Pour les choix français, je peux donner des précisions. Il y a un article d'un Science & Vie sur le nucléaire qui avait un article là-dessus. J'ai eu aussi un certains nombres d'articles du journal interne d'EDF.
Cette histoire peut être divisée en plusieurs phase. Développement par le CEA d'une filière française (UNGG). Mise en place par EDF de réacteurs PWR de "démonstration", Chooz A par exemple. Construction de quelques réacteurs UNGG. Puis abandon du développement de cette filière et constructions du parc électronucléaire actuel en PWR (ou plutôt REP). Et suite à Tchernobyl, abandon définitif des réacteurs UNGG.
Pour des raisons de licences économiques, de fierté nationale, les ingénieurs du CEA ont décidé de répondre aux attentes des gouvernements de l'époque en étudiant le développement de leur propre filière. Pour produire de l'électricité à partir du nucléaire, il faut arrêter un certains nombre de choix techniques. Il faut sélectionner le type de combustible (plus ou moins facile à réaliser), le type de modérateur (il s'agit d'un fluide dont l'objectif est de ralentir les neutrons pour rendre les réactions possibles), le type de moyens d'arrêts de sécurité (pour pouvoir stopper les réactions rapidement en cas de besoin), le type de caloporteur (il s'agit du fluide qui va entraîner la chaleur produite par les réactions vers les matériels qui vont convertie cette chaleur en électricité). Or, il n'y a pas une infinité de solutions et souvent un choix va conditionner les autres. Une fois qu'ils ont éliminé les solutions déjà exploitées et qui faisaient l'objets de brevets, qu'ils ont éliminés les solutions hors de portée de la technologie de l'époque, le choix s'est arrêté sur ce qui va devenir la filière UNGG. UN pour uranium naturel, donc pas d'enrichissement et donc un combustible plus facile à obtenir. GG correspond à Graphite Gaz, car on utilise des barres de graphite comme modérateur et du gaz carbonique sous pression comme caloporteur.
Ce choix est validé par De Gaulle en 1958.
Les premiers réacteurs UNGG sont construit et exploités par le CEA pour la partie nucléaire, EDF se chargeant de la partie évacuation de l'énergie. Le premier réacteur 1 à Marcoule est mis en service en 1956.
Lors du lancement du projet Chinon 1, on décide de mettre en compétition, une équipe du CEA et une équipe d'EDF. C'est le projet EDF qui est retenu. Mais la construction donne lieu à pas mal de frictions entre EDF et les industriels. Malgré cela on construit et on lance Chinon 1 et 2, début de la construction vers 1960, fin en 1966. On lance le projet Chinon 3 (470 MW), puis Saint Laurent et Bugey. Pendant ce temps, ED qui cherche quelque chose de plus simple à construire, de plus simple à exploiter, et de plus rentable, construit en accord avec les Belges, la centrale de Chooz A sous licence Westinghouse. Ensuite, EDF et l'électricien belges construiront ensemble Tihange en Belgique qui est une centrale PWR de 900 MW. Le débat va se cristalliser en France lors de la construction de Fessenheim. Globalement, il y a 3 projets, une centrale à charbon de 900MW, une centrale UNGG et une centrale PWR. Les ingénieurs d'EDF sont largement en faveur de la troisième solution. Ceux du CRA, pour la seconde ce qui leur permettrait de toucher des royalties grâce aux brevets sur tout le parc électronucléaire. L'idée étant de créer un parc avec des paliers standardisés identiques. En 1967, le CEA propose de faire une adaptation des réacteurs des sous-marins nucléaires, le PAT (qui serait donc une seconde filière française). Le débat sera tranché vers 1973 par la décision de construire un réacteur PWR sous licence Westhinghouse à Fessenheim (900 MW). Les industriels concernés se regroupent et décident de racheter la licence, les réacteurs concu par la suite, avec les modifications apportées par les Français, étant nommés des REP (réacteurs à eau pressurisé).
Il y eut en France une véritable bataille entre 2 visions opposées. D'un coté, ceux qui voulaient une filière spécifiquement française même si cela revenait plus cher. De l'autre, ceux qui cherchaient à produire de l'électricité le moins cher possible (conformément aux statuts d'EDF). Après, plus de 10 ans de discussions, les seconds finirent par l'emporter. EDF continua d'exploiter les centrales UNGG pendant un certain nombre d'année et profita de l'accident de Tchernobyl pour imposer leur arrêt et leur mise hors exploitation vers 1994.
Pour des dates précises, voici un document qui détaille dette "dispute" franco-française :
http://www.centre-cired.fr/forum/IMG/pdf/Histoire_nucleaire_Fr.pdf#search=%22UNGG%22