ZI MdC a écrit :
Je n’ai pas compétence à critiquer cet ouvrage, et note simplement que le témoignage de l’auteur ne semble pas avoir été récusé par M. Ogotemmeli. Celui-ci est témoin de la prise d’un village dont il était l’hôte : Digby, proche de New Cess, Grand Bassa, Libéria, 1840
Dans l'édition de
"Les aventures d'un négrier" (éd. Bouhet La Découvrance, 2004) que j'ai, cette scène est relatée différemment ; même s'il ne fait aucun doute que CANOT prétend avoir assisté à cette occasion à un cas d'anthropophagie.
Le chapitre XXX ( de l'édition en ma possession) est intutilé
"Le massacre de Digby", pp240-243 et commence comme suit : "
A Digby, à quelques milles de Monrovia, se trouvaient deux villes gouvernées par des cousins qui avaioent toujours vécu en bonne intelligence. J'avais récemment établi, dans la juridiction du plus jeune des deux, une factorie d'esclaves, pourvue des marchandises qui flattent le mieux les goûts des indigènes. L'aîné crut voir une insulte dans ce choix. [...]"
Commencent des "bisbilles" entre les deux cousins. Comme par hasard, c'est le plus jeune, adoubé par Carnot, qui vaincra l'autre par ce "massacre à Digby". Pour y parvenir, il loua les services d'un mercenaire, "
un brigand fort connu appelé Djen-Ken qui devait sa célébrité à la férocité barbare dont il avait donné des preuves à travers tout le pays. Djen-Ken et ses lieutenants étaient des cannibales et ne s'engageaient jamais sur le sentier de la guerre sans avoir fait serment de revenir chargés de chair humaine pour en gorger leurs familles."
Comme par hasard, le jour de ce massacre, Carnot rendait visite à l'aîné des cousins, afin de lui promettait de faire affaires avec lui. Ce qui occasionna une grande "joie" : "
Celui des rivaux jusqu'alors négligé se montra fou de joie quand il apprit qu'il aurait, lui aussi, les faveurs du blanc. Sa ville devint instantanément le théâtre de folles réjouissances. On gaspilla généreusement la poudre ; on distribua du rhum aux deux sexes et l'on dansa, fuma et but jusque vers minuit ; puis chacun s'en fut goûter furtivement le sommeil de l'ivresse."
Carnot et tous les Kroumen/"crew-men" qui l'accompagnaient seront épargnés par les assaillants, les hommes de Djen-Ken, qui opérèrent à partir de 3 heures du matin, et mirent en déroute une population assoupie. La maison où Carnot séjournait fut prise comme quartier général de ces opérations...
Carnot n'aurait-il pas ourdi ce massacre, sa visite était-elle un traquenard
"[...]
puis un cortège de femmes aux corps barbouillés de chaux [probablement du kaolin] et d'ocre se répandit à flots sous le hangar afin de se joindre aux rites infâmes. Chacun de ces démon femelles était armé d'un couteau et portait à la main quelques débris humains, trophée de cannibale."
1- difficile, pour moi, de remettre en doute le fait qu'il y eut des actes cannibales lors de ce "massacre à Digby",
2- vraisemblablement, ces actes procédaient d'un rituel d'après-combats pratiqué par une bande de "brigands" et leurs familles.
3- Ce n'est donc pas une "ethnie" ou une "tribu" particulière. Ce sont les membres d'une entreprise de mercenaires.
4- en tout cas, ce cannibalisme semble s'effectué dans des circonstances particulières, en principe exceptionnelles (la guerre), qui malheureusement avaient perdu leur caractère de rareté, dans ce contexte criminogène du Yovodah...