Jusqu'au seuil du XVe siècle, l'Afrique reste le continent le plus mal connu de la géographie médiévale, comme en témoignent les hésitations du vocabulaire. Africa désignait la province formée de l'ancien territoire de Carthage, mais le terme s'appliqua bientôt à toute l'Afrique septentrionale, pays des Blancs, opposé à l'Aethiopia, pays des Noirs, à la face brûlée par le soleil selon le sens de ce mot grec aithiops. L'emploi de ces termes par Pline assura leur succès durant la période médiévale.
Mal défini, le continent africain est aussi mal circonscrit. On perçoit assez nettement une double vision, Nord-Sud, Afrique blanche, Afrique noire, et Ouest-Est, Afrique tournée vers l'Océan occidental, Afrique tournée vers l'océan des Indes. Mais on ne sait pas jusqu'où s'étendent la partie méridionale et la partie orientale. Vers le sud, l'obstacle est la zone climatique torride, longtemps jugée inhabitable, ou encore la présence supposée d'un grand fleuve, bras de la mer Océane, ceinturant le globe à l'équateur et interdisant l'accès à un autre continent où pourraient demeurer les Antipodes. Vers l'est, le terme "Inde" s'applique indistinctement à l'une ou l'autre rive de l'océan Indien.
Les choses changent au XIVe siècle. Après l'échec des frères Vivaldi en 1291 et de Jaime Ferrer en 1346, les progrès dans l'art de la navigation et la construction de bateaux rendent possible la colonisation des archipels, notamment les Canaries par les Castillans, avant l'expédition de Jean de Béthencourt et de Cavelier de La Salle (1402-1406). Mais l'impulsion décisive fut donnée par le prince portugais Henri le Navigateur et son frère don Pedro dans leur recherche passionnée à la fois de l'or, des épices et du royaume du Prêtre jean, qu'une meilleure connaissance de l'Asie avait conduit à situer en Afrique. A partir de la prise de Ceuta, en 1415, commence la reconnaissance systématique de la côte Atlantique. Le cap Bojador est franchi en 1434 par Gil Eanes ; en 1444, le cap Vert est atteint par Dinis Dias et l'embouchure du Sénégal découverte par Nuno Tristao ; en 1461, Diogo Afonso explore l'archipel du Cap Vert ; Joao de Santarem et Pero Escobar arrivent à l'équateur en 1471. Si Diogo Cao touche la pointe sud du continent en 1486, il revient à Barolomeu Dias de franchir en 1487 le célèbre cap des Tempêtes, avant que Vasco de Gama, en réussissant à atteindre l'Inde, n'en fasse le Cap de Bonne-Espérance, mais c'est en 1497-1498, et le Moyen âge est achevé.
Source : lDictionnaire encyclopédique du moyen âge, article de Christiane Deluz.
_________________ Il n'est pas sur notre sol une chose qui soit plus utile que ces sublimes monuments qui ne servent à rien (Emile Mâle).
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