@ Mauser
Non, dans mon avant-dernier billet ci-dessus, je ne parlais pas de l’ « amusette » de Maurice de Saxe ; je parlais bien du « canon à la suédoise ». Les deux ne désignent pas la même chose.
1. L’amusette est une arme inventée et préconisée par Maurice de Saxe dans ses
Rêveries (titre – curieux il faut l’avouer – de son traité d’art militaire rédigé en 1732 et publié plus de 20 ans plus tard). Cette arme n’existait pas à son époque. Caractéristiques de l’amusette :
« Pour pallier le manque d’artillerie de campagne dans l’armée qu’il souhaite voir mise sur pied, il [Maurice] décrit dans les Rêveries une pièce de son invention, l’ « amusette ». Avec l’idée de ce nouveau matériel, il innove vraiment. Petite pièce d’artillerie très légère, modèle hybride entre le fusil et le canon, l’amusette sur son affût est traînée par deux à trois hommes seulement, se charge par la culasse, tire des balles de plomb d’une demi-livre, porte au-delà de trois mille, voire quatre mille pas (c’est-à-dire, d’environ 2500 à plus de 3000 mètres), et elle est capable de tirer plus de deux-cents coups par heure (c’est-à-dire un peu plus de trois coups à la minute). »
Voir : S. Picaud-Monnerat,
La petite guerre au XVIIIe siècle, p. 281 (dans le chapitre « L’influence de Maurice de Saxe ? », p. 278-283) ; croquis de l’amusette reproduit p. 593.
Voir aussi, bien sûr, le traité de Maurice de Saxe lui-même, par ex. dans l’édition récente suivante : Maurice de Saxe,
Mes rêveries (préface de JP Charnay et introduction de JP Bois), Paris, Economica, 2002.
2. Le canon dit « à la suédoise », dont on fit des essais en France dès 1737, devint, du fait de sa mobilité, le canon d’accompagnement de l’infanterie ; à partir de 1757, chaque bataillon d’infanterie dut avoir un canon à la suédoise à l’entrée en campagne.. Mais, dès 1744, les régiments de troupes légères nouvellement levés en furent dotés (en principe, deux pièces par régiment). Caractéristiques du canon à la suédoise :
« C’était un canon de quatre livres de balle ou ‘canon de 4’ (c’est-à-dire, pouvant projeter un boulet de quatre livres ; pour les canons, le calibre d’une pièce était désigné par le poids du boulet exprimé en nombre rond de livres). Il pesait en principe entre 600 et 625 livres. […] La pièce ne mesurait que 4 pieds 6 pouces et demi de long (soit 1,44 m.). Ces dimensions et cette masse la rendaient bien plus maniable que la pièce de 4 classique du système de Vallière – système en vigueur dans l’armée française pendant les guerres de Succession d’Autriche et de Sept ans – qui, elle, mesurait 6 pieds 9 pouces (soit environ 2 m.) et pesait jusqu’à 1150 livres. […] Trois chevaux suffisaient pour tirer chaque pièce [à la suédoise] sur son affût […]. Quatre chevaux étaient requis, en revanche, pour traîner péniblement la pièce de 4 correspondante du système de Vallière. » Avec six hommes pour le service de chaque pièce à la suédoise, on lit que ces pièces, lors d’une épreuve en 1740, tirèrent jusqu’à dix coups par minute. Plus vraisemblablement, la pièce ne tirait qu’entre trois et huit coups par minute.
Voir : S. Picaud-Monnerat,
La petite guerre…, p. 272-275 (dans le chapitre « Le canon d’accompagnement des troupes légères », p. 271-278).
Oui, vous avez raison : l’encrassement de l’âme devait être un problème. Après chaque coup, il fallait passer l’écouvillon dans l’âme de la pièce pour la nettoyer et la rafraîchir (écouvillon = hampe munie d’une tête ronde garnie de soies de cochon (ou de peau de mouton avec sa laine), à la manière des balais) ; l’écouvillon devait être passé de temps à autre dans un seau d’eau. Il dut bien arriver que l'on néglige le nettoyage, à vouloir maintenir une cadence de tir soutenue...
Zut, j’ai encore cité mon livre. Mais, cette fois, ce n’est pas de ma faute : c’est parce que vous m’avez posé une question.
Merci de votre annonce de lecture à venir
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