duduche19 a écrit :
Mais bien sûr, je l'attendais celle-là. Les sources, quelles sont vos sources ? Vous allez chercher des gens qui n'ont jamais étudié l'histoire et qui ne racontent que ce qui les arrange. Vous vous empressez de recopier leurs théories fumeuses sur le net alors que nombre d'historiens ont déjà travaillé et écrit sur ces époques. Mes sources sont, entre autres, Elikia M'Bokolo, J. Vansina et T. Obenga.
Aujourd'hui, les historiens savent très peu de choses des Jaga. Une chose est acquise : ils sont venus de l'Est. Ils ont commencé par envahir la province de Mbata. Ils ont tout détruit sur leur passage, défirent les armées royales et ont pris la capitale.Le roi a été obligé de trouver refuge sur une île. Le Kongo était au bord de la ruine. Le roi décida alors de demander l'aide des Portugais.
Au fait, Jaga veut dire "barbare".
D'une manière générale
Philippe Alexandre Le Grand était effectivement un grand souverain, de grande renommé, qui a "envahi" Kmt ; bien après Cambyse qui lui aussi était un "grand" de son époque. La réputation d'Alexandre Le Grand fut telle que même l'oraliture Mali nka du temps de Sogolon Mari Diatta (Sundjata) en a retenu des échos : à près de mille ans d'intervalle (-IVème siècle à +XIIIème siècle), à des milliers de kilomètres du théâtre des exploits du Macédonien. En effet, en langue Mali nké son nom se dit Juul Kahar Nahini (de mémoire, et sauf erreur de transcription de ma part).
A l'opposé, de vos fameux "Jaga" du XVIème siècle, "les historiens savent très peu de chose [...] Une chose est acquise [
] : ils sont venus de l'Est." J'ajoute, selon Pigafetta : "
A côté du premier lac du Nil, dans une province du royaume Monoemugi, habitent des peuples féroces et barbares, que les indigènes appellent Giachas"...
Quel est donc ce "terrible" royaume MONOEMUGI, dont personne n'a jamais trouvé aucune trace?
Un Français "moyen" connaît très mal l'organisation administrative de la France (les Régions, Départements, Communes, Cantons, etc. Leurs nombres, appelations, localisations, etc.). A fortiori un étranger n'ayant jamais séjourné en France, qui de surcroît qui comprend pas le français. Bon, ce dernier peut disposer de nos jours de traductions dans sa propre langue d'ouvrages sur l'organisation administrative de la France ; disponibles dans son propre pays. Mais Pigafatta n'avait pas cette dernière opportunité (la traduction) ; si bien que le fait qu'il ne connût pas le Kongo, ni la langue Kongo, lui était rédhibitoire pour connaître précisément l'organisation administrative, relativement complexe, de ce si vaste pays (plus de 2 millions de km2). Et son principal informateur, Duarte Lopez, n'avait séjourné que quelques années dans la province capitale, Mbanza Kongo. De plus, Duarte Lopez était davantage intéressé par les richesses économiques du pays, plutôt que par son organisation administrative...
Dans de telles circonstances, on peut aisément comprendre les confusions et inexactitudes toponymiques et ethnonymiques émaillant ces chroniques européennes concernant le Kongo. Mais on ne peut les "voir" qu'à condition de connaître la langue et l'oraliture Kongo ; comme c'est le cas de Batsikama.
En outre, certaines de ces confusions et inexactitudes peuvent être volontaires, de la part de Blancs projettant d'accaparer le Kongo de le spolier, de le dépecer. Sous leurs plumes, et conformement à leurs projets, des provinces Kongo sont devenus des royaumes autonomes, dont les "souverains" étaient littéralement désignés par les Portugais. D'ailleurs, au terme de leur oeuvre, le Kongo appartiendra à LéopoldII pour une grande part ; et à la France pour l'autre...
Sur les Jaga, en particulier
Les informations des chroniqueurs européens sur les Jaga ont fait couler beaucoup d'encre, y compris celle d'érudits tels que ceux que vous avez cités ("Elikia Mbokolo, J. Vansina et T. Obenga") auxquels j'ajouterai le nom de G. BALANDIER qui a écrit un excellent ouvrage sur l'histoire du Kongo. Comme par ailleurs les renseignements fournis par les Pigafetta, Battel et consorts sur le Kongo sont de tout premier ordre, leurs propos sur les Jaga ont été acceptés de la même manière ; bénéficiant du crédit globalement accordé à leurs récits par l'érudition en général.
MAIS, à mon humble connaissance, la confrontation de ces récits et autres chroniques européens avec l'oraliture Kongo n'a pas été faite par la dite érudition. Or, c'est cette perspective, EN PRINCIPE INDISPENSABLE
, qu'a adoptée Batsikama ; avec des résultats que je trouve particulièrement féconds. D'où l'originalité de son point de vue, qui consiste au fond en une innovation épistémologique.
En tout état de cause, j'ai brièvement exposé ce point de vue,
afrocentré, ici en l'opposant à ce qui est communément admis sur les Jaga. Vous en avez dit ce que vous en pensez. Chacun s'en fera sa propre religion...