J'avoue rester relativement muet de stupeur devant un tel sujet. Comme il a été précisé de nombreuses fois au cours de ce fil, encore faudrait-il définir le "vivre mieux", donc le "vivre moins bien" par corollaire. Or, je ne considère pas que ce soit le genre de jugement moral qu'un historien doive se laisser aller à faire. Constater différences, similitudes, évolutions et processus, voici le véritable travail noble de la permanence historique, mais préciser un jugement qui ne peut être que d'opinion quant à des contextes de vie absolument différents, je ne crois pas. D'ailleurs Huyustus, vous dites qu'Histoire et idéologie sont incompatibles, mais cette simple évidence n'est pas vraie depuis si longtemps que cela ; et j'aimerais ajouter que prêter attention à un tel questionnement est fort dommageable, en ceci qu'il est nécessaire de ne pas développer une vision unicentrée de ce que peut représenter le bien-être, individuel ou collectif (et surtout pas en l'assimilant à la recherche du bonheur collectif et individuel, pitié).
En revanche, il serait temps de laisser de côté les digressions directes sur la colonisation avant de glisser loin du débat initial, quand bien même il s'agit d'une des suites prouvées de cet évènement : l'arrivée des Européens. Il y a tout de même une différence radicale entre traiter du "bien-vivre" des noirs en Afrique avant l'arrivée des premiers Européens que de parler de ce même bien-être ou non sous le joug colonial du XIXe siècle. Comme il a été dit, ce sont deux phénomènes à la fois dissociables et imbriqués, qui ne sont donc pas à prendre à la légère. Globalement, le problème de ce genre de discussion, c'est de tomber dans l'inévitable opposition de l'état de Nature à l'état civilisé, quand bien même je n'ai pas l'outrecuidance de vous accoutrer d'un intellect factice ; non, bien plus simplement, c'est un travers qu'il est difficile d'éviter, tout aussi bien pour moi-même, tout bonnement parce que c'est le point central de comparaison qui peut être effectué dans ce cas de figure.
Schématiquement (et en caricaturant
), les Africains, aux diverses nuances de nudité, de cultures tribales primitives ou d'empires mouvants comme les sables du désert, aux rites chamaniques et sorciers et aux traditions ancestrales, aux danses de chasse et de guerre et aux maisons de terre vivaient-ils mieux avant l'arrivée des blancs, sur leurs bateaux ou non, habillés de tissus plus ou moins fins, équipés d'armes crachant férocement la mort, vivant dans de grandes maisons de pierre et de bois, et payant majoritairement leurs tribus quand ils allaient en razzier une autre, pour leur apporter des prisonniers ? Fondamentalement, les premiers rapports entre Européens et Africains n'ont pas changé grand chose dans le mode de vie de ces derniers, c'est en ce sens qu'à mon avis la problématique exprimée est faussée ; il faudrait bien plutôt s'interroger sur la qualité et l'appréciation de vie des Africains après le début de l'occupation matérielle de leur continent par les Européens.
EDIT : A l'intention de Savinien : faites attention, l'argument absolument mauvais de l'amélioration des infrastructures, de l'enseignement, de la santé ou encore de la paix civile est typique des négationnistes de la colonisation, et surtout de ses plus fervents défenseurs en la matière d'ambitieux aux dents longues et aux idées courtes...