), avec Bernoulli, le mathématicien de Bâle qui fit un séjour à Cirey, de même que le père Jacquier, professeur de mathématiques à la Sapienza à Rome, qui avait fait un commentaire en latin des Principia. "