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Message Publié : 23 Jan 2006 18:36 
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Salluste
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duduche19 a écrit :
Il en a donné 20 et non pas 1000 pour sa liberté.

Il ne s'agit pas de sa 'rançon' mais des prisonniers.

Vous avez rapporte
duduche19 a écrit :
La page 52 est encore plus explicite :
Citation:
...
L'autobiographie laissé par ce dernier permet de savoir qu'il revient de Timbo pour le Rio Pongo, à la tête d'une caravane de près d'un millier d'êtres humains, presque tous des esclaves achetés ou offerts comme présent au cours de son voyage.


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Message Publié : 23 Jan 2006 21:34 
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onyx a écrit :
duduche19 a écrit :
Il en a donné 20 et non pas 1000 pour sa liberté.

Il ne s'agit pas de sa 'rançon' mais des prisonniers.


D'accord.

Les mille êtres humains que Théodore Carnot ramène de Timbo ont été soit achetés, soit offerts. Dans quelles proportions ? Je l'ignore.

Il revient de Timbo, capitale du Fuuta-Jaloo. Or le Futaa-Jaloo est un royaume, et plus particulièrement une théocratie, qui s'est construit sur la traite négrière. Les sources orales sont absolument formelles sur le rôle central du Fuuta-Jaloo dans l'approvisionnement d'esclaves noirs des comptoirs situés entre Galam et la Sierra Leone. D'autres travaux partagent le même point de vue sur le rôle déterminant du Fuuta-Jaloo dans la traite : ceux d'Abdoulaye Bathily, Ph Curtin, W Rodney, B Barry, Mc Gowan, R Botte.
Donc que Carnot revienne de cette capitale avec une caravane de 1000 esclaves me semble parfaitement réalisable.

Autre détail qui a son importance. L'Angleterre a aboli la traite depuis 1807 et fait tout pour que les autres Etats européens suivent ses pas (ça prendra encore beaucoup de temps). Cela a une influence "négative" certaine sur le commerce avec le Fuuta-Jaloo. Ces autochtones ne comprennent pas pourquoi tout d'un coup un commerce florissant, qui leur a donné la puissance et qui se fait depuis des générations (pour ne pas dire depuis la nuit des temps) devient brusquement illicite.

Alors quand Carnot arrive en se proposant d'être un nouveau intermédiaire entre la théocratie et les négriers blancs, les notables ont dû voir dans Carnot l'homme providentiel qui allait redresser la situation.

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Message Publié : 23 Jan 2006 22:55 
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ils devaient donc etre des centaines pour garder 1000 prisonniers, voire des milliers

Mais non, il était seul avec une poignée de fidèles.

Voilà des chiffres qui quand on débat du nombre de déportés sont écartés car réputés éxagérés mais qui ici paraissent normaux.

On ne sait toujours pas s'il s'agit de cannibalisme alimentaire ou d'autre chose ni s'il concernait des tribus ( ca existe ca ? ) ou des bandes ou même si ce Carnot n'était pas un fieffé menteur comme devaient l'être nombre d'aventuriers racontant leurs aventures exotiques.

Je constate en passant qu'il écrit très bien pour un négrier, trop bien même. On est loin d'un rapport de capitaine au long cours. Ce livre n'aurait pas été réécrit sur ordre d'une maison d'édition soucieuse du style de ses auteurs ? En général, les ré-écrivains débordent d'imagination.


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Message Publié : 24 Jan 2006 0:05 
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Citer :
Je constate en passant qu'il écrit très bien pour un négrier, trop bien même. On est loin d'un rapport de capitaine au long cours. Ce livre n'aurait pas été réécrit sur ordre d'une maison d'édition soucieuse du style de ses auteurs ? En général, les ré-écrivains débordent d'imagination.

C'est un journaliste, Brantz MEYER, qui recueillit les mémoires de Carnot.
Citer :
Meyer était une de ces parfaites nullités qui possèdent l'art de se donner de l'importance. En politique, il était du nombre de ces modérés à qui les abolitionnistes paraissaient à la fois fous et dangereux. p19
[Malcom CROWLEY, le préfacier de l'édition en ma possession.]


Une chose m'intrigue, c'est la grande différence de forme entre le récit de ce "massacre à Griby" tel que rapporté par ZI MdC, et la version dont j'ai eu connaissance.

Par ailleurs, beaucoup d'autres indices d'erreurs ou omissions sont relevés dans "Les aventures" de Carnot, notamment quand il prétend traiter sa cargaison humaine avec le plus grand soin, sans entraves (ou rarement), alors que le taux de déperdition de bois d'ébène de l'Espérance a été jugé plutôt élevé par rapport à la moyenne de la période.

Pour autant, je ne vois toujours pas ce qui permettrait de remettre en cause la véracité du cas de cannibalisme qu'il rapporte. Les circonstances me semblent assez vraisemblables. L'indice de femmes badigeonnées au kaolin me paraît accréditer l'idée d'un rite (jugé "infâme" par Carnot). Des criminels professionnels qui peuvent croire qu'en consommant (certaines parties déterminées?) de leurs victimes, ils en captent la force vitale et/ou en neutralisent la puissance post-mortem...

De telles croyances sont attestées en Afrique, même encore de nos jours : parfois, quand on veut acquérir des aptitudes exceptionnelles, "sur-humaines", on peut avoir à faire des rites supposant le "sacrifice" humain, l'usage de parties ou de sang humains. Par exemple, lorsque l'on brigue un post de très haute responsabilité, ou quand un guerrier veut devenir comme invulnérable, voire invisible lors des combats ; ou encore lorsque tel commerçant veut réaliser de très grandes affaires et amasser une colosssale fortune, etc.

Je pense qu'on ne peut écarter purement et simplement la possibilté de cas d'anthropophagie en Afrique noire, notamment pendant le Yovodah et la Colonisation. Mais il faudrait encore en rapporter des cas dûment documentés, et exposer les circonstances exactes de leur occurrence...

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Message Publié : 24 Jan 2006 0:31 
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onyx a écrit :
ils devaient donc etre des centaines pour garder 1000 prisonniers, voire des milliers

Mais non, il était seul avec une poignée de fidèles.

Ah comment savez-vous çà ?
Il me semble que le voyage à Timbo et la prise de la ville du cousin sont deux événements distincts.

onyx a écrit :
Voilà des chiffres qui quand on débat du nombre de déportés sont écartés car réputés éxagérés mais qui ici paraissent normaux.

Je n'y vois qu'exaltation de votre imaginaire. Entre 1783 et 1788, le volume de trafic négrier du Fuuta-Jaloo oscille entre 4000 et 6000 captifs par an (p54 de tradition orale et traite négrière).

onyx a écrit :
Je constate en passant qu'il écrit très bien pour un négrier, trop bien même. On est loin d'un rapport de capitaine au long cours. Ce livre n'aurait pas été réécrit sur ordre d'une maison d'édition soucieuse du style de ses auteurs ? En général, les ré-écrivains débordent d'imagination.

Inspecteur Onyx, vous brillez par votre imagination. Pour vous, tout le livre de Carnot n'est qu'affabulation, les indices pour une telle affirmation "il s'est écrire et même très bien". Je vous invite donc à écrire un livre à la claude ribbes pour dénoncer les mensonges d'une "maison d'édition soucieuse du style de ses auteurs" et de le dédicasser au professeur Djibril Tamsir Niane.

PS : avant de discréditer un livre, lisez-le. Personnellement, je ne l'ai pas lu. Mais quand plusieurs historiens y font référence, noirs ou blancs, je crois que nous avons à notre disposition un matériau qui peut nous en apprendre davantage sur le traite négrière au Fuuta-Jaloo en 1827.

Je sais que ça vous dérange que des Noirs étaient vendus par d'autres Noirs. Mais que voulez-vous, c'est un fait. C'est une coutume qui s'est prolongée pendant quatre siècles pour la traite atlantique (et je ne parle pas des traites orientales et interafricaines.
Nombreux sont les royaumes africains qui ont livré des Noirs et vous seriez surpris du nombre.

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Message Publié : 24 Jan 2006 0:35 
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OGOTEMMELI a écrit :

Je pense qu'on ne peut écarter purement et simplement la possibilté de cas d'anthropophagie en Afrique noire, notamment pendant le Yovodah et la Colonisation. Mais il faudrait encore en rapporter des cas dûment documentés, et exposer les circonstances exactes de leur occurrence...


Il ne faut pas oublier non plus que beaucoup d'Africains croyaient que les Blancs achetaient des Noirs pour les manger.

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Message Publié : 24 Jan 2006 2:13 
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duduche19 a écrit :
Je sais que ça vous dérange que des Noirs étaient vendus par d'autres Noirs. Mais que voulez-vous, c'est un fait. C'est une coutume qui s'est prolongée pendant quatre siècles pour la traite atlantique (et je ne parle pas des traites orientales et interafricaines.
Nombreux sont les royaumes africains qui ont livré des Noirs et vous seriez surpris du nombre.

C'est hors sujet. Mais non, si c'est vraiment le cas. Mais est ce là toute l'histoire ?

Ce qui me dérange c'est que faisant de ces thèmes un terrain de confrontation idéologique, on élude tous les arguments qui ne vont pas dans le sens de la démonstration ou pire que l'on sème la disgression dès qu'une question dérange.

Veuillez à l'avenir éviter d'employer avec moi ce ton qui ne sied pas à ce forum.


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Message Publié : 24 Jan 2006 2:33 
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OGOTEMMELI a écrit :
Pour autant, je ne vois toujours pas ce qui permettrait de remettre en cause la véracité du cas de cannibalisme qu'il rapporte. Les circonstances me semblent assez vraisemblables.


Quelle pouvait être l'importance de ces bandes ? Etaient elles cannibales ou prétendaient elles l'être seulement tout en ayant peut-être des rituels anthropophages plus ou moins symboliques ?

Les pratiques 'magiques', que vous évoquez par ailleurs, sont elles le fait de cultures spécifiques ?


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Message Publié : 24 Jan 2006 7:54 
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onyx a écrit :
Veuillez à l'avenir éviter d'employer avec moi ce ton qui ne sied pas à ce forum.


Et bien lisez, au lieu de poser des questions sorties droit de votre imaginaire.

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Message Publié : 24 Jan 2006 16:34 
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onyx a écrit :

Ce qui me dérange c'est que faisant de ces thèmes un terrain de confrontation idéologique, on élude tous les arguments qui ne vont pas dans le sens de la démonstration ou pire que l'on sème la disgression dès qu'une question dérange.


Quels sont ces arguments éludés ?
Quelles sont ces questions qui dérangent ?

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Message Publié : 25 Jan 2006 11:02 
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A vu de nez, le cannibalisme africain devait etre selon les endroits entre celui des Caraibes (haut de l echelle : cf robison crusoe ), des papous (niveau moyen) ou des Polynesiens (niveau bas, mais ils ont tt de même déguster Cook) .. quand il n'etait pas tout simplement inexistant (Zoulou, Boshimans...)

cela me semble plus une question culturelle (la culture de la tribue + la culture de celui qui, venu d'un occident souvent victorien, voit la tribue)


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 Sujet du message : Cannibalisme
Message Publié : 25 Jan 2006 15:10 
Bonjour,

Sur la forme :

Le texte édité par Brantz Mayer à New York en 1854 semble, d’après Google, avoir été établi d’après les notes de Canot/Conneau par Mayer lui-même, servant à l’occasion de ghostwritter.
(Traduction superflue).

L’édition française de 1938 que je possède diffère sensiblement de celle citée par M. Ogotemmeli. (cf. la transposition des extraits cités précédemment) :

1 - ‘’Il existait à Digby deux villages gouvernés par des cousins qui jusqu’alors avaient vécu en bonne harmonie ; mon entreprise marchande devint pour eux la pomme de discorde. Un établissement aussi important qu’une factorie sous la juridiction du plus jeune des deux chefs porta ombrage au plus vieux’’.

2 - ‘’(Après un couple de mois ainsi perdus il prit à sa solde un certain nombre de Bushmen,) commandés par un bandit nommé Jenken, lequel s’était fait un renom dans tout le pays par sa férocité. Jenken et ses satellites étaient à la lettre des cannibales ; jamais ils n’entraient dans le sentier de la guerre sans s’engager à gorger tout leur monde de chair humaine à leur retour.’’

3 -‘’Le chef jusqu’ici négligé tomba dans des transports de joie en apprenant qu’il allait avoir à son tour une factorie et un homme blanc. Tout son village se livra alors à la plus forte allégresse ; on brûla de la poudre à foison ; des galons d’eau de vie furent distribués aux deux sexes ; les danses et le vacarme continuèrent jusqu’après minuit. Alors seulement le sommeil de l’ivresse amena le silence’’.

4 - ‘’(Au bout de quinze minutes environ, je vis apparaître) une procession de femmes, dont les membres nus étaient bariolés de craie et d’ocre. Chacun de ces démons femelles était armé d’un couteau et portait dans l’autre main un trophée de cannibale’’.


Le style est celui des romans d’aventure de la fin XIXe ; une impression de ‘’flou artistique’’ se dégage ; les évènements surviennent à l’improviste, surprenant l’auteur lui-même, aucune impression de continuité dans le récit ne semble se dégager.

L’épisode du massacre de Digby survient à une époque où Canot déclare renoncer à son activité de négrier et cherche à développer une escale où les croisières - notamment anglaises - pourraient se ravitailler.

Son désir de respectabilité transparaît lorsqu’il annexe à son ouvrage le texte du traité de cession de New Sestros où figure la signature d’officiers britanniques témoins de l’affaire et lorsqu’il développe (à usage des habitants de Monrovia) la part qu’il a prise dans les représailles exercées contre les assassins du Gouverneur Findley.

Dans cette optique, loin d’inventer un massacre avec actes de cannibalisme pour ‘’corser’’ un récit d’aventure, il s’agit pour lui de faire taire les suspicions - relevées par M. Ogotemmeli -quant à son implication, en se présentant comme simple témoin, victime des circonstances.

Il n’est pas invraisemblable de supposer que Canot a instrumenté l’attaque d’un village qui entravait son commerce depuis deux mois, mais il semble évident qu’il a été dépassé par la sauvagerie de ces (ses ?) mercenaires.

Les méthodes commerciales de Canot, à travers le prisme de son récit, semblent avoir été ‘’vigoureuses’’ : élimination de son concurrent John Ormond à l’occasion d’une révolution de sérail (au sein duquel il possédait des … intelligences) ; dialogue commercial à coup de mitraille avec un traiteur concurrent danois ; défense opiniâtre d’une cargaison contre des croisières anglaises reçues à coup de canon … (Les relations entre Anglais et Canot mériteraient un développement particulier).

(Au sujet de ces méthodes commerciales, à la même époque, en 1834, le capitaine Bureau du brick l’Aimable Joséphine, exerçant une activité de cabotage dans les îles Fidji, avait pour commanditaire le chef Nakalasse de Piva qui utilisait son bâtiment pour des expéditions guerrières d’îles à îles. Des actes de cannibalisme se perpétrant sur le pont même de son brick).


Sur le fond (cannibalisme) :

La troupe mercenaire qui perpétue ce massacre a le souci d’être à la hauteur de sa réputation de férocité : partie ou totalité des actes de barbarie semble liée à cette aura de terreur qui constitue le fond de commerce de la bande.

A cela s’ajoute, ce qui est essentiel pour le sujet qui nous intéresse, ce que M. Ogotemmeli a relevé au sujet des croyances sur la ‘’force vitale acquise en consommant certaines parties déterminées de leurs victimes’’.

(En Indochine, lors de la guerre 1946-1954), les récits d’opérations de chefs de partisans supplétifs - notamment Rhadés- recrutés au sein des minorités ethniques abondent de détails concernant la consommation des foies des ennemis tués, devant transmettre aux vainqueurs cette même force vitale).


En annexe, un témoignage plus récent de la persistance de ‘’faits coutumiers’’ au Nigéria, pendant la guerre du Biafra, rapporté par le sergent/colonel Steiner, commandant la 4e brigade de Commandos biafrais. In : Rolf Steiner / Yves-Guy Bergès, Carré Rouge, Robert Laffont Ed, Paris, 1976.

‘’Gowon, notre chef de mess, ne nous servit pas longtemps. Le malheureux devait connaître une fin bien tragique (…) Il est mort en septembre, au lendemain de la chute d’Aba [Prise le 4 septembre 1968] (…)
Le lendemain matin, on m’informe qu’il avait été mangé la veille sur une place publique. Par les Ibos, me dit-on. Par les Ibos ? On me présente des photos de Gowon : la tête était coupée ; les mains et les pieds aussi. Le sexe avait été arraché. Le corps, à part ça, était intact, étendu sur le dos, mais il manquait la partie supérieure des cuisses, quatre à cinq livres de chair bien nette. Evidemment, j’étais très mécontent. J’ai fait faire une enquête dont j’ai eu les résultats le soir même’’.

[La colonne dirigée par le staff-sergent Gowon, composée des cuisiniers et de la musique militaire, mis à contribution lors de la défense d’Aba, se retire vers le QG de la brigade et passe, vers 17 heures, à la nuit tombante, à hauteur d’un marché, à quelques kilomètres d’Umuahia. Là, Gowon, ivre, se querelle avec le propriétaire d’une bicyclette ; pris à partie par la foule, il tente de se dégager en tirant en l’air].

‘’Bref, les gens qui l’entouraient se sont jetés sur lui – peut-être par peur, peut-être par jeu. La tension a monté. Ils l’ont battu, s’excitant les uns les autres, jusqu’à ce qu’il soit mort. Et puis ils l’ont tiré jusqu’au marché. Là, une jeune fille s’est précipitée sur le cadavre avec un couteau et lui a coupé le sexe. Et après, sexe en main, elle a été portée en triomphe par la foule avec ce trophée qui n’avait plus rien de glorieux’’.
‘’Cette histoire m’a été rapportée par les enquêteurs de la Sécurité militaire. Tout est vrai. Il y eut, ni plus ni moins, un délire de sang. Après que le sexe eut été coupé, le peuple, euphorique, s’abaissa à pratiquer des rites de cannibalisme. On coupe les mains au poignet ; on coupe les pieds à la cheville ; on coupe la tête. Et puis on prélève la viande sur le dessus des cuisses, viande qui, dans son cas, était déjà marinée dans l’alcool…’’.
‘’Je connaissais déjà ce phénomène. L’anthropophagie était autrefois banale chez les Ibos. Quand les Anglais sont arrivés, toute l’Afrique de l’Ouest était cannibale. Ce n’est pas pour se nourrir, ce n’est pas vraiment religieux : c’est traditionnel, c’est tout’’.
‘’Il n’y avait pas grand-chose à faire. Avec les photos prises par la Sécurité militaire, j’avais des preuves. Je suis allé sur ce marché avec mes officiers. La P.M. m’ouvrait la route, écartait les curieux. J’ai fait mettre trois cents civils en prison’’. (…)

‘’La troisième fois où j’ai eu à connaître un cas de cannibalisme, c’était un Anglais qui était en cause. Il se battait dans les rangs des Fédéraux et il est tombé entre les mains des Biafrais. Lorsque j’ai appris qu’ils avaient attrapé un Blanc, j’ai voulu le voir immédiatement à Madona [Q.G.] et j’ai envoyé des hommes le chercher. Ils sont revenus avec lui, en pièces détachées. Toujours les mêmes rites : la tête manquante, les mains, les pieds et le sexe disparus et les cuisses bouffées’’.


Cordialement.


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Message Publié : 26 Jan 2006 4:03 
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Salluste
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Citer :
Par ailleurs, beaucoup d'autres indices d'erreurs ou omissions sont relevés dans "Les aventures" de Carnot, notamment quand il prétend traiter sa cargaison humaine avec le plus grand soin, sans entraves (ou rarement), alors que le taux de déperdition de bois d'ébène de l'Espérance a été jugé plutôt élevé par rapport à la moyenne de la période.

:oops: :oops: : mea maxima culpa, car je me suis emmêlé les pinceaux en invoquant l'Espérance à propos de Canot. Or il s'agit du négrier dont Plasse fut subrécargue, et dont il raconte l'expédition dans "Le journal...".
ZI MdC a écrit :
Le texte édité par Brantz Mayer à New York en 1854 semble, d’après Google, avoir été établi d’après les notes de Canot/Conneau par Mayer lui-même, servant à l’occasion de ghostwritter.
(Traduction superflue). L’édition française de 1938 que je possède diffère sensiblement de celle citée par M. Ogotemmeli. (cf. la transposition des extraits cités précédemment) [...]
Le style est celui des romans d’aventure de la fin XIXe ; une impression de ‘’flou artistique’’ se dégage ; les évènements surviennent à l’improviste, surprenant l’auteur lui-même, aucune impression de continuité dans le récit ne semble se dégager.
L’épisode du massacre de Digby survient à une époque où Canot déclare renoncer à son activité de négrier et cherche à développer une escale où les croisières - notamment anglaises - pourraient se ravitailler.

Le post de ZI MdC est beaucoup plus précis et édifiant sur les "limites" du récit des aventures de Canot fait par Meyer. A la différence notoire du journal de Plasse, document écrit de première main par son auteur, et transcrit en français contemporain par l'un de ses descendants.
Citer :
‘’Je connaissais déjà ce phénomène. L’anthropophagie était autrefois banale chez les Ibos. Quand les Anglais sont arrivés, toute l’Afrique de l’Ouest était cannibale. Ce n’est pas pour se nourrir, ce n’est pas vraiment religieux : c’est traditionnel, c’est tout’’.

Bien entendu, comme nous sommes ici en histoire, on ne peut se satisfaire de ce type d'affirmations généreuses fondées en apories :roll: . Malheureusement, elles sont trop fréquentes dans l'historiographie occidentale de l'histoire de l'Afrique, et contribuent à ce "flou artistique"...

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Message Publié : 20 Avr 2006 14:27 
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Hérodote
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L'histoire du Cannibalisme en Europe

Aux différents siècles passés, l'Europe a connu la famine de nombreuses fois et elle a pratiquée l'Anthropophagie à maintes reprises.

:arrow: Au 5ème Siècle

En l'an 410, dans les Espagnes livrées aux excès des Barbares, "rôde l'effrayante famine, au point que les humains dévorent la chair humaine, sous pression de la faim. Les mères, elles aussi se repaissent du corps de leurs enfants, qu'elles ont été tuer puis fait cuire. Les bêtes sauvages, elles-mêmes dégoûtées des cadavres des victimes de l'épée, de faim ou de la peste, car trop repues de leur chair, tuent sauvagement et instinctivement l'espèce humaine",
"Vers 450 une famine obscène, très obscène, fut telle que les parents allaient jusqu'à vendre leurs enfants aux barbares, comme esclaves, pour acheter de quoi se nourrir (...)" [1].

:arrow: Au 10ème Siècle

La famine meurtrière s'abat sur l'Aquitaine en 916 et sur la Bourgogne en 995. Elle dévore impitoyablement les peuples de ces régions françaises : "Beaucoup de gens du peuple périrent par privation de nourriture. Alors à de multiples endroits, cette horrible faim poussa les hommes à chercher leur nourriture dans la chair d'animaux immondes ou de reptiles, et même dans la chair des femmes et d'enfants, les liens familiaux n'y faisant même pas obstacles. La tyrannie exercée par la faim poussa même, des fils adultes à dévorer leurs mères, qui elles-mêmes, ayant chassé tout amour maternel faisaient de même à l'égard de leurs plus jeunes enfants." [2]


:arrow: Au 11ème Siècle

La condition humaine est décrite en des termes lugubres suivants : "La famine se mit à étendre ses ravages, l'on put craindre la disparition du genre humain presque entier…Quand on eut mangé les bêtes sauvages et les oiseaux, les hommes se mirent sous l'empire d'une faim dévorante, à ramasser pour les manger toutes sortes de charognes et de choses horribles à dire (...) Une faim enragée fit que les hommes dévorèrent de la chair humaine. Des voyageurs étaient enlevés, leurs membres découpés, cuits au feu et mangés… Les corps des morts eux-mêmes furent en bien des endroits arrachés à la terre et servirent également à apaiser la faim (...)" [3]

:arrow: Aux 12ème, 13ème, 14ème Siècles

"sur trois siècles et demi couverts par notre période, il y a onze années de famine absolue et générale, en 1005, 1006, 1032-1033, 1076-1077, 1095, 1104, 1125, 1197, 1233-1234, 1305-1317." ( famine avec cannibalisme ) "la majeure partie des hommes périrent de faim et de disette en 1346 sur le territoire français" [4]

:arrow: Aux 15ème , 16ème siècles, et au 17ème siècle

Très loin d'être vaincue, la faim s'est maintenue selon le témoignage éloquent du roi lui-même (LOUIS XIV au 17ème siècle) : "La stérilité de 1661…Elle affligea tout le royaume…les marchés vides de toutes sortes de grains…Les pauvres faisaient entendre leurs plaintes et leurs murmures…Tous les ordres de l'état enfin menacés des grandes maladies….Tout cela causait par toute la France une désolation qu'il est difficile d'exprimer".
"En l'année 1693 (...) La France (...) fut affligée par la famine la plus grande et la plus universelle dont on ait encore entendu parler(...)
On n'entendait que des cris lugubres des pauvres enfants abandonnés par leurs parents , qui criaient jour et nuit qu'on leur donnât du pain…Les familles étaient si pauvres, abandonnées et dans une si grande misère qu'il s'en est retrouvé de réduites à brouter de l'herbe comme des bêtes et à se nourrir des choses dont les animaux immondes n'auraient pas voulu user." [5]

:arrow: Au 18ème siècle

La famine désola l'Europe entière où "on trouvait, tombés morts le long des routes (...) des hommes et des femmes, la bouche remplie d'herbes et l'on voyait, dans les cimetières, des enfants en train de ronger les os des morts." [6].

:arrow: Au 19ème siècle

La misère économique persistait toujours en Europe occidentale, malgré la raréfaction de grandes famines meurtrières assorties le plus souvent de l'anthropophagie dont elle a été le théâtre [7].

:arrow: Au 20ème siècle

Après le deuxième conflit mondial de 1945, toute l'Europe a été dévastée par les bombes et de nouveau ridiculisée par la faim [8].

l'Europe occidentale a connu des crises alimentaires profondes aux différents siècles passés et elle a pratiquée l'Anthropophagie à maintes reprises.

[1] Sources : M. ROUCHE, Les malheurs des temps, Ed. Larousse, 1987, P 39

[2] Sources : Nouveaux empires, nouveaux malheurs, dans les malheurs des temps, P.75

[3] Sources : Chronique de Raoul le GLABRE traduit par J. le GODD dans la civilisation de l'occident médiéval, Paris 1964.Voir aussi R. FOSSIER, Le temps de la faim, P.133

[4] Sources : R. FOSSIER, le temps de la faim, P. 140 et R. FOSSIER et H. NEVEUX, La fin d'une embellie dans le livre Les Malheurs des temps, P.151.

[5] Sources : Louis XIV, Mémoires et divers écrits, Ed. Bernard Champigneulle, Paris, 1960 et Éloge historique de Marie POISSON , livre de P. GUILLAUMA

[6] Sources : A. MAURIZIO, Histoire de l'alimentation végétale, Paris, 1932.

[7] Sources : F. RAVIGNAN, La Faim, une affaire oublié,Paris, Ed. Maspéro, 1964 et M. ROUCHE, Les malheurs des temps, Ed Larousse, 1987.

[8] Sources : Plan MARSHALL, sous le couvert des Nations Unies

(AgoAfrica.com - Disclaimer) ajoutée le 2003-08-31


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Message Publié : 20 Avr 2006 14:37 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 08 Mai 2002 9:54
Message(s) : 1923
A partir de citations tronquées, soigneusement circonscrites, on pourrait croire que l'anthropophagie a été constante et généralisée en Europe.

Heureusement, nous savons qu'il n'en est rien. Du moins, il n'est pas établi que des parents aient tué leurs enfants pour les dévorer et vice-versa... :lol:

Pour la fameuse famine de 1693, en France, il n'existe pas de témoignages relatant des cas de cannibalisme...


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