Nous sommes actuellement le 20 Avr 2024 2:44

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 67 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3, 4, 5
Auteur Message
 Sujet du message :
Message Publié : 20 Avr 2006 14:44 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 26 Oct 2005 18:58
Message(s) : 544
Il y a eu durant la seconde guerre mondiale des cas de cannibalisme, notamment pendant le siège de Léningrad.

Mais si la majorté des Européens ont eu faim durant toute cette guerre et les années qui suivirent, ils ne se sont pas dévorés entre eux.

_________________
Je ne peux changer le passé
mais ne rien dire
tout en sachant
c'est être complice


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 20 Avr 2006 16:53 
Hors-ligne
Hérodote
Hérodote

Inscription : 19 Avr 2006 10:36
Message(s) : 29
Localisation : PARIS
Je crois que les pratiques antropophages liées à une situation de famine débordent un peu du sujet en ce qu'elles ne nous renseignent pas sur la culture d'un peuple.

Par ailleurs, voici l'opinion de voltaire dans l'article "anthropophages de son dictionnaire philosophique:
Citer :
ANTHROPOPHAGES

Section I.

Nous avons parlé de l’amour. Il est dur de passer de gens qui se baisent à gens qui se mangent. Il n’est que trop vrai qu’il y a eu des anthropophages; nous en avons trouvé en Amérique; il y en a peut-être encore, et les cyclopes n’étaient pas les seuls dans l’antiquité qui se nourrissaient quelquefois de chair humaine. Juvénal (Sat. XV, v. 83) rapporte que chez les Égyptiens, ce peuple si sage, si renommé pour les lois, ce peuple si pieux qui adorait des crocodiles et des oignons, les Tintirites mangèrent un de leurs ennemis tombé entre leurs mains; il ne fait pas ce conte sur un ouï-dire, ce crime fut commis presque sous ses yeux; il était alors en Égypte, et à peu de distance de Tintire. Il cite, à cette occasion, les Gascons et les Sagontins qui se nourrirent autrefois de la chair de leurs compatriotes.

En 1725 on amena quatre sauvages du Mississipi à Fontainebleau, j’eus l’honneur de les entretenir; il y avait parmi eux une dame du pays, à qui je demandai si elle avait mangé des hommes; elle me répondit très naïvement qu’elle en avait mangé. Je parus un peu scandalisé; elle s’excusa en disant qu’il valait mieux manger son ennemi mort que de le laisser dévorer aux bêtes, et que les vainqueurs méritaient d’avoir la préférence. Nous tuons en bataille rangée ou non rangée nos voisins, et pour la plus vile récompense nous travaillons à la cuisine des corbeaux et des vers. C’est là qu’est l’horreur, c’est là qu’est le crime; qu’importe quand on est tué d’être mangé par un soldat, ou par un corbeau et un chien?

Nous respectons plus les morts que les vivants. Il aurait fallu respecter les uns et les autres. Les nations qu’on nomme policées ont eu raison de ne pas mettre leurs ennemis vaincus à la broche; car s’il était permis de manger ses voisins, on mangerait bientôt ses compatriotes; ce qui serait un grand inconvénient pour les vertus sociales Mais les nations policées ne l’ont pas toujours été; toutes ont été longtemps sauvages; et dans le nombre infini de révolutions que ce globe a éprouvées, le genre humain a été tantôt nombreux, tantôt très rare. Il est arrivé aux hommes ce qui arrive aujourd’hui aux éléphants, aux lions, aux tigres dont l’espèce a beaucoup diminué. Dans les temps où une contrée était peu peuplée d’hommes, ils avaient peu d’art, ils étaient chasseurs. L’habitude de se nourrir de ce qu’ils avaient tué, fit aisément qu’ils traitèrent leurs ennemis comme leurs cerfs et leurs sangliers. C’est la superstition qui a fait immoler des victimes humaines, c’est la nécessité qui les a fait manger.

Quel est le plus grand crime, ou de s’assembler pieusement pour plonger un couteau dans le coeur d’une jeune fille ornée de bandelettes, à l’honneur de la Divinité, ou de manger un vilain homme qu’on a tué à son corps défendant?

Cependant nous avons beaucoup plus d’exemples de filles et de garçons sacrifiés, que de filles et de garçons mangés: presque toutes les nations connues ont sacrifié des garçons et des filles. Les Juifs en immolaient. Cela s’appelait l’anathème; c’était un véritable sacrifice, et il est ordonné au vingt-et-unième chapitre du Lévitique de ne point épargner les âmes vivantes qu’on aura vouées; mais il ne leur est prescrit en aucun endroit d’en manger, on les en menace seulement: Moïse, comme nous avons vu, dit aux Juifs que, s’ils n’observent pas ses cérémonies, non seulement ils auront la gale, mais que les mères mangeront leurs enfants. Il est vrai que du temps d’Ézéchiel les Juifs devaient être dans l’usage de manger de la chair humaine, car il leur prédit, au chapitre xxxix, que Dieu leur fera manger non seulement les chevaux de leurs ennemis, mais encore les cavaliers et les autres guerriers. Et en effet, pourquoi les Juifs n’auraient-ils pas été anthropophages? C’eût été la seule chose qui eût manqué au peuple de Dieu pour être le plus abominable peuple de la terre.

Section II.

On lit dans l’Essai sur les moeurs et l’esprit des nations ce passage singulier:

« Herrera nous assure que les Mexicains mangeaient les victimes humaines immolées. La plupart des premiers voyageurs et des missionnaires disent tous que les Brasiliens, les Caraïbes, les Iroquois, les Hurons, et quelques autres peuplades, mangeaient les captifs faits à la guerre; et ils ne regardent pas ce fait comme un usage de quelques particuliers, mais comme un usage de nation. Tant d’auteurs anciens et modernes ont parlé d’anthropophages, qu’il est difficile de les nier.... Des peuples chasseurs, tels qu’étaient les Brasiliens et les Canadiens, des insulaires comme les Caraïbes, n’ayant pas toujours une subsistance assurée, ont pu devenir quelquefois anthropophages. La famine et la vengeance les ont accoutumés à cette nourriture: et quand nous voyons, dans les siècles les plus civilisés, le peuple de Paris dévorer les restes sanglants du maréchal d’Ancre, et le peuple de la Haye manger le coeur du grand pensionnaire de Witt, nous ne devons pas être surpris qu’une horreur chez nous passagère ait duré chez les sauvages.

« Les plus anciens livres que nous ayons ne nous permettent pas de douter que la faim n’ait poussé les hommes à cet excès.... Le prophète Ézéchiel, selon quelques commentateurs(12), promet aux Hébreux, de la part de Dieu(13), que s’ils se défendent bien contre le roi de Perse, ils auront à manger de la chair de cheval et de la chair de cavalier.

« Marco Paolo, ou Marc Paul, dit que de son temps, dans une partie de la Tartarie, les magiciens ou les prêtres (c’était la même chose) avaient le droit de manger la chair des criminels condamnés à la mort. Tout cela soulève le coeur; mais le tableau du genre humain doit souvent produire cet effet.

« Comment des peuples, toujours séparés les uns des autres, ont-ils pu se réunir dans une si horrible coutume? Faut-il croire qu’elle n’est pas absolument aussi opposée à la nature humaine qu’elle le paraît? Il est sûr qu’elle est rare, mais il est sûr qu’elle existe. On ne voit pas que ni les Tartares ni les Juifs aient mangé souvent leurs semblables. La faim et le désespoir contraignirent, aux sièges de Sancerre et de Paris, pendant nos guerres de religion, des mères à se nourrir de la chair de leurs enfants. Le charitable Las Casas, évêque de Chiapa, dit que cette horreur n’a été commise en Amérique que par quelques peuples chez lesquels il n’a pas voyagé. Dampierre assure qu’il n’a jamais rencontré d’anthropophages, et il n’y a peut-être pas aujourd’hui deux peuplades où cette horrible coutume soit en usage. »

Améric Vespuce dit, dans une de ses lettres, que les Brasiliens furent fort étonnés quand il leur fit entendre que les Européans ne mangeaient point leurs prisonniers de guerre depuis longtemps.

Les Gascons et les Espagnols avaient commis autrefois cette barbarie, à ce que rapporte Juvénal dans sa quinzième satire (V. 83). Lui-même fut témoin en Égypte d’une pareille abomination sous le consulat de Junius: une querelle survint entre les habitants de Tintire et ceux d’Ombo; on se battit et un Ombien étant tombé entre les mains des Tintiriens, ils le firent cuire, et le mangèrent jusqu’aux os. Mais il ne dit pas que ce fut un usage reçu, au contraire, il en parle comme d’une fureur peu commune.

Le jésuite Charlevoix, que j’ai fort connu et qui était un homme très véridique, fait assez entendre dans son Histoire du Canada, pays où il a vécu trente années, que tous les peuples de l’Amérique septentrionale étaient anthropophages, puisqu’il remarque comme une chose fort extraordinaire que les Acadiens ne mangeaient point d’hommes en 1711.

Le jésuite Bréboeuf raconte qu’en 1640 le premier Iroquois qui fut converti, étant malheureusement ivre d’eau de vie, fut pris par les Hurons ennemis alors des Iroquois. Le prisonnier, baptisé par le P. Bréboeuf sous le nom de Joseph, fut condamné à la mort. On lui fit souffrir mille tourments, qu’il soutint toujours en chantant, selon la coutume du pays. On finit par lui couper un pied, une main et la tête, après quoi les Hurons mirent tous ses membres dans la chaudière, chacun en mangea, et on en offrit un morceau au P. Bréboeuf(14).

Charlevoix parle, dans un autre endroit, de vingt-deux Hurons mangés par les Iroquois. On ne peut donc douter que la nature humaine ne soit parvenue dans plus d’un pays à ce dernier degré d’horreur; et il faut bien que cette exécrable coutume soit de la plus haute antiquité, puisque nous voyons dans la sainte Écriture que les Juifs sont menacés de manger leurs enfants s’ils n’obéissent pas à leurs lois. Il est dit aux Juifs(15) « que non seulement ils auront la gale, que leurs femmes s’abandonneront à d’autres, mais qu’ils mangeront leurs filles et leurs fils dans l’angoisse et la dévastation; qu’ils se disputeront leurs enfants pour s’en nourrir; que le mari ne voudra pas donner à sa femme un morceau de son fils, parce qu’il dira qu’il n’en a pas trop pour lui. »

Il est vrai que de très hardis critiques prétendent que le Deutéronome ne fut composé qu’après le siège mis devant Samarie par Benadad; siège pendant lequel il est dit, au quatrième livre des Rois, que les mères mangèrent leurs enfants. Mais ces critiques, en ne regardant le Deutéronome que comme un livre écrit après ce siège de Samarie, ne font que confirmer cette épouvantable aventure. D’autres prétendent qu’elle ne peut être arrivée comme elle est rapportée dans le quatrième livre des Rois. Il y est dit(16) que le roi d’Israël, en passant par le mur ou sur le mur de Samarie, une femme lui dit: « Sauve-moi, seigneur roi; » il lui répondit: « Ton Dieu ne te sauvera pas, comment pourrais-je te sauver? serait-ce de l’aire ou du pressoir? » Et le roi ajouta: « Que veux-tu? » et elle répondit: « O roi! voici une femme qui m’a dit: « Donnez-moi votre fils, nous le mangerons aujourd’hui, et demain nous mangerons le mien. » Nous avons donc fait cuire mon fils, et nous l’avons mangé; je lui ai dit aujourd’hui: « Donnez-moi votre fils afin que nous le mangions, et elle a caché son fils. »

Ces censeurs prétendent qu’il n’est pas vraisemblable que le roi Benadad assiégeant Samarie, le roi Joram ait passé tranquillement par le mur ou sur le mur, pour y juger des causes entre des Samaritains. Il est encore moins vraisemblable que deux femmes ne se soient pas contentées d’un enfant pour deux jours. Il y avait là de quoi les nourrir quatre jours au moins: mais de quelque manière qu’ils raisonnent, on doit croire que les pères et mères mangèrent leurs enfants au siège de Samarie, comme il est prédit expressément dans le Deutéronome.

La même chose arriva au siège de Jérusalem par Nabuchodonosor(17); elle est encore prédite par Ézéchiel(18).

Jérémie s’écrie dans ses lamentations(19): « Quoi donc! les femmes mangeront-elles leurs petits enfants qui ne sont pas plus grands que la main? » Et dans un autre endroit(20): « Les mères compatissantes ont cuit leurs enfants de leurs mains et les ont mangés. » On peut encore citer ces paroles de Baruch: « L’homme a mangé la chair de son fils et de sa fille(21). »

Cette horreur est répétée si souvent, qu’il faut bien qu’elle soit vraie; enfin on connaît l’histoire rapportée dans Josèphe(22), de cette femme qui se nourrit de la chair de son fils lorsque Titus assiégeait Jérusalem.

Le livre attribué à Énoch, cité par saint Jude, dit que les géants nés du commerce des anges et des filles des hommes furent les premiers anthropophages.

Dans la huitième homélie attribuée à saint Clément, saint Pierre, qu’on fait parler, dit que les enfants de ces mêmes géants s’abreuvèrent de sang humain et mangèrent la chair de leurs semblables. Il en résulta, ajoute l’auteur, des maladies jusqu’alors inconnues; des monstres de toute espèce naquirent sur la terre; et ce fut alors que Dieu se résolut à noyer le genre humain. Tout cela fait voir combien l’opinion régnante de l’existence des anthropophages était universelle.

Ce qu’on fait dire à Saint-Pierre, dans l’homélie de saint Clément, a un rapport sensible à la fable de Lycaon, qui est une des plus anciennes de la Grèce, et qu’on retrouve dans le premier livre des Métamorphoses d’Ovide.

La Relation des Indes et de la Chine, faite au viiie siècle par deux Arabes, et traduite par l’abbé Renaudot, n’est pas un livre qu’on doive croire sans examen; il s’en faut beaucoup: mais il ne faut pas rejeter tout ce que ces deux voyageurs disent, surtout lorsque leur rapport est confirmé par d’autres auteurs qui ont mérité quelque créance. Ils assurent que dans la mer des Indes il y a des îles peuplées de nègres qui mangeaient des hommes. Ils appellent ces îles Ramni. Le géographe de Nubie les nomme Rammi, ainsi que la Bibliothèque orientale d’Herbelot.

Marc Paul, qui n’avait point lu la relation de ces deux Arabes, dit la même chose quatre cents ans après eux. L’archevêque Navarrète, qui a voyagé depuis dans ces mers, confirme ce témoignage: Los europeos que cogen, et constante que vivos se los van comiendo.

Texeira prétend que les Javans se nourrissaient de chair humaine, et qu’ils n’avaient quitté cette abominable coutume que deux cents ans avant lui. Il ajoute qu’ils n’avaient connu des moeurs plus douces qu’en embrassant le mahométisme.

On a dit la même chose de la nation du Pégu, des Cafres, et de plusieurs peuples de l’Afrique. Marc Paul, que nous venons déjà de citer, dit que chez quelques hordes tartares, quand un criminel avait été condamné à mort, on en faisait un repas: Hanno costoro un bestiale e orribile costume, che quando alcuno è giudicato a morte, lo tolgono e cuocono e mangian’selo.

Ce qui est plus extraordinaire et plus incroyable, c’est que les deux Arabes attribuent aux Chinois mêmes ce que Marc Paul avance de quelques Tartares, « qu’en général, les Chinois mangent tous ceux qui ont été tués. » Cette horreur est si éloignée des moeurs chinoises qu’on ne peut la croire. Le P. Parennin l’a réfutée en disant qu’elle ne mérite pas de réfutation.

Cependant il faut bien observer que le viiie siècle, temps auquel ces Arabes écrivirent leur voyage était un des siècles les plus funestes pour les Chinois. Deux cent mille Tartares passèrent la grande muraille, pillèrent Pékin, et répandirent partout la désolation la plus horrible. Il est très vraisemblable qu’il y eut alors une grande famine. La Chine était aussi peuplée qu’aujourd’hui. Il se peut que dans le petit peuple quelques misérables aient mangé des corps morts. Quel intérêt auraient eu ces Arabes à inventer une fable si dégoûtante? Ils auront pris peut-être, comme presque tous les voyageurs, un exemple particulier pour une coutume du pays

Sans aller chercher des exemples si loin, en voici un dans notre patrie, dans la province même où j’écris. Il est attesté par notre vainqueur, par notre maître, Jules César(23). Il assiégeait Alexie dans l’Auxois; les assiégés, résolus de se défendre jusqu’à la dernière extrémité, et manquant de vivres, assemblèrent un grand conseil, où l’un des chefs, nommé Critognat, proposa de manger tous les enfants l’un après l’autre, pour soutenir les forces des combattants. Son avis passa à la pluralité des voix. Ce n’est pas tout; Critognat, dans sa harangue, dit que leurs ancêtres avaient déjà eu recours à une telle nourriture dans la guerre contre les Teutons et les Cimbres.

Finissons par le témoignage de Montaigne. Il parle de ce que lui ont dit les compagnons de Villegagnon, qui revenait du Brésil, et de ce qu’il a vu en France. Il certifie que les Brasiliens mangeaient leurs ennemis tués à la guerre; mais, lisez ce qu’il ajoute(24): « Où est plus de barbarie à manger un homme mort qu’à le faire rôtir par le menu, et le faire meurtrir aux chiens et pourceaux, comme nous avons vu de fraîche mémoire, non entre ennemis anciens, mais entre voisins et concitoyens; et, qui pis est, sous prétexte de piété et de religion? » Quelles cérémonies pour un philosophe tel que Montaigne! Si Anacréon et Tibulle étaient nés Iroquois, ils auraient donc mangé des hommes?... Hélas!

Section III.

Eh bien! voilà deux Anglais qui ont fait le voyage du tour du monde. Ils ont découvert que la Nouvelle-Hollande est une île plus grande que l’Europe, et que les hommes s’y mangent encore les uns les autres ainsi que dans la Nouvelle-Zélande. D’où provient cette race, supposé qu’elle existe? Descend-elle des anciens Égyptiens, des anciens peuples de l’Éthiopie, des Africains, des Indiens, ou des vautours, ou des loups? Quelle distance des Marc-Aurèle, des Épictète aux anthropophages de la Nouvelle-Zélande! cependant ce sont les mêmes organes, les mêmes hommes. J’ai déjà parlé de cette propriété de la race humaine: il est bon d’en dire encore un mot.

Voici les propres paroles de saint Jérôme dans une de ses lettres: Quid loquor de ceteris nationibus, quum ipse adolescentulus in Gallia viderim Scotos, gentem Britannicam, humanis vesci carnibus; et quum per silvas porcorum greges, et armentorum pecudumque reperiant, pastorum nates et feminarum papillas solere abscindere, et has solas ciborum delicias arbitrari! « Que vous dirai-je des autres nations, puisque moi-même, étant encore jeune, j’ai vu des Écossais dans la Gaule, qui, pouvant se nourrir de porcs et d’autres animaux dans les forêts, aimaient mieux couper les fesses des jeunes garçons, et les tétons des jeunes filles! C’étaient pour eux les mets les plus friands. »

Pelloutier, qui a recherché tout ce qui pouvait faire le plus d’honneur aux Celtes, n’a pas manqué de contredire saint Jérôme, et de lui soutenir qu’on s’était moqué de lui. Mais Jérôme parle très sérieusement; il dit qu’il a vu. On peut disputer avec respect contre un père de l’Église sur ce qu’il a entendu dire; mais sur ce qu’il a vu de ses yeux, cela est bien fort. Quoi qu’il en soit, le plus sûr est de se défier de tout, et de ce qu’on a vu soi-même.

Encore un mot sur l’anthropophagie. On trouve dans un livre(25) qui a eu assez de succès chez les honnêtes gens, ces paroles ou à peu près:

Du temps de Cromwell une chandelière de Dublin vendait d’excellentes chandelles faites avec de la graisse d’Anglais. Au bout de quelque temps un de ses chalands se plaignit de ce que sa chandelle n’était plus si bonne. « Monsieur, lui dit-elle, c’est que les Anglais nous ont manqué. »

Je demande qui était le plus coupable, ou ceux qui assassinaient des Anglais, ou la pauvre femme qui faisait de la chandelle avec leur suif? Je demande encore quel est le plus grand crime, ou de faire cuire un

Anglais pour son dîner, ou d’en faire des chandelles pour s’éclairer à souper? Le grand mal, ce me semble, est qu’on nous tue. Il importe peu qu’après notre mort nous servions de rôti ou de chandelle; un honnête homme même n’est pas fâché d’être utile après sa mort.



Ce texte n'est pas à prendre sans critique. C'est l'opinion de Voltaire en fonction de témoignages de son temps qui pouvaient ne pas être véridiques.
Globalement, il indique que le cannibalisme existait chez les "peuples sauvages" que je qualifierai plutôt de non urbains mais qu'il n'existait pas partout.
Il mentionne davantage l'amérique du nord que l'afrique à laquelle il ne consacre qu'un petit paragraphe.
Comme c'est le seul texte connu de moi sur le sujet, je le cite...


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 20 Avr 2006 18:56 
Hors-ligne
Hérodote
Hérodote

Inscription : 19 Avr 2006 10:36
Message(s) : 29
Localisation : PARIS
Voltaire était raciste, c'est entendu mais son texte me parait assez argumenté. Le ton est plutôt de douter des pratiques anthropophages et non d'en rajouter et de ce point de vue il n'entreprend pas de distinction raciste puisqu'il déplore que toute l'humanité soit susceptible de ces pratiques.

De la même façon que nous n'avons pas de raison de préjuger de la fausseté des thèses afro-centristes en fonction de leurs intentions, ne disqualifions pas si facilement le texte de Voltaire.

Les témoignages de première main sont préférables, j'en conviens.

Il y a certainement eu des fantasmes sur l'anthropophagie mais personne ne niera qu'elle a existé dans des populations primitives.

A mon avis on peut expliquer que l'anthropophagie ait existé surtout chez les peuples tribaux, aux structures économiques peu développées, où la division du travail était peu poussée plus que dans les sociétés urbaines.

Dans les sociétés urbaines, le réseau d'échange s'est beaucoup développé, au point d'avoir supprimé les communautés primitives. Pour que les échanges économiques se développent et qu'une communauté plus vaste se constitue, il a d'abord fallu que se perdent l'habitude des guerres entre petites communautés pour que celle-ci préfèrent accroitre leurs échanges au point de se confondre. D'où la perte d'habitude des pratiques anthropophages pour un grand nombre de personnes.
Il reste bien sûr que ces communautés plus étendues pratiquent la guerre contre d'autres communautés de la même taille. Alors pourquoi pas le cannibalisme contre les ennemis? L'importance de la guerre me parait néanmoins moindre entre ces Etats nations que pour une petit communauté qui la pratique. Seule un petit nombre d'hommes la pratiquent et pas forcément régulièrement. L'habitude de manger de la chair humaine ne pourra que se perdre. Ce goût ne pouvant à mon avis se maintenir que s'il est entretenu régulièrement. En effet, comme il existe un tabou pour manger de la chair humaine de gens du même groupe ou de la même société, si l'on a pas régulièrement l'occasion de manger celle de ces ennemis, le tabou s'étendra à ceux-ci.

Ce n'est qu'une théorie. Dans les faits, bien sûr on a vu des armées importantes pratiquer le cannibalisme, notamment les croisés. De la même façon beaucoup de peuples primitifs, l'immense majorité ont vécu pacifiquement. Enfin, ne pas être anthropophage n'empêche pas la cruauté. Les SS qui géraient les camps de concentration n'étaient pas anthropophages.

Concernant l'afrique, je souscris plutôt à l'opinion de ceux pour qui elle a été exceptionnelle.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 22 Avr 2006 9:25 
Hors-ligne
Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 08 Mai 2002 9:54
Message(s) : 1923
Domi2 a écrit :
Concernant l'afrique, je souscris plutôt à l'opinion de ceux pour qui elle a été exceptionnelle.


Mais, en somme, ce n'est qu'une opinion... :lol:

Absolument rien ne permet d'affirmer que l'anthropophagie aurait été plus courante en Europe qu'en Afrique !


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 15 Avr 2007 16:03 
Hors-ligne
Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 23 Mars 2005 10:34
Message(s) : 2297
Localisation : Nanterre
Sujet complété après le crash de Pâques

Duduche19 a écrit :
Je pensais que le cannibalisme était une pratique peu courante en Afrique sub-saharienne et que c'était surtout un "bruit" répandu par les Blancs au cours des siècles. Mais je suis en train de lire le livre de Hugh Thomas, "la traite des Noirs", et à plusieurs reprises, il parle de tribus cannibales :

- les Jagas sont un peuple sauvage, anthropophage et nomade (page 121) ;

- les Lundas sont "souvent cannibales" et leur monarque, "chaque jour enduit de la graisse bouillie de ses ennemies, massacrait sa propre progéniture" (page 163) ;

- la princesse Nzinga (baptisé Dona Ana de Souza) adopta certaines des techniques des Lundas, dont le cannibalisme et l'infanticide (page 165).
Histrion a écrit :
En 1353, Ibn Battuta célébre voyageur musulman visite le royaume du Mali :

Ce fut lors de cette traversée qu’Ibn Battuta eut l’occasion d’observer des animaux comme il n’en avait encore jamais vu : des hippopotames. Le passeur se montra particulièrement effrayé par ces animaux qui paraissaient pourtant fort placides. Dans la région, les hippopotames étaient chassés au moyen de lances prolongées par des cordes (des sortes de harpons). D’ailleurs sur les berges, on pouvait voir de nombreux os d’hippopotames ayant fait les frais d’une chasse et d’un repas.

Ils firent halte dans un grand village gouverné par Farba Magha, un " nègre " ayant effectué le pèlerinage en compagnie du Roi Mansa Musa. Ce Gouverneur lui fit part d’une étonnante information. Un Qadi ayant déplu au Roi avait été exilé dans le territoire des cannibales ! Et la seule raison expliquant qu’il n’ait pas été mangé tenait dans le fait qu’il s’agissait d’un " blanc " et que pour ces cannibales, la chair blanche était indigeste car elle n’était pas " mûre " !

Les membres de cette peuplade étaient somptueusement vêtus de manteaux de soie et on les respectait beaucoup car dans leur territoire se trouvait une importante mine d’or. Le Roi les recevait " royalement " et leur offrait une servante en cadeau de bienvenue. Très naturellement, ils la tuaient et la mangeaient ensuite. Puis, après s’être barbouillé le visage et les mains avec son sang, ils allaient remercier le Roi pour sa générosité ! Et il en était toujours de même à chaque visite officielle. Telle était la coutume. Certains précisèrent même à Ibn Battuta que, selon ces cannibales, les meilleurs morceaux de la femmes étaient les paumes des mains et les seins ! Comme on peut le constater, notre voyageur acquit au cours de son voyage d’assez étonnante connaissances gastronomiques !


http://coll-ferry-montlucon.planet-alli ... ybatge.htm

_________________
Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
George Orwell


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 24 Sep 2007 23:59 
Hors-ligne
Plutarque
Plutarque

Inscription : 24 Sep 2007 22:45
Message(s) : 158
Localisation : am'barak
bonjour ,je viens de m'inscrire car certains sujets me donnent matiere à réponse.Je posséde actuellement de nombreuses lettres autographes de jean victor LARGEAU EXPLORATEUR du Sahara et du congo puis fonctionnaire colonial sous les ordres de SAVORGNAN DE BRAZZA ; et de victor LARGEAU son fils général ( ex- officier de la colonne KONG ET MISSION MARCHAND) et pére fondateur du TCHAD . Dans plusieurs missives IL Y EST FAIT MENTION DE CANNIBALISME EN AFRIQUE EQUATORIALE. Aujourd'HUI je ne citerai que le jugement de l'affaire dite de NSEGHE. """ audience du 3 aout 1896 , au nom du peuple français ,le tribunal de paix à compétence élargie de l'OGOUE ET DE FERNAND VAZ ,dans son audience correctionnelle a jugé l'affaire suivante : contre NZMOME-NANA chef du hameau d' EYANEYOU annexe DU VILLAGE de NSEGHE ET 5 AUTRES HABITANTS DU DIT HAMEAU;.........Attendu que le 21 juillet dernier 6 okotas qui venaient de quitter NJOLE et remontait le fleuve pour regagner le village de DJAMBALA ONT ETE BRUSQUEMENT ASSAILLIS EN PASSANT SUR LE BANC DE SABLE DEVANT LE VILLAGE PAHOUIN DE NSEGHE par les hommes du dit village ayant à leur téte le chef EMANE-TOLE, que les agresseurs ont assassiné et mangé trois okotas et que les 3 autres dont 1 blessé n'ont pu qu'a grand peine regagner leur village""""""""""""""""".........le chef EMANE TOLE s'est mis en état de rebellion et a fait prendre les armes à 6 villages pour resister aux agents de la force publique venus l'arréter( 300 guerriers se sont opposés par les armes au chef de la station mr VADOU et à l'agent auxilliaire RIVES accompagnés DE 20 MILICIENS - 1 mort et 4 blessés"""""""""""""condamnation de 5 responsables à 5 ans de prison et 5 ans de surveillance et 1 jeune mineur relaxé""""""" en conclusion le tribunal dit que " par l'application de l'article 1 de l'arrété local du 27 juin 1890 les condamnés seront dirigés vers LIBREVILLE pour y purger leur peine.Ainsi fait , jugé et prononcé en audience publique par nous JEAN VICTOR LARGEAU, juge de paix à compétence étendue de l'ogoué et du fernand vaz ,assisté de paul ernest Fabre greffier assermenté ad hoc et de paul Nadon chef de station à NJOLE faisant fonction de ministere public ,le 3 aout 1896.

Autre lettre de victor LARGEAU administrateur de Ndjolé franceville et dépendances sur L'ANTHROPOPHAGIE : "" le 25 aout 1896 à monsieur le chef de la station de Lambaréné : j'ai l'honneur de vous accuser reception de vos rapports 19 20 21 du 5 de ce mois me faisant connaitre la situation politique de la région et les faits notables qui s'y sont produits . Le palabre ENAMA dont vous racontez les péripéties,n'est pas d'autre nature que la plupart de ceux qui surgissent entre Pahouins et à l'origine desquels on retrouve toujours la femme-marchandise ou si vous préférez la femme-bétail;vous l'avez réglé au fond comme il devait l'etre ,c'est a dire selon les coutumes et c'est bien comme vous l'avez fait qu'il faut agir dans ces sortes d'affaire . Mais entre les coutumes des PAHOUINS: il en est 2 qu'il faut faire disparaitre à tout prix : L' ANTHROPOPHAGIE et LE MEURTRE JUDICIAIRE ; surtout lorsqu'il n'est pas commis sur le coupable ou supposé tel , mais sur des innocents qui n'en peuvent rien. Il faut que tous les Pahouins le sachent je vous prie de faire savoir par tous les moyens que le coupable sera saisi,jugé et condamné à la prison

Précision : Groupe Dit Pahouin = (Fang-Boulou-Beti) du gabon : la coutume d'anthropophagie n'est semble t il pas exceptionnelle , comme le pense un intervenant

Lettre de jean-victor LARGEAU ADMINISTRATEUR DE L'OUBANGUI PAR LOANGO ET BRAZZAVILLE à son fils victor-emmanuel datée du 8 mars 1892 de BANGUI""""""""""""""" C'est ici le coeur de la sauvagerie africaine : en aval chez les bondjos et les ngombés ,beaux sauvages à l'air intelligent , existent des parcs humains dont le bétail inconscient sert journellement aux festins des maitres; on ne voit partout que des cranes dans les villages. Le 11 janvier j'ai fait ,avec un chef nommé Mbettou ,l'échange du sang dans une vaste cour fermée d'1 coté par une rangée de cranes humains. Ici , autour de nous sont les Bouzérous ,individus de races inférieures qui il y a plus de deux ans,ont mangé le premier chef de de ce poste , l'infortuné MUSY et 7 sénégalais. A qq kilométres dans l'intérieur sont errants ,sans feu ni lieu ,ne vivants que de leurs chasses les nains Mambingas ,quant la chasse fait défaut ils s'approchent des rives pour voler des bananes :les riverains les mangent quand ils peuvent les prendre. PLUS Haut sont les ouaddas qui eux ne mangent que leurs prisonniers de guerre.


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
 Sujet du message :
Message Publié : 25 Sep 2007 16:04 
Hors-ligne
Plutarque
Plutarque

Inscription : 24 Sep 2007 22:45
Message(s) : 158
Localisation : am'barak
Lettre de jean-victor LARGEAU ADMINISTRATEUR DE L'OUBANGUI PAR LOANGO ET BRAZZAVILLE à son fils victor-emmanuel datée du16 NOVEMBRE 1892 de BANGUI""""""""""""""" Ici ce sont les belges qui se jouent absolument de nous.Aprés avoir pillé les réserves d'ivoire de la rive droite de l'oubangui , ils ont occupé en violation des conventions,tous les territoires de droite du haut oubangui ,riches en ivoires. . Abandonnant les errements suivis sur la rive qui leur appartient,ils distribuent de ce coté,en grande quantité des fusils perfectionnés ............sachant qu'ils devront abandonner ces territoires..................par contre nous nous trouverons nous face à une population bien armée ,exercée méme et surexcitée contre nous.........En attendant ils ont commis de telles exactions que leurs pirogues naviguant dans l'oubangui ne peuvent plus arborer leur pavillon sous peine de s'exposerà des attaques et que leurs agents blancs ne peuvent plus débarquer dans un village sans risquer d'étre tués et mangés. c'est à la suite d'1 acte de brigandage de leurs sauvages miliciens qu'un de leurs officiers a encore été tué et mangé dernierement dans 1 de nos villages.""""""""""""""""""""""""""""""""""""""""


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 67 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3, 4, 5

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 22 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB