Un mot de Napoléon :
« La neige pour les sorbets vient au Caire, de Beyrout, port du mont Liban, sur de petits bateaux qui remontent jusqu'à Boulac. De là des chameaux la portent au château. Le transport se faisait jadis par dromadaires partant de Damas. Cinq dromadaires, conduits par un seul homme, partaient toutes les quarante-huit heures. Quatorze relais étaient placés sur la route, et la neige arrivait rapidement au Caire. » (Bertrand, Guerre d’Orient)
Dans le même sujet, mais pour un aspect plus technologique, peut citer aussi la machine à glace de Longwood qui a marqué les divers mémorialistes de l’exil hélénien. C'était le 16 août 1816 :
« Une machine pneumatique fut envoyée à Longwood, l'Empereur chargea le général Gourgaud de la mettre en action ; l'amiral Malcolm et lui vinrent la voir fonctionner. Le général offrit à chacun une tasse d'eau glacée dont la surface était arrivée à l'état de glace en quinze minutes. L'Empereur la prenant et en la cassant dit tout le plaisir qu'on aurait eu à en mettre un morceau dans la bouche, dans sa traversée du désert en allant en Syrie. Cette machine, la première qu'on voyait dans l'île, fut, par ordre de l'Empereur, portée chez le général Gourgaud, pour qu'il se livrât à d'autres essais; il fit sur la limonade une expérience qui ne réussit pas ; une autre sur du lait ne réussit pas davantage. » (Marchand, Mémoires)
« La machine à glace est arrivée. Au moyen de la machine pneumatique, on fait geler l’eau en vingt-cinq minutes, mais dans de petits vases. En une heure, parait-il, on peut faire une livre de glace. Il en faut, dit-on, vingt pour environner une petite sorbetière. Ainsi, en travaillant pendant vingt-quatre heure, on pourra faire cinq ou six glaces. » (Bertrand, Cahiers de Sainte-Hélène)
"On apporte une pompe pneumatique à faire de la glace. L’amiral vient et on essaye devant lui l’instrument. On parvint à refroidir l’eau voilà tout." (Gourgaud, Journal de Sainte-Hélène)
« On lui apporte, de Plantation-House, de la part du prince régent, un appareil pneumatique destiné à faire de la glace ; il s'amuse à le faire fonctionner, mais s'impatiente de ne pas réussir. Le fait est que cet appareil, de nouvelle invention, était imparfait, et qu'il fallait des heures pour parvenir à faire un sorbet. » (Montholon, Récits de la captivité de l’Empereur Napoléon à Sainte-Hélène)
« Lord ou lady Holland avait, par une galanterie toute particulière, adressé à Longwood, pour l'usage de l'Empereur, une machine d'invention nouvelle, propre à créer de la glace : elle nous est arrivée aujourd'hui par l'entremise de l'amiral Malcolm. L'Empereur, en ressortant vers les quatre heures, en a voulu voir l'expérience ; l'amiral s'y trouvait ; elle a été des plus imparfaites. » (Las Cases, Mémorial de Sainte-Hélène)
« On a envoyé aujourd’hui à Longwood une des machines pneumatiques de Leslie pour faire de la glace. Aussitôt qu’elle a été montée, je suis allé en prévenir Napoléon et lui dire que l'amiral était à Longwood. Il a fait plusieurs questions sur la manière de s’en servir, et il était évident qu’il connaissait parfaitement les principes sur lesquels sont construites ces machines. Il a professé une grande admiration pour la chimie, a parlé des grands progrès qu’on y avait faits depuis quelques années, et dit qu’il l’avait toujours protégée et encouragée de tout son pouvoir. Alors je l’ai quitté et ma suis rendu dans la chambre où était la machine, pour commencer l’expérience en présence de l’amiral. Au bout de quelques minutes, Napoléon, accompagné du comte de Montholon est entré, et a abordé l’amiral d’une manière très agréable, paraissant charmé de le voir. Une tasse d’eau fut gelée en sa présence dans l’espace d’environ quinze minutes, et il attendu pendant plus d’une demi-heure, pour voir si la même quantité de limonade gèlerait, ce qui ne réussit pas. On a essayé ensuite de faire geler du lait, mais inutilement. Napoléon a pris dans sa main le morceau de glace qu’avait donné l’eau, et m’a rappelé avec quel plaisir on l’aurait trouvé en Egypte. Le premier glaçon que l’on avait vu à Sainte-Hélène a été produit par cette machine » (O’Meara, Napoléon dans l’exil)
_________________ " Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)
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