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Message Publié : 04 Août 2009 14:31 
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Inscription : 10 Avr 2002 17:08
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Localisation : Paris
Le musée du quai Branly propose à la rentrée une exposition consacrée aux éditions Présence africaine:

Citer :
La revue littéraire et culturelle « Présence Africaine », héritière des «négritudes» d’avant la seconde guerre mondiale, est fondée en 1947 par l’intellectuel sénégalais Alioune Diop. Véritable outil de diffusion, elle a permis aux intellectuels et aux écrivains noirs de revendiquer leurs identités culturelles et historiques que le contexte colonial niait ou « exotisait ». Cette revue fut donc à la fois un mouvement, un réseau d’échanges et une tribune permettant aux di fférents courants d’idées liés aux « mondes noirs » de s’exprimer.
Pour l’exposition, archives sonores et filmiques, photographies inédites, documents historiques et oeuvres viennent témoigner de l’importance historique de « Présence Africaine » et du rôle que cette revue a joué durant les vingt premières années de son existence.

Du 10 Novembre 2009 au 31 Janvier 2010. Mezzanine Est.


Image

Un numéro spécial de la revue Gradhiva paraîtra à cette occasion:


Citer :
La revue littéraire et culturelle Présence Africaine, héritière du panafricanisme et des négritudes d’avant la Seconde Guerre mondiale, fut fondée en 1947 par l’intellectuel sénégalais Alioune Diop. Un texte inaugural, « Niam n’goura ou la raison d’être de Présence Africaine » expliquait clairement les objectifs de cette revue :

- publier des études africanistes sur la culture et la civilisation noire

- publier des « textes africains »

- passer en revue les « œuvres d’art ou de pensée concernant le monde noir »

Dans les premiers numéros, Alioune Diop s’entoure de personnalités très diverses : ethnologues, anthropologues (Marcel Griaule, George Balandier, Théodore Monod, Michel Leiris, Paul Rivet), écrivains et philosophes (Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Jean-Paul Sartre, André Gide, Albert Camus, Paul Hazoume, Richard Wright, Pierre Naville, Emmanuel Mounier) mais aussi galeristes et critiques d’art (Charles Ratton, William Fagg). La part des auteurs français diminue après les cinq premiers numéros. À partir de 1949, la revue rencontre des problèmes financiers qui la contraignent à publier uniquement quelques numéros spéciaux. La même année, Alioune Diop crée une maison d’édition du même nom.

Si, en 1947, Alioune Diop affirme que « cette revue ne se place sous l’obédience d’aucune idéologie philosophique et politique », en 1955 (l’année de la conférence de Bandoung), lors de sa reparution, il est conduit à redéfinir clairement les objectifs de la revue : « Tous les articles seront publiés sous réserve que leur tenue s’y prête, qu’ils concernent l’Afrique, qu’ils ne trahissent ni notre volonté antiraciste, anticolonialiste, ni notre solidarité des peuples colonisés ».

Présence Africaine fut en son temps un outil de diffusion qui a permis aux intellectuels et aux écrivains noirs de revendiquer leurs identités culturelles et historiques que le contexte colonial niait ou « exotisait ». Elle fut donc à la fois un mouvement, un réseau d’échanges et une tribune permettant aux différents courants d’idées liés aux « mondes noirs » de s’exprimer.

La revue, la librairie, la maison d’édition existent encore aujourd’hui mais leur importance et leur influence ne sont plus comparables à ce qu'elles furent à l'époque des Indépendances.

Ce dossier pourra s’attacher à mettre en perspective l’héritage historique, politique et intellectuel de la revue. Enjeu de cette démarche : une généalogie des discours et des textes sur « les mondes noirs » et « les conditions noires ».

Ce détour par les discours qui ont précédé ou accompagné cette revue s’inscrit dans le prolongement de l’exposition consacrée à l’histoire de Présence Africaine qui ouvrira ses portes en novembre 2009 au musée du quai Branly.

Sommaire provisoire

Sarah FRIOUX-SALGAS, Introduction

Bernard GAINOT, « De la littérature des nègres de l’Abbé Grégoire »

Antony MANGEON, « The new Negro et Negro Anthology : Alan Locke et Nancy Cunard au service des cultures noires »

Pap NDIAYE, « ‘L’Atlantique noir’ : les échanges politiques et culturels entre les Mondes Noirs au début du XXe siècle : de Dubois à Tovalou Houénou »

Julien HAGE, « L’anticolonialisme et le champ éditorial français dans les années 50-60 »

Marc Vincent HOWLETT, Romuald FONKOUA, « Le mouvement Présence Africaine »

Éloi FIQUET, Loraine GALLIMARDET, « Le premier festival des arts nègres de Dakar de 1966 »

Témoignages

- Entretien avec Daniel MAXIMIN

- Témoignage de René DEPESTRE

Documents et Matériaux

- Chronologie littéraire et politique du XXe siècle axée sur les problématiques traitées dans le numéro (par Marie DURAND et Sarah FRIOUX-SALGAS)

- Poème de Phillis Wheatley écrit et publié en 1773 à Londres dans le recueil Poems on various subjects, religious and moral dont des extraits parurent en 1808 dans l’anthologie de l’Abbé Grégoire

- Allocution de Kojo Tovalou Houénou au Congrès de l’U.N.I.A, 1924

- Poème Héritage de Countee Cullen (1925)

- Discours d’Aimé Césaire sur l’Art Africain au Premier Festival Mondial des Arts nègres à Dakar en 1966.

_________________
"Il est plus beau d'éclairer que de briller" (Thomas d'Aquin).


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Message Publié : 25 Nov 2009 0:46 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Inscription : 15 Nov 2006 17:43
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Localisation : Lorrain en exil à Paris
Petit avis tout personnel sur l'histoire de Présence africaine: cette revue/maison d'édition a fait énormément pour le mouvement de la négritude, a publié les meilleurs poètes et romanciers noirs d'Afrique et d'ailleurs et à ce titre, il est juste de lui rendre hommage.

Un bémol: elle a aussi beaucoup fait, dans un même mélange de revendications politiques et de volonté intellectuelle, pour le développement de l'afrocentrisme le plus étriqué et a publié - et publie encore - les ouvrages de Cheikh Anta Diop ou Obenga. On sait ce que ces ouvrages valent au niveau de l'honnêteté historique. On ne peut qu'appeler Présence Africaine a - enfin! - éditer une vraie "histoire de l'Afrique noire" qui soit apolitique et dépourvu de théories fantaisistes. Je crains hélas que ce ne soit pas pour demain.

Il vaut mieux s'en retourner lire un peu de Senghor tiens!

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"[Il] conpissa tous mes louviaus"

"Les bijoux du tanuki se balancent
Pourtant il n'y a pas le moindre vent."


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Message Publié : 02 Fév 2010 19:44 
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Plutarque
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Inscription : 26 Oct 2008 19:40
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Citer :
Léopold Sédar Senghor-Cheikh Anta Diop : la guerre idéologique
L'antagonisme qui oppose l'égyptologue Cheikh Anta Diop au chef de l'Etat Léopold Sédar Senghor est révélateur des tensions qui traversent la société sénégalaise lors des premières années d'indépendance.


Le 9 janvier 1960, l’égyptologue Cheikh Anta Diop soutient à la Sorbonne une thèse dans laquelle il compare les systèmes politiques et sociaux de l’Europe et de l’Afrique, de l’Antiquité à la formation des États modernes. Le jury lui attribue la mention honorable. En clair, cela signifie qu’il ne sera jamais professeur à l’université. Et il rentre au Sénégal où Léopold Sédar Senghor, son ennemi intime, est président.

"Destruction de la vraie culture africaine"

Tout oppose les deux hommes. Senghor parle de négritude alors que Diop prône la renaissance africaine à partir de l’héritage de l’Égypte pharaonique et la promotion des langues négro-africaines. Il traite Senghor et ses amis d’« écrivains africains de langue étrangère ». Et doute que leurs écrits soient la « base d’une culture africaine ».

Quand Senghor affirme que « l’émotion est nègre, la raison hellène », Diop dénonce « l’aliénation » de « nègres d’une haute intellectualité […] qui cherchent à codifier ces idées nazies d’une prétendue dualité du Nègre sensible et émotif, créateur d’art, et du Blanc fait surtout de rationalité ». Selon lui, Senghor se sert de la négritude « pour procéder à la destruction de la vraie culture africaine ». Et il s’assigne une mission : « Combattre l’inculture qu’entraîne la désinformation servie dans un pédantisme nourri et entretenu par le chef même de l’exécutif, un certain Léopold Sédar Senghor. »

Attaques politiques et... syntaxiques!

Senghor, qui qualifie cet antagonisme d’« opposition crypto-personnelle », le lui rend bien. Il lui ferme les portes de l’université et le confine à un poste de chercheur au sein d’un laboratoire de l’Institut fondamental de l’Afrique noire (Ifan). Sur le plan politique, il recrute les militants du Bloc des masses sénégalaises (BMS), le premier parti de Cheikh Anta Diop, qui se désintègre, et dissout également son deuxième parti, le Front national sénégalais (FNS).

Lorsque l’égyptologue fonde le Rassemblement national démocratique (RND), il ne reçoit pas l’agrément parce que « sans aucune identification aux courants politiques autorisés ». Senghor attaque Diop sur le plan syntaxique en suspendant la parution du journal Siggi, créé par ce dernier. Il affirme que le mot wolof siggi s’écrit avec un seul « g » et exige la correction de la faute. Mais Diop préfère changer de titre. Il en sera ainsi jusqu’au départ de Senghor du pouvoir, en 1980.


Source.

Je ne sais pas si les querelles entre Diop et Senghor me donnent envie de pleurer ou de rire.

Excellente idée en tout cas de produire cette exposition.


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Message Publié : 02 Fév 2010 20:28 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Inscription : 15 Nov 2006 17:43
Message(s) : 3549
Localisation : Lorrain en exil à Paris
Ce sont des querelles d'une autre époque, que l'Afrique (et le reste du monde) devrait dépasser.

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