J'ai consacré une partie de mes vacances à lire l'
Histoire de l'Afrique.
Avant tout, je n'ai trouvé aucun propos raciste ou dégradant pour l'Afrique dans son livre.
L'auteur aborde l'histoire par période, en décrivant à chaque fois les événements de chaque grande région, du nord au sud (ce qui explique qu'il termine son livre par les événements récents d'Afrique du sud). On a donc une vue d'ensemble des quatre familles de langues africaines (Khoisan, Nilo-saharien, Niger-Congo et Afrasien) et des grands mouvements de population qui les parcourent. La création et l'effondrement de multitudes d'empire sont bien décrits.
Incontestablement, cet ouvrage est indispensable pour qui veut connaître l'histoire de chaque pays d'Afrique en remontant au-delà de la période coloniale. Il permet de voir l'impact de certains phénomènes : islamisation, commerce avec les Européens, traite d'esclave, les différentes colonisation, les décolonisations... Enfin, il mentionne les relations commerciales entre les différentes régions, avec les produits échangés.
Personnellement, je le conseille.
Côté polémique, plusieurs théories sont attaquées, mais toujours avec des faits. Voici les principales :
- Cheik Anta Diop, évidemment - Lugan est partisan d'un peuplement Berbères de l'Égypte.
- L'impact de la traite européenne (il s'aligne totalement sur Olivier Pétré-Grenouilleau, qu'il cite abondamment).
- L'influence de la colonisation sur la composition ethnique du Rwanda (il attaque la théorie faisant de la séparation entre Tutsi et Hutu une malfaisance du colonisateur belge, en décrivant au contraire que cette distinction est la base de la culture dans la région interlacustre. Toutefois, il décrit très bien comment le colonisateur a pu envenimer les rapports inter-ethniques).
- Les bénéfices de la colonisation (seule la Grande-Bretagne aurait tiré des bénéfices, et encore marginaux par rapport à son budget. La France, bien entendu, s'y serait ruinée).
Sur la forme, on peut louer l'étalage de cartes contenues dans le livre, qui ne sont pas de trop pour suivre tous les sujets.
Je regrette par contre trois choses : d'abord, les parties sont déséquilibrées, la moitié étant consacrées à l'Afrique après 1800. Ceux qui, comme moi, sont surtout intéressés par l'histoire précoloniale, peuvent se contenter de lire la moitié du livre (qui à elle seule justifie son acquisition). De plus, certains sujets sont juste survolés. On n'a, entre autre, aucune indication sur l'art et la religion des différents peuples. Mais tout vient du fait que chacune des parties du livre auraient mérité un livre à elle seule, ce qui n'était pas le but recherché. Enfin, une grande partie du livre semble constituée d'articles repris et enrichis, et les informations sont donc disséminées entre le corps du texte, les encadrés, et les notes de bas de page, ce qui gêne la lecture.
Mais ces défauts sont mineurs comparés à l'intérêt du livre.