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 Sujet du message : La fin du royaume du Kongo
Message Publié : 11 Avr 2006 2:56 
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Salluste
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Duduche19 a écrit :
En ce qui concerne la destruction du royaume du Kongo, les Portugais y ont certes jouer un rôle non négligeable mais il existait de facteurs internes de déstabilisation :
1) les provinces de Loango, de Kakongo et de Ngoyo se sont affranchis de la tutelle du royaume du Kongo dès qu'elles en ont eu l'occasion ;
2) sur la succession, le système mis en place au Kongo donnait la possibilité à de nombreux nobles d'être prétendant au trone ;
3) De nombreux nobles sont rentrés dans leur terres pour se lancer dans la traite avec les Portugais puis les Hollandais ;
4) Enfin il ne faut pas oublier non plus l'invasion des Jaga.

Je reviens encore sur ce "chef d'oeuvre" de notre impayable Duduche19, comme étant caractéristique des entourloupes sur l'histoire africaine dont est coutumière une certaine historiographie : on nous fait miroiter le "rôle non négligeable" des Portugais sur "la destruction du royaume du Kongo" ; sans nous donner aucun élément CONTEXTUALISE permettant d'apprécier ce rôle. Mais aussitôt on s'empresse d'égrener une litanie de "facteurs INTERNES de déstabilisation", dont on ne sait pas davantage de quoi ils procèdent. Un chef d'oeuvre de prestidigitation historiographique...

J'y reviendrai pour montrer/soutenir que le "rôle non négligeable" (quel affreux euphémisme :!: :!: :!: ) des Portugais dans la destruction de Kongo a eu comme conséquence, entre autres, le dépéçage d'un pays de plus de 2 millions de km2 en une myriades de "royaumes" noyautés, vassalisés, par lesdits Portugais, et par les Européens en général...

Ngoyo, Loango, Angola, etc. étaient d'abord des entités territoriales ou administratives de Kongo-dya-Nza ; avant d'en être démembré avec la complicité militaire et politique active des Blancs déterminés à piller les immenses ressources humaines et naturelles de ce vaste pays, l'un des plus riches au monde de l'époque...

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Alain ANSELIN


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Message Publié : 11 Avr 2006 6:04 
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Grégoire de Tours
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Arrêtez vos petites manigances à mon égard. Vous devenez de plus en plus risible. Vous ne faites qu'ouvrir des sujets pour ne rien dire.

Vous avez l'occasion ici de mieux connaître l'histoire de ce royaume mais vous vous entêtez et vous vous enfoncez dans le mensonge.

A propos, pour l'ensemble de ses habitants, le royaume du Kongo n'était pas aussi riche que vous le prétendez. Du XV au XVIII siècle, à chaque décennie, le Kongo a été frappé une, deux voire trois fois par de terribles famines.

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Message Publié : 11 Avr 2006 8:27 
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Hérodote
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duduche19 a écrit :
Du XV au XVIII siècle, à chaque décennie, le Kongo a été frappé une, deux voire trois fois par de terribles famines.
En effet les problèmes de ce genre ont bel et bien commencés avec l'arrivée des portuguais sur les côtes du Kongo au XVe. Nous sommes bien d'accords.


Ankh, Oudja, Seneb
Kamita

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Nous nous consacrerons à la révision du rôle de l'Africain dans les grandes civilisations du monde, la contribution de l'Afrique dans l'accomplissement de l'Homme dans les arts et les sciences. Nous exalterons ce que l'Afrique a donnée au monde, et non ce qu'elle y a perdue.
- Ivan Van Sertima -


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Message Publié : 11 Avr 2006 9:14 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 26 Oct 2005 18:58
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Vous mettez toutes les difficultés du royaume du Kongo sur les Portugais. Cela n'a rien d'une démarche historique mais sous-tend plutôt un dogmatisme aveugle.

Au XV, XVI et XVII siècle, le royaume du Kongo a connu de réelles difficultés internes et externes qui n'ont rien à voir avec les Portugais.
La transmission de la couronne posait mille difficultés. De nombreux nobles pouvaient prétendre au trône et souvent cela se traduisait par des périodes de chaos durant l'interrègne. Quant à l'invasion Jaga, si les Portugais n'avaient pas été là et si ils n'avaient pas répondu à l'appelle à l'aide du roi du Kongo, le royaume du Kongo aurait alors disparu à ce moment là.

Quant à mettre sur le dos des Portugais la fréquence des mauvaises récoltes : les Portugais ne faisaient pas la pluie et le beau temps, ni à cette époque ni aujourd'hui d'ailleurs.

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Message Publié : 11 Avr 2006 9:50 
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Grégoire de Tours
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Au fait, le royaume du Kongo n'est plus que l'ombre de lui-même après la bataille d'Ambouila en 1665.

Le titre du sujet serait plutôt "la fin du Kongo en 1665" et non la "Destruction de Kongo par les Européens (XVè au XXè siècle)".

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Message Publié : 11 Avr 2006 23:51 
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Pierre de L'Estoile
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Je rebaptise ce sujet "la fin du royaume du Kongo" afin de ne pas favoriser une thèse par rapport à une autre.

Défendez vos points de vue de manière civilisée si vous voulez continuer.

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Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
George Orwell


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Message Publié : 12 Avr 2006 6:34 
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Salluste
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KONGO-DINA-NZA

- Les fondateurs de Kongo-Dina-Nza ont conçu leur pays comme un grand cercle ayant quatre secteurs, et pourvu d’un gros noyau. Dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, les secteurs sont :

Sect 0 = Ouest : la façade atlantique
Sect 1 = Sud : Kongo-Dya-Mpangala
Sect 2 = Est : Kongo-Dya-Mulaza
Sect 3 = Nord : Kongo-Dya-Mpanza

A part la mer, ces secteurs consistent en entités administratives, qui sont respectivement Kambamba (sect1), Kimpemba (sect2) et Kabangu (sect3). Quant au noyau, appelé Zita-Dya-Nza (« nœud du monde »), il avait un statut administratif particulier en tant que province-capitale appelée Mbanza-Kongo. Chacune de ces quatre provinces comportait sept Kinkosi. Chaque Kinkosi comportait plusieurs Kimbuku, qui se composaient de nombreux Kikayi, lesquels étaient constitués de plusieurs Kifuku. Comme on le voit, l’administration Kongo était très décentralisée.

L'autorité d'une entité administrative porte le titre générique de Ma/Mwê ou de Na/Ne, ou encore de Mwene/Mwana ("Mani"), suivi du nom de l'entité ou de son toponyme (comme on dit "Prefet de Région", ou plus précisément "Prefet du PACA"). On a ainsi Ma-Fuku pour désigner l'autorité administrative d'un Ki-Fuku. De la même manière, Ne-Nsundi est l'administrateur du Nsundi. Lequel Nsundi est le nom d'un des sept Kinkosi qu'administra Nzinga Mvemba, avant de succéder à son père comme Ne-Kongo, ou Mwene Kongo. On voit à quel point l'organisation administrative de Kongo-Dina-Nza était complexe, et pouvait surprendre l'intelligence d'un étranger ne pigeant pas un traître mot de la langue kongo...

- Posons que les frontières de la France au XVème siècles étaient identiques à celles de l’hexagone d’aujourd’hui. Un étranger n’ayant séjourné qu’à Marseille pouvait croire de bonne foi que Jean-Claude GODIN est le souverain d’un royaume nommé Province-Alpes-Côte-d’Azur, dont la capitale est Marseille.

Comme le Kongo du XVème siècle était quatre fois plus étendu que l’hexagone français, la distance entre certaines régions et la capitale Mbanza Kongo pouvait être de 4 fois celle séparant Paris/IDF de Marseille/PACA.

Au XVème siècle la cartographie est balbutiante ; celle de l’Afrique subsaharienne l’est encore plus. Les moyens de transport et communication de ce temps là étaient très rudimentaires dans le bassin de Kongo qui connaissait peu (ou pas) l’usage de cheval, âne, ou autre procédé de locomotion animale. Ce qui conférait aux si grandes distances géographiques un caractère d’incommensurabilité, d’obstacle encore moins franchissable ; et pouvait donner au néophyte l’impression de discontinuité territoriale et administrative entre régions si éloignées les unes des autres.

- Pour toutes ces raisons, un étranger (a fortiori peu avisé) pouvait prendre telle entité territoriale ou administrative de Kongo-Dina-Nza pour un royaume autonome ; eu égard de surcroît à la forte décentralisation de ce pays dont la structure politique était fédérative ; à l’instar de tant de grands Etats africains anciens (Ghana, Mali, Ashanti, etc.).

En outre, si au surplus l’étranger n’avait aucune intention de respecter la souveraineté politique de Kongo-Dina-Nza, donc son intégrité territoriale, il pouvait d’autant moins s’en enquérir, s’en inquiéter. Or, les Portugais avaient mission d’annexer l’Afrique en général, et donc également le Kongo-Dina-Nza : « le 08 janvier 1454, Nicolas V, de son vrai nom Tommaso Parentucceli [1398-1455], 206ème pape, écrit au souverain du Portugal Alphonse V une bulle papale spéciale l’autorisant à soumettre en esclavage les nègres de Guinée et les païens. »

La plupart des Blancs ayant visité au Kongo-Dina-Nza entre le XVè et le XVIIè siècle (voire le XVIIIè) n’ont séjourné que dans la région maritime, Kongo-Dya-Mpangala, et/ou dans la province-capitale, Zita-Dya-Nza, au centre du pays, dont le chef-lieu était la capitale politique Mbanza Kongo. En sorte que pratiquement aucun Blanc ne connaissait les régions orientale et septentrionale de ce pays.


P.S. D'abord j'exposerai mon point de vue en quelques posts. Avant éventuellement de répondre plutôt aux critiques circonstanciées qu'aux récriminations bouffonnes...

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Message Publié : 12 Avr 2006 6:55 
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Salluste
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Citer :
Comme le Kongo du XVème siècle était quatre fois plus étendu que l’hexagone français, la distance entre certaines régions et la capitale Mbanza Kongo pouvait être de 4 fois celle séparant Paris/IDF de Marseille/PACA.

Petite (?) erreur d'inattention : puisque Mbanza Kongo est au centre d'un pays conçu comme un cercle, en théorie les distances maximales de ce centre aux contrées périphériques seraient au plus deux fois (et non 4) supérieures à celle entre Paris et Marseille...
Nonobstant, je voulais signaler que Kongo était particulièrement vaste.

Citer :
En sorte que pratiquement aucun Blanc ne connaissait les régions orientale et septentrionale de ce pays.

Par cette remarque, on peut comprendre d'où vient que Pigafetta, se fondant sur Duarte Lopez, considère des populations venues de "l'Est" comme venant d'une autre royaume ("Monoemugi"), c'est-à-dire des populations étrangères à la partie du territoire Kongo connue des Blancs. Lesdites populations réputées étrangères pouvaient très bien être originaires de Kongo-Dya-Mulaza ; comme c'était effectivement le cas, attesté par les indications qu'elles fournirent sur leur lignage...

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Message Publié : 12 Avr 2006 7:07 
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Grégoire de Tours
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Je rappelle le sujet est "la fin du royaume de Kongo".

Il serait temps d'arrêter d'utiliser Pigaffeta pour faire croire que personne ne connait l'histoire du Kongo. Nombre d'historiens ont étudié l'histoire de ce royaume. Il serait plus enrichissant de faire part de leurs recherches.

Par ailleurs dans la bulle papale de 1454, il n'est pas question d'esclavage. Et même si le Pape donne, par cette bulle, les territoires de l'Afrique aux Portugais, les Africains d'alors ne reconnaissaient pas l'autorité du Pape ni ne connaissaient son existence. Cette bulle a été écrite pour éviter une guerre entre l'Espagne et le Portugal.

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Message Publié : 12 Avr 2006 19:26 
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Citer :
Je rappelle le sujet est "la fin du royaume de Kongo".

Je rappelle que le sujet que j'avais initié s'intitulait "Destruction de Kongo par les Européens...". Je ne suis pas l'auteur de la mutilation intempestive du titre. Mon intention ici est de montrer, par une démarche historiale, que le Kongo a été saccagé par les Blancs, à travers une entreprise méthodique de destruction/démembrement qui a duré plusieurs siècles.

Quant au titre "la fin du royaume de Kongo", il consiste en une tentative d'escroquerie intellectuelle qui affecte la "neutralité", où cette "fin" pourrait procéder d'innombrables causes, y compris d'aucune en particulier.

Mon propos est au contraire de retracer les différentes étapes de la spoliation d'un pays africain par des puissances européennes, au cours d'un processus historique dui n'est pas "fini" ; mais qui se poursuit de nos jours sous d'autres formes. Il y a bel et bien un continuum historique entre "Traite", "Colonisation" et "Indépendance" qui sont des formes diverses de la domination de l'Afrique par l'Occident...

Taire cela, ou faire semblant de ne pas le voir, c'est être complice de la poursuite des événements tels qu'ils vont si mal. Ce qui hypothèque l'avenir de tous ; mêmes des actuels bénéficiaires du statu quo...

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Message Publié : 13 Avr 2006 4:59 
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Salluste
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KONGO-DINA-NZA : UN MODE DE REPRODUCTION NEGRO-AFRICAIN

Quand à la fin du XVème siècle les Portugais abordent (« découvrent ») le Kongo-Dina-Nza, ce pays est au summum de son expansion territoriale ; et n’a donc probablement jamais été aussi vaste, avec une superficie d’environ 2.2 millions de km2.

Cette configuration de Kongo-Dina-Nza est-elle récente, procède-t-elle d’un processus impérialiste, tel que des conquérants autochtones auraient soumis, de fraîche date, des populations de contrées alentours ? ON N’EN SAIT RIEN !!!

Mais si tel fut le cas, alors le Kongo-Dina-Nza de la fin du XVème siècle devait couver de graves dissensions internes, qu’au fil de décennies les Blancs auraient exploitées, voire attisées. A cette limite de connaissance documentée se heurte la théorie des « facteurs internes de destruction » de Kongo-Dina-Nza. Limite que d’aucuns franchissent joyeusement, munis de leur seule imagination débridée, quoique infertile…

Or, d’une part, des données archéologiques laissent entrevoir que le processus de formation de Kongo est déjà séculaire au XVème siècle. Il daterait au plus tôt du IIIème siècle de notre ère, sans que l’on ne puisse en déterminer les différents stades de déroulement précédant l’arrivée des Blancs.

Auquel cas, la configuration de Kongo telle que ces derniers le « découvrent » pouvait avoir été élaborée de longue date. A ce propos, l’historiographie occidentale a eu tendance généralement à « rajeunir » les phénomènes sociétaux négro-africains, certes par manque de données, mais aussi par idéologie raciste : ces Nègres ne pouvaient pas avoir fait grand-chose de leur propre chef, sans les Arabes et plus tard les Européens. Ainsi, en égyptologie, c’est la chronologie courte qui continue de prévaloir, malgré la Dynastie Zéro, le calendrier, etc. Et que l’ancienneté de la métallurgie africaine, de Ghana, Djenné, Simba Wé, etc. a été d’abord, systématiquement, sous-estimée…

D’autre part, les sociétés africaines anciennes se sont souvent constituées, et ont prospéré, grâce au contrôle de la REPRODUCTION SOCIETALE et à la maîtrise des routes du commerce lointain (intra-africain, et/ou exo-africain). Anciennement, le souverain négro-africain a été d’abord l’Aîné officiant lors du culte des morts, puis le Grand-Prêtre administrant le Temple installé au carrefour des autels lignagers ; avant de devenir le Prêtre-Roi locataire du Palais, installé à la croisée des routes du commerce lointain.

Ce sont les stratégies d’alliances matrimoniales et leur maillage en des places stratégiques (point d’eau, mines d’or, de cuivre, fer, chemins caravaniers, etc.) d'un milieu écologique donné (bassin du Kongo, vallée du Nil, boucle du Djoliba, mines de Bambouk, du Bouré, de l’Ashanti, etc.) qui progressivement culminent en un réseau politique inter-lignager, de structure fédérative : où chaque oncle (classificatoire) est maître sur ses terres, et que l’aîné de la Matrie est le grand-maître (le « Kam Wr ») de l’ensemble des terres ainsi occupées ; en tant qu’il préside aux grands sacrifices collectifs, et qu’il valide rituellement les mariages exogamiques, c’est-à-dire qu’il contrôle les échanges matrimoniaux dans cet espace-temps.

Dans un tel type de processus de formation politique, les guerres sont moins « nécessaires » (surtout dans une Afrique si vaste) et corrélativement peu fréquentes ; contrairement aux intrigues matrimoniales. En sorte que le souverain est plutôt un grand-prêtre qu’un grand-guerrier (qu’il peut devenir, au besoin). Cela est d’autant plus vrai(semblable) que les moyens/techniques militaires ont été partout en Afrique relativement peu développés, en comparaison des institutions et pratiques cultuelles prépondérantes. Ce, malgré une métallurgie (du fer) très ancienne, et une vaste palette de savoirs-faire artisanaux, manufacturiers, qui se sont davantage signalés dans la statuaire (Luba) et autres objets de culte (Fang). En outre, la circulation matrilinéaire du pouvoir politico-sacerdotal confère une place nodale aux Reines-Mères et aux Epouses-Royales.

Aussi, de ce que l’on sait de Kongo-Dina-Nza, il semble que ce pays procède de ce type de formation politique ; plutôt que d’un impérialisme expansionniste.

P.S. Je tiens d'Alain ANSELIN le concept de "Mode de Reproduction" qu'il a appliqué à l'étude de d'autres sociétés, notamment négro-africaines, que celle de Kongo-Dina-Nza. Il l'oppose, à juste titre, au fameux "Mode de Production Asiatique" que les Marxistes ont mobilisé à tort dans le contexte négro-africain. Une "mode" épistémologique à laquelle même Cheikh Anta Diop avait sacrifié...

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Message Publié : 13 Avr 2006 11:22 
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Grégoire de Tours
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Dire que les guerres sont "moins nécessaires" et moins fréquentes avant la venue des Blancs est une vision idéaliste qui ne repose sur rien. Le seul argument que vous pouvez avancer pour étayer cette théorie est le manque de sources. Or, le manque de sources écrites et orales ne montre qu'une seule chose : il nous empêche seulement de connaître l'histoire de l'Afrique noire avant la venue des Blancs.

Comment s'est formé le royaume du Kongo ? Nous n'en savons rien. Nous ne pouvons que fournir des hypothèses qui hélas ne resteront qu'à l'état d'hypothèse pour l'instant. Cependant, tous les historiens, qui se sont penchés sur le royaume du Kongo, reconnaissent tous que c'est un royaume qui existait bien avant l'arrivée des Blancs. Malheureusement, nous ne savons pas quand il s'est construit, ni comment et encore moins les événements qui y sont attachés.

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Message Publié : 23 Avr 2006 18:48 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 26 Oct 2005 18:58
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Après la bataille d'Ambouila (1665), le Kongo ne revis plus sa puissance d'antan.

1665 peut être considéré comme la date de fin du puissant royaume Kongo. Mais d'autres événements, internes et postérieurs, contribuèrent également à anéantir un possible regain de puissance de ce royaume.

Antonio Ier, roi du Kongo fut tué lors de cette bataille. Il s'ensuivit une guerre civile entre nobles pour la succession. Le résultat fut la destruction de Mbanza Kongo (ou San Savadore ?) la capitale du Kongo en 1666 et son abandon total en 1678. Comme le Kongo était un royaume centralisé, l'abandon de la capitale entraîna la dislocation du royaume et l'avènement d'une multitude de chiefferies.

Il faudra attendre 1709 pour qu'un roi du Kongo s'établisse à nouveau dans la capitale.

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Message Publié : 26 Avr 2006 1:38 
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Salluste
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MUNDELE = ENVAHISSEUR

En langue kongo, "blanc" se dit mpembé. En sorte que littéralement, "homme blanc" devrait se dire Mu-mpembé.

Les Kongo nommèrent "Balundu" (sing. Alundu) les premiers blancs qu'ils rencontrèrent à la fin du XVème siècle ; soit au temps de Diogo Cao, dans les années 1482. Ils furent ainsi nommés, parce que leur peau avait la patine du champignon "lundu".

Mais plus tard après leur arrivée, et jusqu'à nos jours, le terme consacré en langue Kongo pour dire "homme blanc" est celui de Mundélé (plur. Mindélé).

"Le mot [mundele] a pour racine hundela (hundula), détester, mépriser. Mu-hundela, mundela, mundele, quelqu'un de détestable, d'ignoble.

En kimbûndu du Sud, une des vieilles formes de la langue congolaise, WUNDELE (hundele), veut dire esprit maléfique. C'était vraiment des esprits, ces troupes de Luiz da Souza d'autant plus qu'elles sortaient des eaux comme des nymphes."


Les Kongo ont imprimé dans leur langue la façon dont ils ont fondamentalement éprouvée leur rapport séculaire aux Blancs : comme une invasion, comme la rencontre d'un "esprit maléfique". Cette rencontre n'a assurément pas été celle de "fournisseur" à "négociant" ; entre co-contractants égaux, entretenant des relations paisibles, confraternelles.

Il s'ensuit que le point de vue des autochtones n'est pas tout entier contenu dans les chroniques européennes de la "traite négrière". Et que des échos du discours africain sur le Yovodah peuvent être perçus dans les langues négro-africaines ; pour peu que lesdites langues soient entendues par ceux qui entreprennent d'étudier cet événement historique...

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Message Publié : 26 Avr 2006 6:12 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 26 Oct 2005 18:58
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C'est toujours plus simple de dire que tous les torts viennent des étrangers.
C'est un discours qui continue à faire ses preuves aujourd'hui en France.

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