Bonjour.

Hier soir, sur France 3, un téléfilm retraçant le procés de Galilée. Avec Claude Rich (Galilée), Jean-Pierre Marielle (Urbain VIII), et un étonnant Daniel Prévost en juge. Excellent film.

Galilée affirma sa foi mais annonça que Dieu mit le Soleil au centre de l'Univers. Il fit quelques expériences devant ses juges éberlués. Mais les textes de l'Eglise ne devaient point être contestés : le Soleil tournait autour de la Terre, centre du Monde ! Urbain VIII, jadis admirateur de Galilée, ne pouvait soutenir ses travaux, même s'il se doutait qu'ils étaient la vérité. Pour sauver sa vie, Galilée retira ses propos devant le tribunal de l'Eglise.

Galilée seul contre tous, et pourtant détenteur de la Vérité ! Comme quoi, Messieurs-Dames, il ne faut jurer de rien.

Galilée, personnage extraordinaire. Peut-être le premier scientifique au sens moderne du mot.

Cependant, on croit trop souvent que c'est Galilée qui a affirmé que la Terre tournait autour du soleil, or c'est bien Copernic qui est l'auteur de ce grand bouleversement de toute la physique médiévale.

Galilée, lui, est plutôt un expérimentateur. Son invention de génie, c'est la lunette astronomique, qu'il pointe pour la première fois vers le ciel en 1609. Ce geste est en soi une révolution : il signifie que, pour la première fois, on fait confiance à un instrument construit de la main humaine, pour accroître les potentialités de la nature (c'est-à-dire la capacité de l'oeil humain) et pour en tirer des conséquences valables.
Ce qu'il va voir avec cette lunette va aller dans le sens de la remise en cause du système traditionnel hérité d'Aristote et de Ptolémée, et donc vers une validation des thèses de Copernic. Galilée identifie tout d'abord un satellite de Jupiter : il existe donc des astres qui ne tournent pas autour de la Terre ; celle-ci n'est donc pas le centre de l'univers. Galilée observe aussi des tâches solaires : il y a donc des imperfections dans le monde sublunaire, traditionnellement considéré comme parfait dans la tradition aristotélicienne.
Galilée n'a jamais montré que la Terre tournait autour du soleil (ce qui aurait été difficile), mais ses observations ont permis de montrer que la thèse de Copernic pouvait avoir des fondements, qu'elle était concevable.
Galilée est l'un des plus fervents défenseurs des thèses de Copernic. C'est pour ça qu'il fut jugé, alors que Copernic avait publié son De revolutionibus à l'aube de sa mort.

Mais Galilée va plus loin que Copernic. Il est le premier scientifique moderne par son exigence de rationnalité.
Jusque là, la science n'existe pas. Elle n'est pas différenciée de ce que nous appelons les sciences occultes. Et on ne dit jamais "la science", mais "les sciences".
Les thèses de Copernic sont empreintes d'un fort néo-platonisme et d'un grand hermétisme ; il suffit de lire le De Revolutionibus pour voir qu'il n'y aucune exigence rationnelle. Le soleil est l'astre parfait par excellence, dans la tradition néo-platonicienne, c'est pour celà qu'il est au centre de l'univers. Il va jusqu'à invoquer Hermès Trismégiste à l'appui de sa thèse.

Galilée, lui, cherche des fondements vérifiables par l'expérience à ses thèses. Il cherche à se démarquer du mysticisme ambiant de l'époque, qui caractérise aussi notamment Képler.
Dans son refus systématique de l'astrologie, de cette croyance que les astres influent le cours des choses sur Terre, il va jusqu'à nier à la Lune son rôle sur les marées (alors que depuis la loi de gravitation universelle, on sait qu'il est avéré).

Galilée est véritablement un personnage fantastique, dont la fin de vie fut une suite de déceptions puisque, profondément croyant, il dut abjurer ses thèses et celles de Copernic devant l'Inquisition romaine. Il mourut seul et aveugle, en ayant juré de ne plus défendre les thèses de Copernic (qui avaient été mises à l'Index dès 1614).

MERCI, Hélios, de cet hommage à Galilée auquel vous permettrez que je me joigne.
Cette laborieuse séparation de l'Eglise et de la Science n'est pas sans annoncer la séparation, non moins laborieuse de l'Eglise et de l'Etat, dont tous les intéressés se félicitent a posteriori.

J'ai une profonde admiration pour Galilée et pour son oeuvre. Mais dans ce que vous dites, il y a quelque chose qui me fait réagir :

En effet, voici un exemple que l'on entend souvent et la plupart du temps dans un contexte pseudo-scientifique. Il permet à certains tenants de théories plus ou moins fumeuses de se tenir aux cotés de ce grand savant en inversant passablement les rôles.
Il faut de prime abord se rappeler que Galilée fut aussi l'inventeur ou le metteur au point de ce que l'on appelle aujourd'hui la "méthode scientifique". Il élabore une hypothèse, teste cette hypothèse par des expériences. Le résultat de ses expériences lui permet de valider, d'invalider ou d'affiner son hypothèse. A ses yeux, le résultat de cette démarche est plus important que le jugement de ses contemporains.
Et voici donc des gens, qui ne reposent pas leurs hypothèses sur des démarches aussi rigoureuses que celle de Galilée, prendre à partie son exemple et vouloir revêtir aux yeux de la postérités les habits du grand Galilée. "Vous me donnez tort, mais l'avenir saura m'en rendre raison."
Ben, NON ! cela ne ce pourrait, car les plus grand reproches que l'on leur fait est justement de ne pas reposer leurs raisonnements sur une méthode rigoureuse, scientifique. D'amalgames en approximations, ils essayent de plier les faits à leurs théories et non l'inverse. En fait, ils réfléchissent exactement comme réfléchirent les juges et les accusateurs de Galilée et par là-même en essayant de se draper dans ses mânes ils le trahissent et brouillent son image aux yeux du grand public.
Il y a pourtant quelques savants qui eurent à subir cet espèce de "syndrome de Galilée", ainsi le Nobel 2005 de physiologie-médecine fut attribué à 2 savants australiens qui sont allés contre l'opinion commumément admise. Ils eurent un peu de mal à faire admettre leur point de vue, l'un d'entre eux allant jusqu'à avaler devant témoins un concentrat d'Hélicobater pylori pour démontrer, en ayant un ulcère de l'estomac, qu'ils étaient dans le vrai. Mais leur démarche fet d'une rigeur scientifique irréprochable et c'est ce qui leur permis de venir à bout de toutes les résistances et accésoirement de voir leur ténacités récompensée par ce prix prestigieux.
http://www.rtl.be/Site/Index.aspx?LG=1&PageID=230&ArticleID=52009
http://www.cnrch.u-bordeaux2.fr/Presentation%20Prof%20S%20Normark%20Prix%20Nobel%20Medecine%202005.pdf
http://www.algerie-dz.com/forums/archive/index.php/t-10818.html