L'article du
Monde rendant compte, en 2001, de la pétition lancée contre sa promotion par un grand nombre d'africanistes français:
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Des africanistes dénoncent la promotion d'un historien de Lyon-III proche de l'extrême droite
La rentrée à Lyon-III risque de démarrer comme elle s'était terminée, à savoir sur fond de polémique entre le président de l'université, Gilles Guyot, et une partie des professeurs. Une pétition, signée par la très grande majorité des africanistes français, vient d'être adressée à M. Guyot et au ministère de l'éducation nationale, pour protester contre la promotion, en juin, de l'historien Bernard Lugan, 55 ans, comme maître de conférence hors classe par le conseil d'administration de l'université. " Cette distinction, qui vise habituellement à reconnaître l'apport scientifique exceptionnel d'un chercheur ou les services rendus à l'université, est susceptible de jeter le discrédit sur l'ensemble des études africanistes en France", estiment les signataires.
Ancien de l'Action française, se définissant lui-même comme un monarchiste, Bernard Lugan est connu au sein de l'université pour avoir fait chanter à ses étudiants de première année, lors de plusieurs mardis gras, "Quand Jésus-Christ créa la coloniale", déguisé en lancier du Bengale, dans une tenue héritée de son grand-oncle. Directeur de la revue L'Afrique réelle, il est l'auteur d'ouvrages très controversés sur l'Afrique du Sud, le Maroc et l'Afrique des grands lacs. Des travaux, estiment les africanistes, qui ne peuvent "être considérés comme scientifiques par la plus grande partie de la communauté universitaire", mais qui ont, en revanche, servi de support à la diffusion de "thèses défendant l'apartheid en Afrique du Sud, les fondements racialistes de l'histoire africaine, et faisant l'apologie de la colonisation".
DÉFENSEUR DE LA COLONISATION
Considéré comme un "expert" par la presse d'extrême droite, il a également réussi à s'imposer au sein du grand public. En 1992, Paris Match avait accordé un entretien au "Pr Bernard Lugan". A la question "La race noire est-elle moins douée que d'autres pour s'adapter à la civilisation moderne ?", il répondait que "l'Afrique noire a toujours été un continent récepteur et non concepteur". "L'Afrique noire précoloniale ignorait l'écriture, l'usage de la roue, de la poulie ou de la traction animale, disait-il. Partout dans le monde, sauf en Afrique noire, l'homme chercha et réussit à agir sur la nature." M. Lugan aime se présenter comme un esprit "réaliste". Dans les colonnes de Présent, National Hebdo ou Action française hebdo, il dénonce régulièrement "la mainmise du tiers-mondisme sur les études africaines", il défend la colonisation. Il accuse les Africains d'"incapacité à concevoir l'innovation" et d'"immobilisme", il réclame la création d'un Etat blanc d'Afrique du Sud, clé de "la survie de l'identité blanche", "où seuls les Blancs participeraient à la vie politique", "dans lequel les Noirs qui viendraient travailler ne seraient que des ressortissants étrangers", "où les Blancs seraient les seuls maîtres".
En juin, M. Guyot avait justifié sa promotion comme la reconnaissance de " l'un des meilleurs spécialistes de l'Afrique". "Il n'est pas d'extrême droite, il a à son actif quinze ouvrages publiés, soixante-deux publications et enseigne aux hautes études militaires", avait-il plaidé. Pour les pétitionnaires, cette distinction est une manière de compenser sa non-reconnaissance par la communauté scientifique. M. Lugan le reconnaît : depuis vingt ans, malgré son doctorat d'Etat, obtenu à Aix-Marseille-II en 1983, il n'a jamais réussi à obtenir du Conseil national des universités, avec qui il est en procès, son accession au rang de professeur. "En France, la compétence n'est pas reconnue, il faut être pédé, franc-maçon, ou syndicaliste de gauche pour progresser", n'hésite-il pas à commenter.
Sophie Landrin, Le Monde, 06.10.01
Pour une critique de ses thèses, voir:
http://www.cairn.be/revue-afrique-et-hi ... ge-183.htm